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Biotechnologie marine: Une filière en quête de financement

par M. Aziza

Avec plus de 200 usines et laboratoires qui activent localement, l'Algérie s'est hissée parmi les principaux producteurs pharmaceutiques d'Afrique, tout en répondant à 70% des besoins du marché, notamment en médicament générique. Néanmoins, l'industrie des médicaments a encore du chemin à parcourir notamment en matière de fabrication locale de la matière première. Les pouvoirs publics aspirent non seulement à réduire la facture d'importation des produits pharmaceutiques, mais également des matières premières avec l'idée de les produire localement. Et ce, pour assurer la sécurité sanitaire. L'utilisation de la biotechnologie marine ou des bio-ressources marines est une alternative assez intéressante car elles peuvent être exploitées pour le développement de produits innovants dans différents domaines.

Entre autres, la pharmacologie, la médecine, le cosmétique, l'industrie alimentaire et l'aquaculture. Bien que la biotechnologie marine soit une filière naissante en Algérie, «nous avons beaucoup d'entreprises qui produisent de la spiruline, qui utilisent des algues pour les transformer», nous dira l'expert référent dans la recherche, l'innovation et dans l'entrepreneuriat et membre de l'équipe du projet de l'économie bleue, Boukhalfa Khemnou. Et ce, en marge de l'atelier dédié à la restitution de l'étude «Diagnostic du potentiel de développement de la filière de biotechnologie marine en Algérie», élaboré dans le cadre du programme Economie bleue Pêche et Aquaculture. Un programme financé par l'Union européenne et exécuté en partenariat avec le ministère de l'Agriculture, développement rural et la pêche. M. Khemnou a souligné qu'«il y a tout même un engouement pour ce genre d'activités notamment de la part des jeunes universitaires dans le domaine de la biologie et ressources marines», précisant qu' «il y a un véritable potentiel, notamment sur la partie algues et le coproduit de la pêche et la transformation qui peut être issue de la pêche en Algérie». Mais, souligne-t-il «il y a un travail important qui doit se faire notamment la mise en place d'un cadre légal adapté, le renforcement des capacités des acteurs académiques sur la partie recherche et l'accompagnement des start-up qui commencent à investir dans ce créneau».

Et d'affirmer que la santé et le bien-être est le secteur qui consomme pratiquement le tiers des ressources marines pour la production des produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques, ainsi que les cosmétiques. L'objectif principal est de produire la matière première issue des ressources marines. Sachant que le secteur pharmaceutique importe beaucoup de matière première pour la production des médicaments, atteste-t-il. Le développement de cette filière, dit-il, va nous permettre de réduire cette dépendance à l'importation. Et d'affirmer que deux ou trois entreprises pharmaceutiques sont déjà intéressées par le développement de cette filière, en citant, entre autres, Biopharm. Il souligne que certaines se sont déjà lancées dans des projets d'exploitation des ressources dans leur production. L'expert a précisé que les mécanismes d'accompagnement des acteurs économiques existent (les incubateurs, les appuis institutionnels, les fonds d'appui au financement). Et de souligner que «nous avons des capacités de formation très intéressantes qu'il faut juste renforcer. Mais, précise-t-il, «dans certains domaines d'investissement assez important qui nécessitent des financements conséquents, les banques par exemple sont un peu frileuses car le facteur risque est important».

Donc, dit-il, on doit œuvrer pour associer aux mécanismes de financement classique le crédit bancaire, les mécanismes de capital risque, et les instruments de garantie pour mettre à la disposition des investisseurs des moyens pour leur garantir une réduction des risques. Notre interlocuteur a affirmé que quelques actions, dans le cadre du programme bleu, ont été déjà entamées pour développer cette filière. Il dira : «Nous sommes en train de professionnaliser l'offre de formation sur les bio-industries et biotechnologie marine qui sont développées à Oran. Et d'ajouter : «On va également entamer dans quelques semaines, un appui pour les acteurs de la recherche au niveau du pôle Ouest (Oran et Tlemcen)». Autrement dit, dit-il, «on va travailler pour faire monter en compétence dans le domaine de la recherche de biotechnologie marine, en impliquant les start-up, les entreprises, notamment celles qui existent déjà ou qui développent des produits issus de la ressource marine». Et ce, pour mettre en place de manière réelle et effective cette collaboration entre l'entreprise et l'université. A noter que l'ensemble des intervenants ont insisté sur la nécessité de mettre en place un cadre législatif et réglementaire adapté à la filière.