![]() ![]() ![]() Amnesty International: «Tout projet d'expulsion de Palestiniens est un crime de guerre»
par Mohamed Mehdi ![]() Vendredi, 20e jour de l'entrée en vigueur
du cessez-le-feu, Ghaza compte toujours ses martyrs
et enregistre de nouveaux. Dans son bilan statistique de jeudi dernier, le
ministère de la Santé de l'enclave a indiqué que le nombre de victimes a
atteint 47.583 martyrs et 111.633 blessés.
Ce bilan comprend 31 martyrs, dont 28 corps retrouvés sous les décombres, un martyr ayant succombé à ses blessures et 2 nouveaux martyrs tombés dans les attaques de mercredi, ainsi que 4 autres blessés. La situation du secteur de la Santé à Ghaza ne s'est pas améliorée après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Le directeur des hôpitaux de campagne de Ghaza, le Dr Marwan Al-Hamas, a confirmé que « l'occupation israélienne ne respecte pas le protocole humanitaire ni aucun autre engagement» dans le cadre de l'accord de trêve. «Seuls 120 patients ont été autorisés à se faire soigner à l'extérieur de l'enclave », alors que l'accord en prévoyait plusieurs milliers, a-t-il expliqué. « Nous avons une liste de 35.000 patients qui ont désespérément besoin de soins à l'extérieur de Ghaza », dit-il encore. En même temps, l'entité sioniste « refuse d'autoriser l'entrée d'hôpitaux de campagne pour soigner les patients et les blessés ». Dans une région comme Rafah, « il n'y a ni hôpital ni centre santé, à l'exception d'un hôpital de campagne », poursuit-il. Le même responsable a révélé que « certains patients sont morts avant que leur tour n'arrive de se faire soigner à l'étranger » et que « 40 % des cas atteints d'insuffisance rénale sont morts faute de soins nécessaires ». A propos de l'aide médicale entrée depuis le début de la trêve, Marwan Al-Hamas affirme que « seuls 76 camions d'aide ont été acheminés vers l'enclave, y compris des fournitures médicales non prioritaires ». « Il n'y a même pas de couvertures ni de vêtements d'hiver », dans l'aide envoyée, ajoute le directeur des hôpitaux de campagne de Ghaza. De son côté, le Bureau des médias du gouvernement de Ghaza a indiqué, vendredi, lors d'un point de presse, que le volume de l'aide entrée dans l'enclave est « loin du minimum requis », précisant que depuis le début de la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu, il y a 20 jours, « le nombre de camions n'a pas dépassé 8.500, sur total de 12.000 camions censés entrer à raison de 600 par jour ». Alors que le nord de Ghaza « qui devait bénéficier de 6.000 camions d'aide (à raison de 300 par jour) n'en a reçu que 2.916 en trois semaines », ajoute la même source. En termes de nature et de qualité de cette aide, « la majorité est constituée de colis alimentaires, de légumes, de fruits, mais également de produits secondaires tels que (les nouilles) indomi, du chocolat et des chips, au détriment d'autres besoins, ce qui implique une manipulation claire des besoins et des priorités en matière de secours et d'abri », affirme le Bureau des médias du gouvernement. Pour ce qui est des abris, « le besoin réel atteint 200.000 tentes et 60.000 mobilhomes, mais ce qui a été apporté n'a pas dépassé 10% des tentes et aucun mobilhome n'a été introduit, ce qui signifie que des centaines de milliers de citoyens affrontent le rude hiver sans abri adéquat », affirme la même source lors de son point de presse sur lequel nous reviendrons dans l'édition de dimanche. L'Algérie rejette les plans visant à vider Ghaza de sa population Dans un communiqué rendu public jeudi, le ministère algérien des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, a exprimé l'espoir de voir se poursuivre la deuxième phase de négociations de cessez-le-feu à Ghaza pour « la prise en charge des répercussions de l'agression sioniste », et a rejeté catégoriquement « plans visant à déplacer et vider Ghaza de ses populations autochtones », a indiqué l'APS. «Avec le début des négociations de la deuxième phase, visant à consolider le cessez-le-feu dans la bande de Ghaza en particulier, et à poursuivre la prise en charge des répercussions de la guerre qui lui est imposée en général, l'Algérie exprime l'espoir de voir les efforts du groupe de médiation se poursuivre, avec un large soutien international, afin de garantir l'application de cet accord et le