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Familles, on vous aime !

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Livres

Les confidences du mûrier. Chronique d'une ancienne famille de la Soummam, Algérie 1510-1962. Si cet arbre pouvait parler..... Chronique familiale de Mahmoud Ourabah, Editions El Qobia, Alger 2022, 347 pages, 1. 200 dinars



C'est en fait, un ouvrage assez documenté qui reconstitue de manière très détaillée, à travers les Archives (Centre d'Aix -en -Provence) , des publications d'historiens connus, et aussi des témoignages directs (ceci pour la période de la Guerre de Libération nationale) , une chronologie d'une famille de la Soummam ; une famille, qui a joué un rôle certain, sur le plan régional, et ce sur ......plusieurs siècles.

De 1510, depuis la prise de Bougie par les Espagnols avec l'armada de Charles Quint, jusqu'à l'indépendance du pays.

Il s'agit des Ou Rabah (Ourabah) et ce au sein d'une confédération de tribus de la rive droite, les Ath Djebar. Une première partie évoque le rôle de résistance des Chorfa et Djouad, à la veille de la chute d'Alger en 1830, le mythe de l'isolat kabyle, les quarante tribus de la Soummam, l'économie de la région, la confédération tribale, la bataille de Bejaïa, en septembre 1833, la visite de l'Emir Abdelkader en 1839, en basse Kabylie.

En seconde partie (« Le tournant de 1871 »), l'auteur met en exergue cette date symbolique marquée par la révolte populaire des Cheikh El-Mokrani et Cheikh El-Haddad.

Il aborde l'expédition de mai 1847 du maréchal Bugeaud sur Bejaïa, les contours dessinés par le traité de la Tafna en 1837, l'assise foncière de la colonisation, la colonisation de peuplement avant de s'étaler longuement sur la révolte de 1871.La troisième partie, intitulée : « l'improbable réforme du système colonial » parle d'elle-même. Quant à la quatrième partie, elle est consacrée à la période de la Guerre de Libération nationale.

Cinq entretiens sont publiés en guise d'épilogue : avec Abdelaziz Ouali, lieutenant de la Wilaya III, Larbi Alilat, militant du parti du peuple algérien (PPA), Abdelkader Yaïci, Rachid Tariket et Youcef Mehenni, tous moudjahidine de la Wilaya III. Il y a aussi un témoignage (à Djamel Ourabah) de Krim Belkacem

L'Auteur : Économiste spécialisé en économie du développement, ancien Sg du Secrétariat d'Etat au Plan (1963-1979), ancien fonctionnaire du Bit (Genève, 1985-1997) et à l'Oit, auteur de deux ouvrages sur l'économie algérienne

Table des matières : Présentation/Remerciements et rencontres / Présentation générale/ Partie 1 : La fougueuse République fédérative des tribus/ Partie 2 : Le tournant de 1871/ Partie 3 : L'improbable réforme du système colonial/ Partie 4 : La rupture avec la Révolution du 1er Novembre 1954/ Entretiens/ Bibliographie

Extraits : « Sur 721 caïds que comptait l'Algérie, à peine une centaine étaient encore issus des familles d'anciens djouad. .Cette méfiance des administrateurs et des officiels français à l'égard des Grandes tentes, allait être, malgré les apparences des discours officiels et les belles déclarations de loyauté des chefs à l'égard de la France, une constante jusqu'à l'indépendance de l'Algérie » (pp 58-59), « 560 grandes familles encadraient les populations algériennes au moment de la conquête française- des chefs religieux, les chorfa, plutôt à l'est du pays et des guerriers , les djouads, plutôt à l'est » (p 67), « Cette insurrection (note: 1871) va aussi marquer la fin de l'aristocratie algérienne, celle qui a mené les premiers combats contre l'armée française d'Afrique » (p 185)

Avis - Une autre manière de raconter l'histoire du pays, la période coloniale et la guerre de libération nationale. Celle qui dévoile, à travers mille et un détails et/ou témoignages, le rôle, avec ses aspects sombres et/ou lumineux, ses comportements et ses exploits encore grandement ignorés ou mal interprétés, joués par des personnages ou des familles aux noms connus. Une démarche à encourager, car seule capable d'éclairer pleinement notre Histoire, celle d'hier et d'aujourd'hui.

