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Samir Chibani
confiait récemment qu'il nourrissait l'espoir de transformer en réalité une
image qu'il avait virtuellement construite bien avant qu'il ne fût wali d'Oran.
Celle d'une autoroute Sud-Ouest qu'il s'imaginait emprunter à chaque visite
d'Oran. Une boucle qui fasse fonction de trait d'union entre ces deux points
cardinaux et par là-même un facteur de développement de tout l'espace
intermédiaire. Peut-être «son rêve éveillé» est-il à portée de main. A lui de
savoir tenir par le bon bout ce qui s'offre à lui.
La deuxième tranche du projet du 5ème boulevard périphérique qui devra parachever l'édifice de cette boucle autoroutière, à partir d'El-Kerma (banlieue Sud d'Oran) et jusqu'à Misserghine (banlieue Ouest d'Oran), ne répond-elle pas au besoin dans une certaine mesure à tout le moins par rapport à l'idée qui a germé dans la tête de Samir Chibani bien antérieurement à son accès à la chefferie de la wilaya d'Oran ? Ce tronçon autoroutier complétant et ficelant la 2ème rocade d'Oran sur une distance de 14 km entre le Sud (précisément à l'intersection RN4/Autoroute Est-Ouest à hauteur du marché de gros de fruits et légumes) et l'Ouest (précisément à la sortie de Misserghine par la RN2 menant vers Oran via El-Hassi) n'est-il pas une solution à la double équation : voie express Sud-Ouest et moyen d'équilibrage territorial Nord-Sud pour le Grand-Oran? C'en est une visiblement, et même à tout point de vue. LE RÊVE D'AUTOROUTE SUD-OUEST : PAS BESOIN DE COMMENCER À ZÉRO Là, il n'est pas question d'aborder le sujet de ce maillon infrastructurel manquant, qu'est le cordon routier sud-ouest d'Oran, sous l'angle assez subjectif au demeurant d'une idée personnelle d'un haut responsable, en l'occurrence l'actuel wali d'Oran, mais juste de mettre le curseur devant le nouveau débat de fond qui accompagne désormais ce thème et qui est même susceptible d'en créer un contexte plus favorable en ce sens que le dossier gagnerait en pertinence et en évolution lorsqu'il est pris en main par un gouverneur de la ville qui en fait, en sus du fait qu'il s'agisse d'un projet (structurant) relevant de la nomenclature qu'il a à gérer, un challenge personnel par-dessus tout. Et, à cet effet, il est utile de rappeler que c'était à l'occasion d'une récente rencontre wali-presse que le chef de l'exécutif local avait, en réponse à une question de savoir s'il y avait une idée particulière qui effleurait son esprit et lui tenait à cœur «en visiteur» d'Oran et qui s'est muée en une sorte de challenge personnel pour lui aujourd'hui qu'il est wali de cette ville, répliqué : «Oui, il y en a une : la réalisation d'une autoroute Sud-Ouest». Et d'expliciter : «Quand je venais souvent à Oran, je ne pouvais me libérer d'une pensée récursive et presque obsessionnelle, en l'occurrence que je devais toujours passer bon gré mal gré par le Nord pour me rendre en chef-lieu. Je m'imaginais emprunter un trajet virtuel via le côté sud pour rejoindre la ville côté ouest, non sans me poser la question pourquoi n'a-t-on pas songé à un tel itinéraire apparemment si évident. Et maintenant que je suis wali d'Oran, j'y songe. Très sérieusement même. Je vais m'y mettre bientôt. Voyez-vous, une autoroute qui passe par l'arrière-pays de la ville côtière pour nous emmener à l'autre bout via un chemin excentré et peu fréquenté loin de la circulation étouffante et accablante de la ville côté mer. Une nouvelle rocade de 15 à 20 kilomètres qui ouvrira sur son passage des perspectives pour toute une région en retrait, y apportera une nouvelle dynamique socioculturelle et insérera des espaces jusque-là marginalisés dans le développement local. Car la route est bien plus qu'une voie de transport et de communication, c'est aussi un vecteur d'intégration régionale et de développement socioéconomique. C'est également un instrument d'équilibrage du territoire, y compris à l'échelle interne d'une même wilaya. C'est cela mon idée-force, ma vision, en