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Ghaza: Des dizaines de victimes sous les décombres

par Mohamed Mehdi

Ghaza est toujours sous les bombes israéliennes depuis le mardi 18 mars, lorsque l'entité sioniste a, de manière unilatérale, mis fin au cessez-le-feu annoncé deux mois plus tôt.

En trois jours d'intenses bombardements, «le nombre de victimes a dépassé les 600 martyrs et plus d'un millier de blessés», a déclaré, jeudi, Mohamed Zaqout, le directeur des hôpitaux au ministère de la Santé de Ghaza, précisant qu'il «existe encore des dizaines de victimes sous les décombres».

«Ces attaques sauvages surviennent à un moment où nous avons perdu plus de 50% de nos capacités hospitalières, et où nous avons à peine pu relancer partiellement les hôpitaux Indonésien, Al-Rantissi et le complexe Al-Shiffa, dans le nord de l'enclave. Sans compter une terrible pénurie de consommables et de médicaments, notamment les produits d'anesthésie, ainsi que le carburant pour faire fonctionner les générateurs électriques et les stations d'oxygène dont une bonne partie a été détruite ou mise hors usage par les bombardements», a ajouté l'intervenant dans une déclaration publiée sur le compte Telegram du ministère de la Santé. Pour la seule journée de jeudi (20 mars), le ministère de la Santé a annoncé un bilan de 85 martyrs et 133 blessés. De son côté, la porte-parole Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) à Ghaza, Rosalia Paulin, a déclaré vendredi à Al Jazeera que «plus de 200 enfants palestiniens» sont tombés en martyrs depuis mardi dernier, lorsque Israël a repris son agression contre l'enclave. Par ailleurs, le bureau des médias du gouvernement de Ghaza a déclaré, dans un communiqué, que le nombre d'enfants, de femmes et de personnes âgées représente «plus de 70 % du nombre total des victimes» depuis mardi dernier.

Vendredi, l'armée sioniste a continué ses bombardements sur différentes parties de l'enclave, notamment la ville de Ghaza, ainsi que Rafah et Khan Younes.

A l'ouest de la ville de Rafah, le quartier Tal al-Sultan a été ciblé depuis le début de la matinée par des bombardements aériens et des tirs nourris de chars israéliens, visant plusieurs maisons. Les attaques ont duré plusieurs heures pour couvrir l'entrée de véhicules blindés de l'armée d'occupation dans cette région. Vers 13h30 (localement), un correspondant d'Al Jazeera a rapporté qu'une frappe aérienne israélienne a visé une mosquée dans le quartier de Tal Al-Sultan. A Khan Younes, des sources palestiniennes, citées par Al Jazeera, ont rapporté de violents bombardements israéliens sur les villes de Khuza'a et Abasan.

En milieu d'après-midi, un bombardement visant un appartement du quartier d'Al-Tuffah, à l'est de la ville de Ghaza, a fait plusieurs martyrs et blessés, a indiqué un correspondant d'Al Jazeera.

UNRWA : Les stocks de farine suffisent pour 6 jours seulement

Vendredi, au 20e jour du blocus total de Ghaza imposé par l'entité sioniste, la situation humanitaire empire et l'enclave est au bord de la famine. L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a qualifié la situation dans la bande de Ghaza de «très préoccupante», notamment en raison de la «réduction de la distribution de l'aide et la suspension du travail des centres éducatifs» suite aux bombardements.

«Les fournitures de base, notamment la nourriture et le matériel médical, s'épuisent et font l'objet d'un besoin urgent», ajoute l'UNRWA qui appelle à la nécessité de «revenir au cessez-le-feu».

Vendredi, Sam Rose, un responsable de l'UNRWA a déclaré aux journalistes à Genève, s'exprimant depuis le centre de Ghaza, que la quantité de farine dans les stocks de l'agence «ne suffit que pour 6 jours seulement». «Nous pouvons prolonger cette période en donnant aux gens de plus petites quantités, mais nous parlons de jours, pas de semaines», a ajouté Sam Rose.

