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Haschich et chasse gardée

par Abdou BENABBOU

Le létal génie de la monarchie marocaine vient de parfaire sa nudité. Près de 5.000 détenus condamnés pour leur implication dans la culture des stupéfiants viennent de bénéficier de la grâce royale. Cette mesure n'est pas seulement une libération judiciaire, elle est surtout une monarchique bénédiction pour anesthésier le peuple marocain et l'éloigner par le summum des ivresses du ravage de la misère qu'il subit.

L'élargissement des milliers de prisonniers, la majorité rifaine, est une diabolique manœuvre dans un transfert de rôles en droguant une région rebelle.

Le monarque ne fait qu'intervertir les données d'une situation alarmante en confirmant que le Rif, lui, reste une grande prison. La décision est prétendue venir en aide à une région déshéritée. Elle s'établit en action chloroformant un volcan social en éveil.

Parier sur une industrie des stupéfiants pour gagner une allégeance populaire est une arme à double tranchant quand les outils du développement économique marocain sont la chasse gardée d'une caste étrangère restreinte. Les mainmises sont connues. Leur déploiement se multiplie depuis que le pouvoir virtuel marocain a dégagé le voile sur sa réelle nature pour permettre les entrismes roublards. Rabat s'en satisfait quitte à ternir son honneur et sa dignité pourvu que le trône reste debout.

Le semblant d'Eden est offert à qui veut se gaver de ses tranches et il n'est plus curieux que les vagues d'expatriés s'y installent avec de lourdes enjambées.      

Les anciennes destinations choyées hier encore au nom d'histoire récente élaborée ne sont plus privilégiées pour que le Maroc peaufine son statut de nouvelle colonie.

Ses portes sont grandes ouvertes à tous les flibustiers quitte à ce que le peuple marocain en paie le lourd prix.

On comprend mieux alors pourquoi des Etats occidentaux se prêtent subitement aux exercices des yeux doux à une complicité qui finalement n'ont que les apparats de manœuvres décousues.