ce qui concerne ce projet d'une boucle autoroutière Sud-Ouest pour Oran », avait expliqué Samir Chibani. UNE ÉTUDE DU CTTP PRESQUE FIN-PRÊTE Inachevée et non bouclée en raison du gel de sa deuxième partie, la 2ème rocade-sud ou ce qui est plus connu sous le nom du 5ème boulevard périphérique, a été l'un des dossiers plaidés avec vigueur par la wilaya devant le ministre des Travaux publics et des Infrastructures de base lors de sa visite à Oran début août dernier, à l'occasion de la rituelle cérémonie du couper du ruban de la pénétrante portuaire pour sa mise en service. Ayant déjà eu l'accord de principe du Premier ministère pour l'inscription de la 2ème tranche de cette 5ème couronne autoroutière la plus excentrique censée relier d'un seul trait l'Est à l'Ouest du Grand Oran, la wilaya sous l'ex-wali Saïd Sayoud a saisi la balle au rebond pour aller de l'avant dans ce dossier en sollicitant l'appui et le soutien du ministre du secteur afin de faire aboutir la démarche. Réceptif à l'appel, Lakhdar Rakhroukh a promis de faire de son mieux à cet effet, non sans insinuer que la question ne dépendait pas de lui seul. Entretemps, la DTP de wilaya d'Oran avait lancé une étude globale et approfondie relative à la 2ème section de cette boucle Est-Ouest d'Oran, acte préalable sans lequel l'opération n'aura aucune chance d'être prise en considération dans les procédures de budgétisation. Il faut rappeler que ce projet de 5ème périphérique, inscrit dans le cadre du PCSC exercice 2011, a pour vocation de relier les différentes communes de la région par la bretelle autoroutière d'Oran, d'assurer le raccordement avec la liaison autoroutière entre le port d'Oran et Canastel, de connecter l'est à l'ouest d'Oran, en desservant 7 agglomérations (Misserghine, El Kerma, Sidi Chahmi, El Braya, Hassi Bounif, Sidi El-Bachir et Belgaïd). Il faut savoir aussi que l'AP final de ce projet avoisine les 1.100 milliards de cts, rien que pour son premier maillon Bir El Djir-El Kerma. LE PLUS PRÈS DE L'AÉROPORT POUR PASSER LE PLUS LOIN DE LA SEBKHA Concernant l'étude de la 2ème tranche, confiée à l'Organisme national de contrôle technique des travaux publics (CTTP), il s'agit de la conception d'un tracé autoroutier de 14 km entre El Kerma, où se termine la première section déjà en service depuis 4 ans, et Misserghine, et ce pour boucler la boucle et relier ainsi les deux extrémités du Grand Oran. Pour mieux comprendre le mobile et l'enjeu de cette étude, il faut rappeler que seule la première tranche longue de 21 km du 5ème périphérique, d'un tracé total de 35 km, a été réalisée et ouverte à la circulation à la mi-2020. Ce segment initial s'étend de Bir El-Djir à El Kerma à hauteur du marché de gros de fruits et légumes, où un carrefour en feuilles de trèfle a été aménagé pour les besoins d'interconnexion de cette nouvelle desserte avec la RN4 et l'Autoroute Est/Ouest. Le reste du projet, c'est-à-dire le 2e tronçon El Kerma-Misserghine, sur 14 km, a été carrément gelé au fort de la conjoncture d'austérité d'alors. Menée à bout au forceps, non sans bouffer plus d'argent qu'il n'en fallait à la faveur d'avenants en cascade, et « amputée » par-dessus le marché d'une partie de son corps, la 2e rocade d'Oran a connu la mi-juillet 2020 une cérémonie pompeuse de couper du ruban comme pour fêter une prouesse, qui n'en était pas loin s'en faut. Puis rien ou presque : des installations complémentaires en net déphasage, un entretien « à minima » et, pour finir, un trafic au compte-gouttes. Sans qu'on ait besoin de recourir à un comptage automatique de véhicules, il est clair à vue d'œil que le flux sur le 5e « périph » est jusqu'ici insignifiant par rapport au gabarit de cette liaison autoroutière et à ses objectifs. Cette boucle, qui n'en est pas encore puisqu'étant à moitié réalisée, dont on attendait surtout un effet désengorgeant et un rôle d'axe structurant de la zone d'expansion urbaine et économique de l'agglomération d'Oran, orientée vers sa zone Est, a