suivi de sa mise en œuvre dans toutes ses clauses et dimensions », lit-on dans le communiqué. En outre, le communiqué du MAE a exprimé le « rejet catégorique » de l'Algérie des « plans visant à déplacer et vider Ghaza » de sa population, « dans le cadre d'un plan plus large ciblant le projet national palestinien dans son essence ». « L'Algérie réaffirme également sa conviction profonde que la réalisation d'une paix durable au Moyen-Orient demeure étroitement liée à la satisfaction des droits du peuple palestinien en lui permettant d'établir son Etat indépendant et souverain, selon le principe des «deux Etats» convenu au niveau international, en tant que solution juste, durable et définitive au conflit arabo-israélien », ajoute le document. Pour l'Algérie, il est « impératif d'unifier les territoires palestiniens, de Ghaza à la Cisjordanie et El Qods occupées, en vue de concrétiser le projet national palestinien », soulignant que « les tentatives d'effacer les repères de ce projet, de le fragmenter ou de le liquider ne feront que prolonger le conflit, approfondir les souffrances du peuple palestinien et aggraver l'état d'insécurité et d'instabilité dans l'ensemble de la région », conclut le communiqué. Mettre fin à l'occupation israélienne illégale Amnesty International (AI) a réagi, dans un communiqué rendu public jeudi, aux déclarations du président Donald Trump qui a affirmé que les Etats-Unis vont « prendre le contrôle de Ghaza » et préconisant, par conséquent, l'expulsion de plus de deux millions d'habitants de l'enclave vers la Jordanie, l'Egypte et d'autres pays. « Les propos du président Trump, appelant au transfert forcé des Palestiniens de la bande de Ghaza occupée vers les pays voisins, doivent être condamnés de manière unanime et sans aucune équivoque. Son discours est provocateur, scandaleux et honteux, et sa proposition constitue une violation flagrante du droit international », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International. Ajoutant que « tout projet d'expulsion forcée de Palestiniens hors du territoire occupé contre leur volonté est un crime de guerre et s'il est commis dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique contre la population civile, il constituerait un crime contre l'humanité ». Amnesty estime que « les commentaires du président Trump déshumanisent dangereusement les Palestiniens qui, depuis 16 mois, sont victimes du génocide commis par Israël à Ghaza et vivent depuis des décennies sous occupation illégale et dans un système d'apartheid ». le communiqué d'AI rappelle que « la plupart des Palestiniens de Ghaza sont des descendants et des rescapés de la Nakba de 1948 », qu'ils « ont déjà été déracinés et dépossédés à plusieurs reprises par Israël » et « privés de leur droit au retour », « mais ont continué à lutter pour rester sur leurs terres et défendre leurs droits fondamentaux ». L'ONG note que tout en évoquant à « plusieurs reprises » la destruction, les massacres et les conditions invivables dans la bande de Ghaza, le président Trump « était assis à côté du Premier ministre israélien Netanyahu », « mais il s'est bien gardé de mentionner la responsabilité du gouvernement israélien dans les causes de cette dévastation ». « Il n'a pas non plus reconnu le rôle du gouvernement américain dans la fourniture d'armes qui ont été utilisées de manière répétée pour mener des attaques meurtrières et illégales à Ghaza », ajoute Amnesty. « Face aux dangereuses menaces proférées par le président Trump, il est plus important que jamais que le reste de la Communauté internationale rejette catégoriquement ces propositions et accélère les efforts diplomatiques, conformément au droit international, visant à mettre fin à l'occupation israélienne illégale, démanteler l'apartheid », poursuit le communiqué. Par ailleurs, Amnesty International met en garde contre « le mauvais usage de l'aide humanitaire et de la reconstruction, dont la population a désespérément besoin, comme monnaie d'échange ou comme moyen de contraindre les Palestiniens de Ghaza à partir ». « Aucun État n'a le droit de traiter les membres d'une population protégée vivant sous occupation comme des pions dans un jeu d'échec géopolitique », conclut le communiqué de l'ONG |
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