Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Séminaire de l'ENTV sur le thème du développement-investissement: Le ministre de la Communication insiste sur le rôle des médias

par Houari Saaïdia

En quelques petits mots, le ministre de la Communication Mohamed Meziane a tout dit. Il a démontré la pertinence de l'initiative de l'ENTV. Il a souligné le rôle du soft power dans la promotion de l'image d'un pays et la propulsion de son économie, se référant au «American Dream». Il a mis à nu les plans machiavéliques de certains pays visant à dévaloriser tout acte d'investissement en Algérie. Il a, au passage, subtilement corrigé quelques faux clichés auréolant l'audiovisuel public et l'élevant au rang du partenaire exclusif de l'Etat dans le protectionnisme économique.

En premier responsable du secteur de l'Information, Mohamed Meziane se devait d'insérer entre les lignes de son allocution d'ouverture un petit message aux allures d'une mise au point, selon toute vraisemblance. Et ce, avec des propos fins et subtils dont seul un vieux diplomate maître des circonvolutions verbales comme lui a le secret. «Permettez-moi de vous expliquer l'idée-force du discours du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lorsqu'il évoquait, dans maintes tribunes, la notion d'unification médiatique autour d'un seul et suprême effort qu'est la promotion de l'investissement national, et plus globalement l'économie nationale. Il parlait bien entendu d'une unification d'efforts, d'une action commune, entre le public et le privé.

Car les médias privés, chaînes de télévisions comprises, sont eux aussi concernés par ce processus et ont assurément leur propre valeur ajoutée dans ce domaine. Nous, tous ensemble, devons faire échec aux sombres desseins de certains médias étrangers qui veulent déprécier les réalisations de notre pays, en les valorisant et en les mettant en lumière comme il se doit», a exhorté le ministre en serrant le poing.

UNE DOUCE ET FINE MISE AU POINT

Sans doute, le ministre s'est-il vu en situation de devoir mettre sur un même pied d'égalité public et privé dans le sacré devoir de servir l'intérêt suprême de sa patrie, en l'occurrence sur le plan économique dont il est question en ce rendez-vous abrité par l'hôtel AZ Oran, après que certaines interventions précédentes sur la même scène aient quasiment attribué le monopole de la mission d'accompagnement médiatique à l'investissement national à l'audiovisuel public, allant jusqu'à arguer du «devoir d'éthique et déontologique et de la ligne nationaliste» qui caractérisent ce dernier. «Je conviens tout à fait avec l'initiative de l'ENTV concernant cette rencontre. Aussi bien dans le fond de l'idée que par rapport au thème choisi et l'objectif qui en est assigné. Là, je dois dire que la Télévision nationale algérienne a raison sur toute la ligne. Je tiens, de prime abord, à sensibiliser sur un fait grave, à savoir les tentatives de dépréciation ciblant le produit algérien. Les Etats-Unis ont réussi à vendre le Rêve américain à travers le cinéma, mais aussi par la télévision.

Que cela nous serve d'exemple ! Je suis pour la mise en place d'un partenariat Télévision/Partenaires économiques qui va bien au-delà des spots publicitaires. Les contenus de la Télévision sont un bon produit à reproduire et à répercuter sur les plateformes multimédias et les réseaux d'interaction. Il faut mettre à profit cela en concevant des contenus thématiques en faveur de l'investissement national».

Le ministre de la Communication sait de quoi parler. Dans le monde interconnecté et en évolution rapide d'aujourd'hui, les médias jouent un rôle crucial dans la formation du sentiment des investisseurs. Avec l'avènement de la technologie et l'essor des plateformes de médias sociaux, l'information est diffusée à une vitesse sans précédent, influençant la façon dont les investisseurs perçoivent et réagissent aux événements du marché. Le sentiment des investisseurs est un facteur important qui anime le marché boursier. Il fait référence à l'attitude globale des investisseurs envers le marché, et il peut être influencé par plusieurs facteurs, notamment des indicateurs économiques, des événements géopolitiques et des titres d'actualités.

NIVEAU DE MÉDIATISATION DE L'EFFORT D'ÉTAT : PAS ENCORE SATISFAISANT ?

