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Pourquoi l'eau a été au
centre de la première rencontre du wali Samir Chibani
avec la presse locale ? Réponse «réflexe» : parce que l'eau est au centre de
gravité des problèmes d'Oran. Réponse «réfléchie» : parce l'eau est le
substantiel d'un engagement à honorer à brève échéance ayant trait au programme
présidentiel sur la sécurité hydrique. En clair, le nouveau chef de wilaya
voulait passer des messages. En externe plus qu'en interne a priori.
«C'est là à grand trait la quintessence de mon propos devant vous aujourd'hui et j'espère que nous allons nous entraider à cet effet», a-t-il résumé en fin de son intervention, qui s'était déclinée sous forme d'une allocution au pupitre -assez focalisée sur le thème lié à l'eau- suivie d'une courte séance de question/réponse sur des sujets divers. «Les médias jouent un rôle prépondérant dans le processus de gouvernance territoriale, en informant les citoyens sur les actions des institutions publiques tout en éclairant les pouvoirs publics eux-mêmes sur les problèmes des citoyens. Ils sont à la fois des éclaireurs et des guides pour l'action institutionnelle», a-t-il remarqué au préambule de son propos comme pour défricher le terrain à son appel solennel qu'il émettra au fil du discours à l'endroit de la même presse pour qu'elle fasse œuvre de partenaire dans la prise en charge de la problématique liée à l'alimentation en eau d'une manière générale. «Quelle que soit l'ampleur des programmes et des projets réalisés, cela nécessite toujours une adaptation des efforts en fonction de l'évolution des données et des objectifs Nous avons appris dans les premiers cours d'économie que toute la problématique découle du fait qu'on ait des besoins humains illimités face à des biens limités. Cela est valable évidemment pour l'eau, qui plus est, a tendance à tarir », a analysé M. Chibani. DES SOUCIS EN DERNIÈRE LIGNE DROITE ET DES APPELS À CONTRIBUTION Lorsqu'il en est arrivé à aborder le sujet axial de la station de dessalement de l'eau de mer (SDEM) de Cap Blanc, le ton du tout nouveau gouverneur de la 2ème ville du pays est devenu soudain nettement plus grave, laissant transparaître un certain sentiment d'appréhension, d'inquiétude même, chez l'orateur. Cela a-t-il a à voir avec certaines sources de soucis, tels que d'éventuels dysfonctionnements dans le système décisionnel intersectoriel ou, plus concrètement, de probables opérations qui tardent à voir le jour pour boucler la boucle du projet ? Des aspects qui relèveraient a priori d'un dispositif de gestion centralisé et qui sont donc indépendants de la volonté du wali -ou plutôt des walis puisqu'il s'agit là d'une SDEM régionale qui profitera à 4 wilayas- qui soient en tout cas susceptibles d'en compromettre l'échéance de mise en exploitation fixée pour le 31 décembre ? Aussi, le message émis dimanche par voie médiatique interposée par le haut commis d'Etat en charge d'Oran, Samir Chibani, dans sa section à destination d'Alger, était-il à mi-chemin entre le message administratif net et explicite et le message politique nuancé et codé. En tout état de cause, on retiendra des éclairages succincts donnés dans ce chapitre précis par le successeur de Saïd Sayoud à la Résidence d'El-Bahia qu'il avait déjà pris langue avec les ministres concernés par le projet de la station de dessalement de Cap Blanc (Ndlr : en référence au ministre de l'Energie et au ministre des Ressources en eau) à propos de certains aspects élémentaires relevant de cette opération et qu'il était en attente de leur visite sur site pour mettre les points sur les i et prendre des décisions sous le sceau de l'urgence. LES MINISTRES DE L'ENERGIE ET DES RESSOURCES EN EAU ATTENDUS À ORAN EN URGENCE La présence, en même temps et sur les lieux mêmes, des deux premiers responsables des secteurs de l'Energie et de l'Hydraulique devra permettre aux services techniques de leurs départements ministériels respectifs d'évaluer de visu la situation actuelle et de fixer en conséquence un planning et un calendrier précis pour l'achèvement du projet, a expliqué en substance le wali d'Oran. Ceci alors qu'il s'est avéré que la situation très difficile et non moins délicate que vit depuis plusieurs années déjà la wilaya d'Oran en matière hydrique s'est relativement