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Ghaza: Le plan de Trump conduira à l'embrasement du Moyen-Orient

par Mohamed Mehdi

Mercredi, 25e jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, Ghaza continue de compter ses martyrs et en enregistre de nouveaux. Dans son bilan statistique publié, hier, le ministère de la Santé a indiqué que le nombre de victimes a atteint 48.222 martyrs et 111.674 blessés. Ce nouveau bilan comprend 3 martyrs, dont 2 corps retrouvés sous les décombres, ainsi que 1 martyr et 9 blessés enregistrés durant les précédentes 24 heures suite à des tirs de l'armée israélienne sur les régions de l'enclave, malgré un accord de cessez-le-feu.

La question de l'entrée des aides humanitaires en quantités et en qualités suffisantes, selon les termes de l'accord de trêve, reste toujours posée. Les médiateurs, Qatar et Egypte, tentent de faire avancer ce dossier pour garantir la reprise de l'échange des détenus et éviter l'arrêt de la première phase de l'accord de cessez-le-feu.

A ce stade, et après 25 jours de l'entrée en vigueur de la trêve, l'aide humanitaire reste en deçà de ce qui a été convenu dans l'accord, et sa mise en œuvre rend encore très difficile son acheminement. C'est ce que constate une responsable du Conseil norvégien pour les réfugiés en Palestine (NRC). Interrogée, mardi par Al Jazeera, sur le déroulement de l'aide à Ghaza, Shaina Low, chargée de communication du NRC affirme qu'elle est «loin d'être suffisante» pour répondre aux besoins. Mme Low a souligné particulièrement le problème des «délais changeants» qui «rendent difficile pour les travailleurs humanitaires d'organiser les chaînes d'approvisionnement à Ghaza».

«Les matériaux pour les abris arrivent, mais bien sûr, ce n'est pas du tout la quantité nécessaire pour répondre aux énormes besoins à Ghaza, en particulier après que tant de personnes soient retournées au nord ou à Rafah dans le sud, ce qui signifie qu'elles sont retournées dans des endroits pratiquement en ruines avec peu de matériaux d'abri en main», a-t-elle ajouté.

«C'est un processus lent, cela prend trop de temps, il y a des défis en termes d'aide et de spécifications nécessaires pour faire passer la nourriture à travers les scanners israéliens», a déclaré Low.

Elle a également pointé du doigt une «rigidité israélienne» en termes de réacheminement de l'aide, car les autorités israéliennes envoient fréquemment des colis à d'autres points de passage s'ils ne rentrent pas dans leurs scanners, a-t-elle expliqué.

«Aussi rapidement que nous avançons, ce qui entre n'est tout simplement pas suffisant pour répondre aux besoins de la population», affirme encore Mme Low qui précise que le NRC a réussi à faire entrer, lundi, des tentes à Beit Lahia dans le nord de Ghaza, ayant fourni un abri à 260 personnes.

Mouvements palestiniens : «Le plan de Trump est une déclaration de guerre»

Trump et Netanyahu veulent la poursuite du génocide à Ghaza. Si le psychopathe Premier ministre de l'entité sioniste n'a jamais caché son avidité pour faire couler davantage de sang de femmes et d'enfants à Ghaza pour assouvir un besoin personnel, le «nouveau» locataire de la Maison Blanche joue avec le feu, en poussant à l'embrasement de la région du Moyen-Orient. Pour quelqu'un qui aspire à décrocher le prix Nobel de la Paix, la démarche est tout à fait contraire à l'esprit de paix.

Les déclarations persistantes du président Donald Trump sur l'occupation de Ghaza à mettre «sous autorité américaine» et l'expulsion de ses habitants vers la Jordanie et l'Egypte, ont été largement dénoncées, aussi bien par les Palestiniens et les pays arabes, que les alliés occidentaux des Etats-Unis comme l'Allemagne dont le chancelier allemand Olaf Scholz qui a qualifié le plan de Trump pour Ghaza de «scandaleux».