L'un des facteurs les plus importants qui peut façonner le sentiment des investisseurs est les médias, qui jouent un rôle essentiel dans la formation du sentiment des investisseurs en fournissant des informations et des analyses qui peuvent avoir un impact sur les processus décisionnels des investisseurs. Dans son allocution, Mohamed Meziane laisse transparaître des signes qu'il n'est pas encore tout à fait satisfait du niveau de répercussion médiatique des énormes réalisations accomplies par l'Algérie sous gouvernance du président Tebboune, et par voie de conséquence du feed-back provoqué par une telle médiatisation. «Y a-t-il un écho médiatique proportionnel aux réalisations nationales sur le plan économique surtout ?», s'est-il posé la question, non sans ajouter un peu plus loin que «les médias, en revanche, doivent avoir aussi les moyens pour accompagner et être en phase avec cette forte cadence économique». Et ce d'autant plus, développe encore le ministre de la Communication, que «l'Algérie est le seul pays en Afrique du Nord, et je dirai même en Afrique sans risque de me tromper, qui a réalisé par ses propres moyens des projets d'intégration, à l'image de l'Autoroute Est-Ouest et le Corridor économique de la route transsaharienne.

C'est-à-dire des méga-ouvrages structurels qui matérialisent et donnent corps à l'appartenance territoriale, géographique, culturelle et organique de l'Algérie». Pour sa part, le directeur général de l'Agence algérienne de promotion de l'investissement (AAPI), Omar Rekkache, a indiqué que son organisme a enregistré, jusqu'au 31 décembre 2024, un total de 11.768 projets d'investissement déclarés à travers le pays, dont 218 investissements étrangers, d'une valeur globale de 4.730 milliards DA, susceptibles de générer 285.000 emplois directs.

Selon le même responsable, «le compte à rebours a déjà commencé dès le 1er janvier 2025 pour atteindre l'objectif de 20.000 projets d'investissement». Il a également indiqué que son agence a entamé la deuxième phase de mise en œuvre des réformes notamment pour le renforcement de l'efficacité du guichet unique et l'amélioration de la distribution des assiettes foncières.

PLUS DE 4.700 PROJETS D'INVESTISSEMENT ENREGISTRÉS PAR L'AAPI

Cette nouvelle étape intervient après une période marquée par des avancées significatives et le dépassement de plusieurs obstacles dans le domaine de l'investissement. Au cœur de cette phase se trouve le renforcement de l'efficacité du guichet unique, un dispositif essentiel permettant aux investisseurs d'accéder à l'ensemble des services nécessaires en un seul lieu, éliminant ainsi la nécessité de multiples déplacements entre différentes administrations. Pour concrétiser cette ambition, l'AAPI travaille en étroite collaboration avec divers secteurs, notamment l'Habitat et l'Environnement, pour modifier le cadre réglementaire et consolider le principe d'octroi des autorisations directement au niveau des guichets uniques de l'Agence. Un autre axe majeur de ces réformes concerne l'amélioration de la distribution des assiettes foncières. L'AAPI a mis en place un système d'évaluation perfectionné, développé en concertation avec l'ensemble des parties prenantes, a fait savoir le DG de l'AAPI. La journée d'étude sur la Télévision algérienne et son rôle d'accompagnement du développement, de l'investissement et en tant que plateforme de promotion du produit national, organisée par cette entreprise publique, a été couronnée par la signature de plusieurs conventions de partenariat.

L'ENTV SIGNE DES CONVENTIONS POUR ACCOMPAGNER LES INVESTISSEURS

Ce séminaire a vu la présence du chargé de mission auprès de la présidence de la République, Brahim Sadouk, des walis de plusieurs wilayas de l'Ouest du pays, du directeur général de l'Etablissement public de télévision, Mohamed Baghali, du président de l'Autorité nationale indépendante de régulation de l'audiovisuel, Amar Bendjedda, du directeur général de l'Agence algérienne de promotion de l'investissement, Omar Rekkache, du président du Conseil du renouveau économique algérien, Kamel Moula, ainsi que de responsables d'établissements économiques publics et privés, de spécialistes en communication et publicité, et d'experts économiques. La journée d'étude a passé en revue plusieurs sujets importants liés notamment à la relation de la télévision avec son environnement économique et son rôle d'accompagnement des efforts de l'Etat en matière de développement et d'investissement. Plusieurs interventions ont été présentées, à l'instar du «rôle de la télévision publique algérienne dans l'accompagnement de la dynamique d'investissement et de développement du pays», «la télévision publique, miroir et vitrine des réalisations de l'Algérie» et «la télévision, une plateforme distinguée pour la promotion du produit national». Les experts ont également abordé des thèmes comme «l'interdépendance mutuelle entre l'entreprise économique et la télévision» et «les règles juridiques et de déontologie du marché de la publicité télévisée».