plus que déçu. LA 2ème ROCADE JUSQU'ICI : UN TRAFIC DE CV POUR UN GRAND PÉRIPH Sans vouloir caricaturer, on a là sur ce grand périph au statut de voie express la plus excentrée du réseau autoroutier local, un trafic de chemin vicinal de rase campagne. Un gros investissement pour un si petit impact. Il est évident que tout cela est dû à l'inachèvement de cette infra, qui attend toujours « sa suite » pour remplir la fonction pour laquelle elle a été conçue à l'origine. Le lancement d'une étude pour la 2ème tranche du projet est un pas positif dans ce sens. Un pas positif, sans plus. Il faut en effet temporiser et ne pas s'emballer car entre l'étude et l'inscription de l'opération, il y a loin de la coupe aux lèvres. Bien de programmes, tous secteurs et chapitres confondus, avec études ficelées, traînent au fond d'un tiroir faute d'un quitus des instances financières centrales. Et les organismes étatiques solliciteurs de ces opérations d'investissement public ont beau en demander l'inscription en réalisation, alors même que leurs études de maturation ont été validées et approuvées, ils peuvent toujours courir le plus souvent. Ce n'est pas un secret de Polichinelle : le processus de budgétisation d'un programme public a d'autant moins de chances d'aboutir que son coût financier est élevé. Justement, l'un des éléments qui sera fixé par l'étude de la 2e tranche du 5ème périph, le coût estimatif du projet, ou le devis. Selon nos sources, l'étude n'aura pas été une chose aisée, dans la mesure où il est question d'un passage obligé du tracé de 14 km de très près de la Grande Sebkha d'Oran et du périmètre de sécurité de l'Aéroport international Ahmed Ben Bella. Aux dernières nouvelles, une réunion a été tenue il y a quelques jours entre les responsables du projet (notamment la DTP en tant que maître d'ouvrage délégué et le CTTP en qualité de maître d'œuvre) et les représentants de l'entreprise gestionnaire de l'Aéroport international Ahmed Ben Bella, au terme de laquelle « un accord sous réserves » a été donné pour faire passer le tracé de l'autoroute à proximité du périmètre de sécurité de l'aéroport. Un tel passage au plus près de ce périmètre qui a offert aux concepteurs de l'étude une plus grande marge de manœuvre par rapport au contournement du site de la zone humide par la ligne géométrique de la voie autoroutière et donc forcément le choix d'une variante plus avantageuse financièrement. UN GROS ENJEU ET DES PERSPECTIVES LOINTAINES Selon les mêmes sources, les études techniques tirent à leur fin (présentation du projet et études de trafic, géométrie de la route, dimensionnement des terrassements et corps de chaussées ). La nécessité de mettre en place cette rocade Sud-Ouest va bien au-delà du simple besoin de transport-mobilité entre ces deux sous-régions du territoire de wilaya et présente un enjeu plus global et stratégique : l'équilibre territorial. L'analyse des disparités de développement territorial de la wilaya d'Oran met en évidence, en effet, notamment un déséquilibre criard entre les deux régions Nord-est et Sud-ouest, en défaveur de cette dernière. Cela ressort d'un diagnostic des inégalités territoriales sociales et économiques des communes nord-est et sud-ouest, sur la base d'une analyse descriptive et statistique mettant en exergue la répartition des données socioéconomiques et l'évolution de la configuration territoriale de ces communes. Couvrant une superficie de 2.121 km² et bordée au nord par la mer Méditerranée, qui lui a imposé une certaine monopolisation (ou centralité) territoriale, la wilaya d'Oran occupe certes une position stratégique et se discrimine nettement des autres wilayas de la région, au plan paysager, potentialités et ressources, mais souffre clairement d'un certain déséquilibre territorial, d'ordre socioéconomique au premier chef. Ce déséquilibre s'accentue et s'intensifie à l'échelle réduite du Groupement d'Oran (Oran-Bir El Djir-Es-Sénia). |
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