accentuée par la survenance d'une déperdition massive de l'ordre de 7.000 m3 par jour (ce volume déjà terrible substantiellement et financièrement est susceptible d'augmenter au fil des jours si la situation venait à perdurer) due à 4 grosses fuites sur un total de 9 au niveau de la canalisation d'AEP de Tafna (69 km) qui approvisionne Oran via la station de dessalement de Chatt El-Hillal (Aïn Témouchent), l'une des principales sources d'alimentation en eau potable de la capitale de l'Ouest. Mise en place en 1991 pour le transport des eaux à partir du bassin hydrographique d'Oued Tafna et des barrages de Béni Bahdel et de Boughrara, cette conduite n'est pas adaptée à l'eau de mer dessalée, ce qui en a fait une ligne vulnérable depuis son basculement partiel vers la SDEM d'Aïn Témouchent. Et cela explique en grande partie les pannes récurrentes qui y surviennent ainsi que les fuites en cascade, dont quatre localisées sur le tronçon Oran. ANCIENNE CANALISATION AEP DE TAFNA : PLAN D'URGENCE POUR STOPPER L'HÉMORRAGIE Le wali d'Oran a indiqué à ce propos qu'il a finalisé avec son homologue de la wilaya d'Aïn Témouchent un plan d'intervention en urgence pour la réparation et la rénovation de cette conduite, avec en prime le colmatage de l'ensemble des fuites recensées. Les travaux d'entretien débuteront dès le 20 décembre et nécessiteront une coupure technique d'alimentation en eau de 5 jours tout au plus, selon ce qu'a précisé encore le wali d'Oran, qui a souligné que «de telles interventions s'inscrivent dans une démarche proactive pour garantir une gestion responsable de l'eau». Et c'est là justement la teneur de son message en interne diffusé via les canaux médiatiques. Ce plan B, pour reprendre M. Chibani, est inévitable pour l'heure en attendant l'entrée en matière de la SDEM de Cap Blanc -le plan A ou la solution radicale et pérenne- qui sera connectée à celle de Chatt El-Hillal via une nouvelle canalisation toute neuve sur une cinquantaine de km, dont 25 km entre Cap Blanc et Boutlélis. Un projet d'un coût estimatif de 12 milliards de DA qui n'est cependant pas encore inscrit. Et c'est là, semble-t-il, l'un des dossiers capitaux qui sera sur la table de la prochaine mission gouvernementale de haut rang annoncée par le wali d'Oran et qui ciblera la SDEM de Cap Blanc, mais plus globalement le secteur d'Hydraulique de la wilaya d'Oran et par effets de connexion géographique et de solidarité hydrique les collectivités territoriales qui lui sont contiguës (Aïn Témouchent, Sidi Bel-Abbès et Mascra en premier lieu). Un autre projet non moins important est également programmé au menu, à savoir les trois stations de traitement des eaux en voie d'achèvement et qui seront opérationnelles d'ici à 2025, avec, entre autres objectifs, le recyclage de 20% des eaux usées pour des usages agricoles et environnementaux. 1.200 MILLIARDS POUR UN PROJET DE LIGNE AEP NEUVE À INSCRIRE EN URGENCE Les travaux de la station de dessalement de Cap blanc ont enregistré un taux d'avancement de 89%, selon le wali Samir Chibani, qui avait, pour rappel, consacré sa première visite de terrain à ce projet d'envergure tant attendu par la population. Dans une déclaration à la presse, le responsable avait souligné le grand intérêt qu'accorde le chef de l'Etat à ce projet qu'il suit de très près. Le nouveau chef de l'exécutif local avait expliqué que les 11% restants du projet sont liés à quelques entraves ayant engendré des retards dans les délais de réception d'équipements importés, en raison d'une perturbation dans le transport maritime. Néanmoins, les autorités de la wilaya œuvrent activement à lever ces entraves. «Avec le concours de tous les acteurs concernés, dont l'entreprise gestionnaire du port d'Oran, nous sommes en train d'accélérer les procédures de dédouanement et autres pour réceptionner le matériel du dernier arrivage et le transférer aussitôt à l'usine en chantier», a assuré le wali. Il est à noter que sur fond de fortes perturbations du transport maritime international dues aux conflits géopolitiques mais également au changement climatique et étant donné le caractère éminemment stratégique et tout autant urgent du projet de réalisation de cinq stations de dessalement de l'eau de mer, le groupe Sonatrach avait décidé de recourir au transport aérien pour l'importation