En attendant le Sommet extraordinaire de la Ligue des Etats arabes, annoncé pour le 26 février, la Jordanie et l'Egypte, principaux concernés par le «plan» de Trump, ont rejeté toute possibilité de faire déplacer les Palestiniens de leur terre.

Le Premier ministre jordanien Jaafar Hassan a déclaré, hier, que la position de la Jordanie est «claire et cohérente» concernant le déplacement des Palestiniens de Ghaza et de Cisjordanie occupée. «Il n'y aura pas de réinstallation, pas de déplacement et pas de solutions aux dépens de la Jordanie», a-t-il dit devant les membres du Parlement. Jaafar Hassan a également annoncé : «Nous travaillons avec nos frères arabes pour formuler une position arabe unifiée pour la reconstruction de Ghaza». De son côté, le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi semble, selon Al Jazeera, ne pas vouloir faire le déplacement à Washington à l'invitation de Trump.

Selon Reuters, citant deux sources de sécurité égyptiennes, «Al-Sissi ne se rendra pas aux États-Unis pour des pourparlers si le plan de Trump visant à déplacer les Palestiniens de Ghaza figure à l'ordre du jour».

Pour les mouvements palestiniens, le plan de Trump d'occupation de Ghaza «est une déclaration de guerre».

Dans un communiqué rendu public mercredi, les «Forces nationales et islamiques» palestiniennes estiment que «les déclarations de Trump sont une déclaration de guerre visant à déraciner notre peuple de la bande de Ghaza». «Nous affirmons que notre peuple, qui a consenti des sacrifices au fil des décennies, ne quittera pas sa patrie et restera enraciné dans sa terre», ajoute le communiqué qui appelle les pays arabes à «prendre des mesures pratiques pour faire face aux projets criminels de déplacement» lors du prochain sommet arabe.

«La fermeté de notre peuple nécessite un soutien, et les pays arabes et islamiques doivent assumer leurs responsabilités. Nous sommes confrontés à une menace existentielle qui nécessite la mobilisation et l'unification de tous les efforts de notre peuple. Ce que l'ennemi n'a pas pu réaliser par le massacre et l'extermination, il ne le réussira pas par les projets de déplacement qui représentent un nettoyage ethnique, et nous y résisterons de toutes nos forces», ajoute une déclaration des Forces nationales et islamique palestiniennes.

L'Afrique du Sud s'engage à poursuivre l'affaire du génocide israélien malgré la pression de Trump

Sur le plan international, la Chine, l'Afrique du Sud et la communauté des pays de ASEAN ont également réaffirmé leur position de soutien aux Palestiniens.

Par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, la Chine a réitéré son opposition au déplacement forcé des Palestiniens. «Gaza appartient aux Palestiniens et fait partie intégrante du territoire palestinien», a déclaré Guo Jiakun lors d'un point de presse régulier. Ajoutant : «Nous nous opposons au déplacement forcé de la population de Ghaza».

Les ministres des Affaires étrangères de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est de (ASEAN) ont eux aussi souligné que «le droit à l'autodétermination du peuple palestinien est irrévocable», appelant également à la «levée complète des restrictions sur l'aide humanitaire au peuple palestinien par l'intermédiaire de l'UNRWA».

De son côté, l'Afrique du Sud annonce qu'elle continue d'avancer dans le dossier de plainte pour génocide contre Israël devant la Cour internationale de justice. Cité hier par le Financial Times, le ministre sud-africain des Affaires étrangères Ronald Lamola a déclaré qu'il n'y avait «aucune chance» que son pays abandonne l'affaire après les menaces des États-Unis de suspendre son aide.

«Le respect de nos principes a parfois des conséquences, mais nous restons fermes sur le fait que cela est important pour le monde et pour l'État de droit», a-t-il déclaré dans une interview au Financial Times.