Citations : « Il ne faut pas s'y tromper, les hommes politiques instrumentalisent les différences de culte et de sentiments religieux pour assouvir leurs ambitions politiques ou hégémoniques » (p 44), «Entre les mains forcément discriminantes d'administrateurs coloniaux français .....le terme «indigène» perdit son sens étymologique.....et finit de n'apparaître que dans un sens péjoratif, y compris de nos jours, pour désigner un être inférieur» (p 205)



«Avoir un ami puissant....». Enquête sur les familles urbaines, Alger-Oran-Annaba». Essai de Fatma Oussedik. Koukou Editions, Alger/Cheraga 2022, 398 pages, 2 000 dinars (Fiche de lecture déjà publiée, le 1er janvier 2023. Extraits pour rappel. Fiche complète inwww.almanach-dz.com/population/ bibliotheque d'almanach)



Les réalités des familles algériennes contemporaines, sont-il faut désormais, l'admettre- diverses et complexes. Déjà, avec l'effraction coloniale, tout s'était trouvé bouleversé, la dépossession des terres accompagnée d'une dépossession des identités, entraînant (quand ce n'est pas l'élimination physique) l'éparpillement des populations et/ou leur exil.

Depuis l'indépendance du pays en 1962, la situation a évolué encore plus rapidement. L'Etat algérien post-colonial a inscrit son action- selon les chercheurs- dans une logique empruntant, à la fois, au jacobinisme et au bonapartisme de l'Etat français et à son organisation centralisatrice autour de la figure du Raïs, sur laquelle s'est construit le nationalisme arabe, « s'interdisant d'entendre les réalités diverses et complexes des familles algériennes ». Une nouvelle culture de la famille allait naître, enfantant en même temps, « un pouvoir qui s'épuise ». « Afin de maintenir un statu quo, la réponse apportée à chaque crise a été fondée sur un césarisme », souligne Fatma Oussedik. L'ouvrage est une enquête sur les familles urbaines de trois grandes villes du pays. Alger, la capitale, Oran et Annaba (.....)

Dans ses conclusions, elle présente « les affiliations, les formes d'appartenance et de présentation de soi rencontrées ».Ainsi, on a :

-La Tribu...(..........................).

-Le Clan....(............................)

-L'Individu.....(...........................)

-La Catégorie sociale.....(..............................)

L'Auteure : Née à Alger en 1949. Etudes de Sociologie (Université d'Alger puis Université catholique de Louvain, en Belgique pour obtenir son doctorat). Enseignante et chercheuse (Cread). Plusieurs travaux, ouvrages et articles publiés.

Sommaire : Avertissement/ Introduction/ Première partie : Transmission et ruptures. Le cadre général (Trois chapitres)/ Deuxième partie : Le souffle des ancêtres. Les récits familiaux (La mémoire de soi - Quatre chapitres)/Troisième partie : « Avoir un ami puissant... » /Des noms et des lieux. L'analyse – Trois chapitres)/ Conclusions : Institution familiale et autorité (la tribu, le clan, l'individu, la catégorie sociale) /Annexe (Rapport du colonel Pelissier à Bugeaud)/ Bibliographie

Extraits : « Ce peuple algérien existe ; il s'est maintenu, différent et semblable, à travers les siècles. Il occupe le plus grand pays d'Afrique. Comment peut-on être à la fois si grand et si fragile ? Comment marcher le long de cet abîme qui ouvre sur la dispersion ? L'estime de soi me semble la réponse à un tel questionnement » (p10), « Dans la conscience des populations, les territoires du Beylik étaient sans héritier et n'avait pas de propriétaires identifiables (....).C'est ainsi que la population, si attachée à la propreté des domiciles privés, se désintéresse de tout ce qui est espace public, qui appartient « au Beylik » (p78), (..........................)

La mémoire de chaque Algérien et de chaque Algérienne est toujours nourrie de références « en commun » : à la situation coloniale qui a prévalu durant le XIXè siècle et la première moitié du XXè siècle mais aussi du conflit entre Algériens qui a marqué l'histoire récente » (p127), (...........................), « L'administration française a passé plus de cinq (5) siècles afin de transcrire les noms de famille des Français afin de protéger leur filiation et leur personnalité, alors qu'elle n'a mis que 10 années pour les Algériens »(p 249), « Historiquement, les déplacements de populations ont été le résultat , y compris après l'indépendance du pays, de décisions de pouvoirs autoritaires » (p275), (.........................)

Avis - Un ouvrage très, très riche en informations..... et en références (historiques et scientifiques). (................................)

Citations : (...........................), « Qu'est-ce que la mémoire sinon une histoire racontée aux vivants et qui leur permet de vivre les temps présents ? » (p27) , (.........), « Les lieux nous parlent et à partir d'eux s'inscrivent les récits .Ils tiennent lieu de récit et ils sont porteurs de notre histoire, de nos histoires » (p141), (.......), « En Algérie, le contenant , la forme, a pris le pas sur le fond, ses contenus multiples. Et c'est ainsi que les approches de l'identité ont été posées sur la tête (p369).