«Toujours au cœur des négociations» : Le Hamas tient à ses conditions

Le Mouvement de la Résistance Islamique (Hamas) a démenti, vendredi, «ce qui a été rapporté par le journal hébreu «Yedioth Ahronoth» concernant l'arrêt des négociations liées à l'accord d'échange de prisonniers». Le mouvement confirme qu'il est «toujours au cœur des négociations», «qu'il suit en toute responsabilité et sérieux avec les frères médiateurs» et «qu'il continue de discuter la proposition «Witkoff» et les différentes idées présentées, afin de parvenir à la conclusion d'un accord d'échange qui garantisse la libération des prisonniers, la fin de la guerre et le retrait total de l'armée israélienne de Ghaza».

Dans un autre communiqué, le Hamas affirme que les déclarations du chef du Shin Bet, Ronen Bar, «révèlent la manipulation délibérée du dossier des négociations par le criminel Netanyahu, ainsi que ses efforts pour contrecarrer tout accord, puis le perturber après y être parvenu, pour ses propres objectifs politiques». «Ces aveux de la part des dirigeants de l'occupation confirment que Netanyahu était et continue d'être le véritable obstacle à tout accord d'échange» et «qu'il cherchait à organiser des négociations formelles pour gagner du temps, sans parvenir à des résultats tangibles», ajoute le Mouvement qui appelle les responsables américains à «cesser d'accuser le Hamas de perturbation de l'accord», et «d'attribuer la responsabilité directe des souffrances continues des prisonniers et de leurs familles à Netanyahu».

L'Algérie dénonce «une application sélective» du droit international

L'Algérie a dénoncé jeudi, lors d'une réunion du Conseil consacrée à «la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne» la politique du «deux poids, deux mesures» dans l'application du droit international, notamment dans les Territoires palestiniens occupés où l'entité sioniste affiche un «mépris flagrant» pour ce droit, rapporte l'APS.

«La communauté internationale doit s'unir pour garantir le plein respect du droit international. Le «deux poids, deux mesures» et l'application sélective de ces principes sont inacceptables», a déclaré Toufik Laid Koudri, coordinateur politique au sein de la mission permanente de l'Algérie auprès des Nations unies, devant les membres du Conseil de sécurité. «Ce n'est qu'en imposant à toutes les parties les mêmes normes juridiques que nous pourrons espérer mettre fin aux souffrances et bâtir une paix juste et durable», a plaidé M. Koudri. «Ce que nous voyons se dérouler sous nos yeux n'est pas l'Etat de droit, mais plutôt un environnement où aucune règle n'est respectée et où la dignité humaine fondamentale est bafouée», a-t-il déploré, dénonçant les «nouvelles règles» établies à Ghaza par l'occupant sioniste qui s'autorise «le blocage de l'accès humanitaire», le «massacre des enfants, des femmes et des personnes âgées» et de «tuer les travailleurs humanitaires, le personnel de l'ONU, les journalistes et le personnel médical».

Autre exemple cité, «plus de 9.500 Palestiniens actuellement détenus dans les prisons de l'entité sioniste, dont plus de 3.400 en détention administrative, sans inculpation ni procès», ainsi que la détention des «corps des Palestiniens décédés».

«Avant le 7 octobre, le nombre de ces corps était estimé à environ 400, certains datant des années 1980. Aujourd'hui, ce nombre dépasse les 600», a-t-il précisé, à ce propos.

Par ailleurs, à Genève, 58e session du Conseil des droits de l'homme, le Représentant permanent de l'Algérie, Rachid Bladehane, a condamné, jeudi, la reprise par l'entité sioniste de son agression contre Ghaza et sa violation de l'accord de cessez-le-feu, appelant la communauté internationale à agir de toute urgence pour garantir le respect de cet accord par la puissance occupante. «L'Algérie condamne dans les termes les plus fermes la reprise par l'entité sioniste de son agression abjecte contre le peuple palestinien dans la bande de Ghaza, en violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu, signé en janvier dernier, et au mépris des chartes et des us internationaux», a déclaré le diplomate.