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Alors
que le Kremlin laisse planer le doute sur le sort du président déchu, Bachar al-Assad, la Coalition de l'opposition en Syrie a
désigné Mohamed al-Bachir à la tête d'un «gouvernement de transition» en
remplacement de l'ancien Premier ministre Mohamed Ghazi Al-Jalali.
Depuis le renversement de l'ancien homme fort de Damas, une série d'autres
événements se sont produits. D'abord des décisions sécuritaires ont été prises
pour «garantir la sécurité des institutions», mais le plus important reste la
nouvelle position de Téhéran qui annonce des «contacts directs» avec
l'opposition. Al Jazeera rapporte que la désignation de
Mohamed al-Bachir, ingénieur de formation et ancien président du Gouvernement
de salut syrien (GSS) basé dans le gouvernorat d'Idleb,
s'est déroulée lors de la réunion qui l'a regroupé, lundi matin, avec le
«commandant des opérations militaires de l'opposition syrienne», Ahmed Al-Sharaa, dirigeant de Hayat Tahrir al-Sham
(HTS / HTC pour la transcription en anglais de Cham), anciennement affilé à
Al-Qaeda, et Mohamed Ghazi Al-Jalali, l'ancien
Premier ministre de Assad, qui a avait été maintenu dimanche à son poste pour
conduire les «affaires courantes».
Deux ministres de l'ancien gouvernement syrien ont appelé les fonctionnaires de ces deux départements à «rejoindre leurs lieux de travail comme d'habitude». Le ministre des Hydrocarbures a déclaré que les «lignes de transport fonctionneront comme d'habitude demain (mardi, ndlr) pour transporter les travailleurs au siège du ministère» et sur «les sites de production», ajoutant que la «protection nécessaire» leur sera garantie. Le ministre de la Santé du précédent gouvernement syrien a lui aussi appelé les fonctionnaires de son département «à fournir des services et à reprendre le travail dans les établissements de santé». Par ailleurs, une des premières décisions prises hier concerne «le retrait des groupes armés non autorisés à être présents à proximité des institutions officielles», rapporte Al Jazeera qui précise que «les forces de sécurité et les forces de police ont commencé à se déployer dans la capitale syrienne, Damas, pour protéger la sécurité et les institutions de l'État». Concernant le sort de Bachar al-Assad, la Russie a refusé, hier, de confirmer la présence du président déchu sur son sol, 24 heures après qu'une source au Kremlin avait annoncé le contraire. Selon l'AFP, la présidence russe «a refusé lundi de confirmer la présence de Bachar al-Assad en Russie, après que les agences de presse russes, citant une source au Kremlin, eurent indiqué que le dirigeant syrien y avait trouvé refuge avec sa famille». «Je n'ai rien à vous dire sur les allées et venues du président Assad», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précisant qu'«il n'y a pas de réunion (prévue entre MM. Poutine et Assad) dans l'agenda officiel du président» russe. Avant d'ajouter : «Le monde entier a été surpris par ce qui s'est passé. Nous ne faisons pas exception», rapporte encore l'AFP. L'Iran en «contact direct avec les rebelles du nouveau gouvernement syrien» De son côté, l'Iran, par la voix d'un «haut responsable», cité par Reuters, affirme avoir établi un «contact direct» avec les nouveaux maîtres de Damas. «L'Iran a ouvert une ligne de communication directe avec les rebelles du nouveau gouvernement syrien», a déclaré lundi à Reuters un «haut responsable iranien», dans le but de «prévenir une trajectoire hostile» entre les deux pays, ajoute la même source. Reuters ajoute que le haut responsable iranien a déclaré que «les dirigeants religieux iraniens, confrontés à la perte d'un allié important à Damas, au moment du retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, ont décidé d'ouvrir un dialogue avec les nouveaux dirigeants syriens». «Cet engagement est essentiel pour stabiliser les liens et éviter de nouvelles tensions régionales», a-t-il déclaré. Guterres : l'avenir de la Syrie doit être déterminé par les Syriens Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré, lundi, que «l'avenir de la Syrie doit être déterminé par les Syriens eux-mêmes», appelant la communauté internationale à aider le peuple syrien à réussir une transition politique inclusive et globale à même de répondre aux aspirations légitimes du peuple syrien, dans toute sa diversité, rapporte l'APS. Guterres a également réitéré son appel «au calme et à éviter la violence en cette période sensible, tout en protégeant les droits de tous les Syriens, sans distinction», insistant sur le respect de «l'inviolabilité des locaux et du personnel diplomatiques et consulaires, conformément au droit international». «Nous restons déterminés à aider les Syriens à construire un pays où la réconciliation, la justice, la liberté et la prospérité seront des réalités partagées par tous. C'est la voie vers une paix durable en Syrie», a-t-il ajouté. Par ailleurs, dimanche, à Doha, l'envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir O. Pedersen, avait déclaré, lors d'un point de presse, que la chute de Bachar al-Assad «marque un tournant dans l'histoire de la Syrie, une nation qui a enduré près de 14 ans de souffrances incessantes et de pertes indescriptibles». «L'envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie exprime une fois de plus sa plus profonde solidarité à tous ceux qui ont porté le poids de la mort, de la destruction, de la détention et d'innombrables violations des droits de l'homme», lit-on dans la déclaration de Pedersen qui souhaite, avec un «espoir prudent», «l'ouverture d'un nouveau chapitre, un chapitre de paix, de réconciliation, de dignité et d'inclusion pour tous les Syriens». Le Hamas et le Jihad islamique : «une affaire syrienne» Dans deux déclarations séparées, les principaux mouvements de la résistance palestinienne, ont estimé, lundi, que «les changements survenus en Syrie sont une affaire syrienne», tout en condamnant «les agressions de l'entité sioniste sur le sol syrien». Le Mouvement de résistance islamique (Hamas) a félicité, dans son communiqué, le peuple syrien «pour avoir réussi à réaliser ses aspirations à la liberté et à la justice», appelant «toutes les composantes du peuple syrien à unifier leurs rangs, à parvenir à une plus grande cohésion nationale et à surmonter la douleur du passé». «Nous sommes fermement aux côtés du grand peuple syrien, nous affirmons l'unité de la Syrie et l'intégrité de ses terres, ainsi que le respect de sa volonté, de son indépendance et de ses choix politiques», a déclaré le Hamas. Le Mouvement appelle également les Syriens à «surmonter tous les défis et de traverser cette étape délicate» pour «apporter la stabilité et la prospérité» au pays, «afin que la Syrie continue son rôle historique et central de soutien au peuple palestinien et de sa résistance», et «consolider son rôle de leadership des nations arabes et islamiques, ainsi qu'aux niveaux régional et international». Le Hamas a aussi exprimé sa condamnation «dans les termes les plus fermes» des «agressions brutales et répétées de l'occupation sioniste contre les terres syriennes». De son côté, dans une déclaration publiée sur la plateforme X, le secrétaire général du mouvement du Jihad islamique en Palestine, Ziyad al-Nakhalah, a affirmé que «les changements survenus en Syrie sont une question syrienne et sont liés aux choix du peuple syrien frère». «Le mouvement Jihad espère que la Syrie restera un véritable partisan du peuple palestinien et de sa juste cause, comme elle l'a toujours été», ajoute le SG du Jihad islamique qui avait, la veille, condamné «l'expansion de l'occupation par l'armée sioniste sur le territoire syrien et les raids barbares qu'elle lance sur la capitale syrienne, Damas, et dans d'autres régions de Syrie». |
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