Samedi, 28e jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, Ghaza continue de compter ses martyrs et en enregistre de nouveaux.

Dans son bilan statistique publié hier, le ministère de la Santé a indiqué que le nombre de victimes du génocide israélien à Ghaza a atteint 48.264 martyrs et 111.688 blessés. Ce nouveau bilan comprend 25 martyrs dont les corps ont été retrouvés sous les décombres, ainsi que 12 nouveaux blessés enregistrés durant les précédentes 48 heures (jeudi et vendredi). La situation humanitaire à Ghaza demeure inquiétante près d'un mois après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Elle l'est d'autant plus pour la catégorie la plus vulnérable, les enfants.

Vendredi, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a alerté sur le fait que la « crise humanitaire continue » à Ghaza, appelant à l'augmentation des fournitures et des services. Dans une déclaration au site « UN News » (Infos des Nations Unies), la directrice de la communication et porte-parole de l'UNICEF, Tess Ingram, a rappelé que « les bombes ont cessé de tomber dans la bande de Ghaza mais la crise humanitaire continue ».

Après une récente visite à Ghaza, Mme Ingram a constaté que « les garçons et les filles peinent à satisfaire leurs besoins fondamentaux ». « Ils ont besoin de toute urgence d'une augmentation des fournitures et des services. Et le cessez-le-feu est une très bonne opportunité pour nous de le faire », a-t-elle ajouté, insistant sur l'importance que « la trêve soit respectée afin de pouvoir sauver de jeunes vies ».

Samedi a eu lieu la 6e opération d'échange de détenus pour le compte de la première phase de l'accord de trêve, qui a permis la libération de 369 Palestiniens, dont 36 condamnés à la réclusion à perpétuité transférés en Cisjordanie et 333 arrêtés à Ghaza après le 7 octobre 2023.

Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué que ses équipes ont transféré 4 prisonniers libérés du site d'accueil à l'hôpital « en raison de leur état de santé difficile ». Commettant les circonstances de la libération des détenus palestiniens, le Directeur du Bureau d'information des prisonniers (affilié au Mouvement Hamas), Ahmed Al-Qudra, a déclaré : « L'occupation n'a pas arrêté ses crimes contre les prisonniers jusqu'au moment de leur libération, en les agressant, les insultant et en les humiliant, dans une tentative désespérée de tuer la joie de la liberté ».

Ahmed Choukri Al-Qudra a également souligné que l'apparence physique des personnes libérées « révèle l'ampleur des crimes et des violations à l'intérieur des prisons », relevant « des traces de torture clairement visibles sur leurs corps », et appelant à une « position ferme pour tenir l'occupation responsable de ses crimes ».

Ahmed Choukri Al-Qudra a appelé la communauté internationale à « rejeter les deux poids, deux mesures dans le traitement du dossier des prisonniers ». « Tout comme l'occupation exige le retour de ses prisonniers, nos prisonniers ont droit à la liberté et à la dignité, et le nier est une complicité avec le bourreau », a-t-il soutenu.

A noter que l'administration pénitentiaire sioniste a obligé les prisonniers libérés à s'habiller avec des T-shirts portant l'étoile de David et un message de menace en arabe : « nous n'oublierons pas, nous ne pardonnerons pas ». Immédiatement après leur arrivée à Ghaza les prisonniers libérés «ont brûlé les vêtements que les services pénitentiaires israéliens les ont obligés à porter», a indiqué le correspondant d'Al Jazeera.

De son côté, le Hamas a félicité « nos prisonniers libres, leurs familles et notre peuple palestinien pour cette grande réussite nationale sur la voie de la libération et du retour ».

« Ces moments où nous voyons nos héroïques prisonniers embrasser la liberté constituent une nouvelle étape dans notre long voyage vers Al-Qods », affirme encore le Hamas, ajoutant que « la question de la libération des prisonniers restera la priorité absolue de notre peuple et de notre courageuse résistance, et la victoire ne sera complète que lorsque tous les prisonniers palestiniens seront libérés ».

Le Mouvement rappelle aussi que « la libération de 3 détenus (sionistes) impose à l'ennemi la responsabilité de se conformer aux termes de l'accord de trêve et au protocole humanitaire, ainsi que d'entamer la deuxième phase des négociations ».

Le Hamas a également condamné « le crime de l'occupation consistant à placer des slogans racistes sur le dos de nos prisonniers et à les traiter violemment, en violation flagrante du droit humanitaire », conclut le communiqué.

Cisjordanie occupée : des descentes aux domiciles des personnes libérées

En Cisjordanie occupée, l'armée israélienne a pris d'assaut les maisons des prisonniers libérés dans le cadre de la 6e opération d'échange. Des sources locales ont déclaré à l'agence de presse officielle Wafa que des véhicules militaires israéliens ont pris d'assaut le centre d'el-Bireh pour cibler la maison de Mazen al-Qadi, 45 ans, libéré hier après plus de deux décennies de détention. « Depuis l'aube, les forces israéliennes ont également effectué des descentes aux domiciles de plusieurs autres prisonniers libérés », rapportent les mêmes sources.

Citant des sources locales, Al Jazeera a rapporté que « des drones israéliens ont largué des bombes à proximité du camp de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie, à l'aube de la journée de samedi, parallèlement à la prise d'assaut d'un certain nombre de villes dans des zones distinctes et ciblant les Palestiniens ». Les forces d'occupation ont pris d'assaut la ville de Bethléem, avant d'y effectuer des patrouilles dans les rues de la ville.

Des perquisitions ont été effectuées au domicile du prisonnier Abderrahman Miqdad figurant sur la liste des 36 condamnés à perpétuité libérés hier. Toujours selon Al Jazeera, les forces d'occupation israéliennes avaient pris d'assaut la ville de Yamoun, à l'ouest de Jénine. Dans la même région, les Brigades Al-Qods à Jénine ont déclaré avoir fait exploser des engins explosifs «dans des véhicules ennemis dans l'axe Wadi Silat Al-Harithiya».

Le ministère palestinien de la Santé a annoncé, vendredi soir, le martyr de quatre jeunes hommes, suite à des tirs de l'occupation israélienne à Nablous et à Tulkarem.