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7e échange de détenus : Plus de 600 prisonniers palestiniens libérés aujourd'hui

par Mohamed Mehdi

Vendredi, 34e jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, Ghaza continue de compter ses martyrs et en enregistre de nouveaux. Dans son bilan statistique publié jeudi, le ministère de la Santé a indiqué que le nombre de victimes du génocide israélien a atteint 48.319 martyrs et 111.749 blessés. Ce nouveau bilan comprend 22 corps de martyrs retrouvés sous les décombres, ainsi que 16 blessés enregistrés durant les précédentes 24 heures.

Hier, le porte-parole des Brigades Al-Qassam, Abou Obeida, a annoncé la liste des 6 détenus israéliens vivants à Ghaza, pour le compte de la 7e opération d'échange dans le cadre de la première phase de l'accord de cessez-le-feu annoncé le 19 janvier dernier. Cette annonce intervient au lendemain de la remise, jeudi, des restes de quatre israéliens morts sous les bombes américaines larguées par l'armée d'occupation.

Immédiatement après l'annonce des six noms de détenus israéliens, le Bureau d'information des prisonniers a annoncé, sur Telegram, que 602 prisonniers palestiniens seront libérés aujourd'hui.

La publication précise que parmi les 602 palestiniens qui seront libérés ce samedi, «50 ont été condamnés à la réclusion à perpétuité, 60 à de lourdes peines d'emprisonnement, 47 prisonniers déjà libérés dans le cadre de l'opération «Wafa Al Ahrar» (réalisée en 2011, en échange du soldat Shalit et au cours de laquelle a été libéré Yahia Al-Sinwar, ndlr) qui ont été à nouveau arrêtés, et 445 prisonniers de la bande de Ghaza arrêtés après le 7 octobre».

Le deux poids deux mesures du CICR

Jeudi a eu lieu la remise des restes de quatre détenus à Ghaza morts sous les bombes de l'armée sioniste. La cérémonie officielle de remise des corps de la famille Bibas et de Oded Lifshitz dans des cercueils s'est déroulée à Khan Younes, dans le cadre du protocole habituel de signature des documents de réception par les représentants de la Croix rouge internationale (CICR). Ces derniers auraient d'abord refusé de participer à la cérémonie, a rapporté jeudi la chaîne israélienne Channel 12. La veille, mercredi, le CICR avait rendu public un communiqué menaçant dans lequel il affirme que «tout traitement dégradant lors des opérations de libération est inacceptable», laissant entendre que cela s'est déjà produit auparavant.

«Nous devons être clairs : tout traitement dégradant lors des opérations de libération est inacceptable», a déclaré le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans son communiqué. Une représentante du CICR a finalement signé les documents de réception des restes des 4 israéliens dont une mère et ses deux enfants, avant que les cercueils ne soient remis dans les véhicules de la Croix-Rouge.

Le Hamas a vite réagi à la polémique qui ne pouvait que servir les intérêts de Netanyahu dont la responsabilité est totale dans la mort de ces otages sous les bombardements de l'armée sioniste. «Nous avons préservé la vie des prisonniers de l'occupation, leur avons fourni ce que nous pouvions et les avons traités avec humanité, mais leur armée les a tués ainsi que leurs gardes», explique le communiqué qui rappelle que l'armée d'occupation «porte l'entière responsabilité» dans la mort des détenus israéliens «après avoir fait obstacle à plusieurs reprises à l'accord d'échange».

S'adressant aux familles Bibas et Lifshitz, le Hamas écrit : «Nous aurions préféré que vos enfants vous reviennent vivants, mais votre armée et les dirigeants de votre gouvernement ont choisi de les tuer au lieu de les reprendre. Ils ont tué avec eux : 17.881 enfants palestiniens, dans leurs bombardements criminels de la bande de Ghaza, et nous savons que vous réalisez qui est réellement responsable de leur départ. Vous avez été victime d'un leadership qui ne se soucie pas de ses enfants».

De son côté, le Directeur général du Bureau des médias du gouvernement de Ghaza, Ismail Al-Thawabta, dans une publication publiée jeudi sur X, a critiqué l'attitude du CICR. «Alors que la Croix-Rouge organise des cérémonies officielles solennelles lors de la réception des corps des prisonniers israéliens, elle livre les corps des martyrs palestiniens dans des sacs bleus qui sont jetés dans des camions dépourvus des éléments les plus élémentaires de la dignité humaine», écrit Al-Thawabta. Avant d'ajouter : «Cette discrimination flagrante dans le traitement reflète une politique de deux poids deux mesures et révèle l'incapacité de la communauté internationale à garantir la justice et l'équité».

Al-Thawabta rappelle aussi que «les corps de plus de 612 martyrs palestiniens sont toujours détenus par l'occupation israélienne dans ce qu'on appelle les «cimetières des chiffres», qui comprend également des restes des prisonniers qui ont été exécutés de sang-froid par l'occupation dans les prisons ou pendant leur détention».

De longues décennies ont passé et le monde hypocrite garde un silence honteux. Aucune voix ne s'élève pour exiger la libération des corps des martyrs et leur remise à leurs familles, et personne n'a le courage d'appeler au blanchiment des prisons (les cimetières des nombres).

Erreur sur les restes d'une détenue ?

Une autre polémique a éclaté vendredi après que l'autorité d'occupation ait annoncé que les analyses ADN montrent que Hamas n'a pas remis les restes de la maman Bibas mais ceux d'une femme palestinienne.

Le porte-parole du Bureau des médias du gouvernement de Ghaza n'a pas écarté l'erreur expliquant qu'il semblerait que «les restes de Sherry Bibas aient été mélangés avec d'autres restes retrouvés après le bombardement israélien sur l'endroit où elle était détenue».

Cité par Reuters, Ismail Al-Thawabta affirme que le corps de Bibas «s'est transformé en morceaux après avoir apparemment été mélangé avec d'autres corps sous les décombres d'un endroit qui a été délibérément bombardé par les avions de guerre de l'occupation».

Pour sa part, le Hamas affirme : «Nous sommes surpris par le tollé provoqué par l'occupation israélienne en affirmant que le corps de la détenue Bibas ne correspond pas au test ADN».

«Nous avons reçu des médiateurs les revendications de l'occupation, nous les examinerons très sérieusement et annoncerons les résultats. Il est possible qu'il y ait une erreur ou un chevauchement dans les corps suite au bombardement par l'armée d'occupation de l'endroit où cette famille (Bibas) se trouvait avec des Palestiniens», ajoute le communiqué du Mouvement. Hamas affirme qu'il informera les médiateurs des résultats de l'enquête et appelle à «la restitution du corps qui, selon l'occupation, appartient à une femme palestinienne». «Nous n'avons aucun intérêt à ne pas respecter (l'accord) ou de conserver les corps (d'israéliens) que nous détenons», ajoute le Hamas.