dans les plus brefs délais des matériels et des équipements des stations de dessalement. Ainsi, la compagnie nationale des hydrocarbures avait dernièrement réceptionné une nouvelle cargaison d'équipements destinés à la réalisation de cinq stations de dessalement dont celle de Cap Blanc ; une initiative dans le cadre du programme du président Abdelmadjid Tebboune pour renforcer la sécurité hydrique en Algérie. Ces stations, avec une capacité globale de 1,5 million de mètres cubes d'eau par jour, s'inscrivent dans un projet national visant à sécuriser l'approvisionnement en eau potable, particulièrement dans les zones côtières. LEVEE D'ENTRAVES POUR UN ACHEMINEMENT RAPIDE DES EQUIPEMENTS VERS LA STATION DE CAP BLANC Pour assurer le respect des délais de réalisation de ces projets vitaux, Sonatrach avait alors mis en place un pont aérien utilisant le plus grand avion-cargo du monde, l'Antonov AN-124. Ce pont aérien permet de transporter les équipements nécessaires aux sites de construction dans les meilleures conditions et dans les délais impartis, accélérant ainsi le processus de dessalement. La dernière cargaison réceptionnée à l'aéroport international Houari Boumediene pesait 49 tonnes, comprenant des stations isolées au gaz (GIS). Ainsi, ces équipements avaient été réceptionnés par des représentants des filiales de Sonatrach, l'Algerian Energy Company (AEC) et la Société algérienne de réalisation de projets industriels (SARPI). Sonatrach continue de suivre de près la progression de ces projets essentiels pour l'avenir hydrique du pays. Pour revenir au cas propre à la station de Cap Blanc, il faut savoir que la partie génie civile des travaux de réalisation de la station de dessalement de l'eau de mer de Cap blanc est achevée à presque à 100%. Avec la réception de cette unité, la quantité d'eau potable produite dans la wilaya d'Oran augmentera à 800.000 m3/j, ce qui est en mesure de résoudre définitivement le problème de l'eau à Oran. Le secteur de l'Hydraulique a bénéficié d'importants projets dont certains structurants dans le cadre des différents programmes initiés par le gouvernement. L'entrée en exploitation de ces projets est en mesure d'apporter des réponses définitives et globales aux problèmes liés aux besoins en eau dans les différents secteurs, y compris agricole. Parmi ces projets à caractère stratégique, le raccordement de la station de dessalement de Cap Blanc au réseau de distribution d'AEP s'inscrit dans le cadre de la politique du président de la République de généraliser les stations de dessalement le long du littoral et le transfert des eaux au profit des wilayas distantes des zones côtières de 150 km. Les responsables du secteur insistent sur le caractère stratégique du projet d'une capacité de 300.000 m3/j. En effet, la future station est en mesure de sécuriser l'alimentation en eau potable dans la wilaya d'Oran et de renforcer les ressources hydriques d'autres wilayas de l'Ouest. PROGRAMME PRÉSIDENTIEL, ENGAGEMENT LOURD ET ECHÉANCE PRESSANTE Le projet du réseau aval comporte 48 km de conduites, deux réservoirs, le premier d'une capacité de 50.000 m³ sera implanté à Aïn Tassa (commune d'Aïn El Karma) et le deuxième de 30.000 m3 à Bousfer (daïra d'Aïn El-Turck), en plus de deux stations de brise-charge. La station de Cap Blanc est destinée à alimenter une population de 3 millions de personnes. Le projet avance à la même vitesse que les autres stations en cours et il est en phase finale. Une fois le montage des équipements achevé, il sera procédé aux essais techniques et de performance afin que l'ensemble des aspects liés à la qualité de l'eau soient garantis. Malgré le recul de la pluviométrie à Oran, l'Etat a réalisé de grands investissements dans ce secteur, Oran est alimentée actuellement par la station de dessalement d'El Mactaa qui produit près de 400.000 m3/j et la station de Kahrama. Elle est également alimentée par une station de dessalement à Aïn Témouchent avec une quantité de 120.000 m³. Ces quantités demeurent toutefois insuffisantes par rapport aux besoins de la wilaya qui compte 2.5 millions d'habitants. De grandes quantités d'eau potable sont consommées dans le secteur industriel, Tosyali consommant à elle seule quelque 80.000 m³/j à titre d'exemple. |
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