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Près de 14 ans depuis les
premières manifestations populaires en Syrie, Bashar
al-Assad fuit le pays, entraînant ainsi la chute de son régime, après deux
semaines d'avancées des troupes armées de la «Coalition syrienne des forces de
l'opposition et de la révolution». Cette dernière affirme qu'elle travaille à
la «formation d'un organe directeur de transition doté des pleins pouvoirs
exécutifs», ajoutant sa disposition à «établir des partenariats stratégiques
avec les pays de la région et du monde».
Ci-après le film des événements depuis les premières informations sur la fuite, dimanche, de l'ancien homme fort de Damas. La chute de Bashar al-Assad était quasiment annoncée plusieurs jours auparavant, soit dès la prise de plusieurs gouvernorats du pays par les troupes armées de la «Coalition syrienne de l'opposition». Une opération qui s'est déroulée sans une réelle résistance de l'armée syrienne. L'avancée a commencé depuis les gouvernorats d'Alep, de Raqqa, et de Deir ez-Zor, dans le nord-est du pays. Avant de s'étaler à Idleb et Hama (à l'ouest). Dans une seconde étape, ce sont les gouvernorats du sud-ouest, Deraa, Qouneitra et Soueïda qui ont été pris aux militaires de Assad, également sans résistance consistante. C'est à partir de la prise de Rif Dimashq (la Campagne de Damas) au sud de la capitale, dans la nuit de samedi à dimanche, que le compte-rebours de la chute de Bashar al-Assad a été déclenché. A ce moment, des informations ont fait état du retrait, par dizaines de camions, des officiers et soldats de l'armée syrienne, fuyant vers l'ouest sur la côte Méditerranée (Tartous et Lattaquié). Avant la dernière étape, qui a été la chute de Damas avant l'aube de dimanche, les insurgés syriens annoncent, peu après minuit, la prise de contrôle de la prison centrale de Homs et la libération de centaines de prisonniers, ensuite «plus de 3.500 prisonniers de la prison militaire de Homs». L'opposition armée syrienne a déclaré, plus tard, rapporte Al Jazeera', avoir réussi à «libérer» quatre villes en 24 heures, à savoir : Daraa, Qouneitra, Soueïda et Homs. Militairement, Damas est tombée entre les mains des insurgés vers 3h (localement), avec le retrait étonnant des forces armées syriennes. Une heure et demie plus tard, les troupes de l'opposition armée sont dans le centre de la capitale «à la recherche de Bashar al-Assad», plus précisément dans le quartier résidentiel «Al-Maliki». Vers 4h, la prison de Saidnaya, à Rif Dimashq est prise d'assaut, immédiatement après la prison municipale d'Al-Nabk, dans la même région, et la libération de centaines de prisonniers. Des images diffusées par Al Jazeera', au moment de l'ouverture des cellules de la prison de Saidnaya, montrent des femmes et des enfants. S'ensuit alors le contrôle du bâtiment de la radio et de la télévision syriennes. Au même moment, Al Jazeera' fait état «d'affrontements et de tirs d'armes automatiques à proximité de la ville de Sayyida Zeinab, au sud de la capitale Damas». Bashar al-Assad quitte la Syrie «vers une destination inconnue» La fuite du désormais ex-président syrien est d'abord donnée par Reuters, vers 5h du matin (heure locale). L'information a vite fait le tour des réseaux sociaux, et des manifestations sont annoncées à la place des Omeyyades, au centre de la capitale syrienne, Damas. L'opposition armée syrienne déclare, vers 6h : « le peuple syrien libre a renversé Bashar al-Assad », confirmant aussi le retrait des officiers et des membres du régime du siège de l'état-major général à Damas. L'ancien Premier ministre Mohamed Ghazi Al-Jalali annonce, à son tour, que lui est son gouvernement sont prêts à «coopérer avec toute direction choisie par le peuple». «J'espère que tous les Syriens penseront rationnellement aux intérêts de leur pays. Nous tendons la main à tous les citoyens syriens soucieux de préserver les capacités du pays. Nous pensons que la Syrie appartient à tous les Syriens. Nous sommes prêts à coopérer avec toute direction que choisira le peuple», s'est-il adressé au peuple syrien dans un message vidéo depuis son domicile, appelant également à «ne pas toucher aux biens publics». En outre, dans une déclaration adressée aux factions de l'opposition armée qui entrent à Damas, le «commandant des opérations militaires de l'opposition syrienne», Ahmed Al-Sharaa, ancien membre d'Al-Qaeda, connu sous le nom d'Abou Mohamed Al-Joulani, appelle à «ne pas s'approcher des institutions publiques qui resteront sous la supervision de l'ancien Premier ministre jusqu'à ce qu'elles soient officiellement remises aux nouvelles autorités». Les principaux alliés de Bashar al-Assad ne réagissent que dans l'après-midi. D'abord, la Russie, par la voix de son ministère russe des Affaires étrangères qui a déclaré, vers 13h, que : «Bashar al-Assad avait décidé de quitter son poste et de quitter le pays à la suite de négociations avec un certain nombre de participants au conflit armé», rapporte Al Jazeera. Le ministère russe des Affaires étrangères a ajouté qu'il était «en contact avec toutes les factions de l'opposition syrienne» et a appelé «au respect des opinions de toutes les composantes de la société». Moscou a également appelé au lancement d'un «processus politique conformément à la résolution 2254, adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU», indiquant, en outre, que ses bases militaires en Syrie «sont en état d'alerte maximale» et qu'il n'y a «aucune menace sérieuse pour leur sécurité». Vient ensuite la réaction de l'Iran qui, également à travers son ministère des Affaires étrangères, affirme sa «ferme position en faveur du respect de l'unité, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Syrie». «C'est au peuple syrien de déterminer le sort de son pays, à l'abri de toute ingérence de sabotage ou de diktats étrangers», ajoute Téhéran, qui assure qu'elle n'épargnera aucun effort pour «contribuer à instaurer la sécurité et la stabilité en Syrie, pays influent dans la région». Turquie : «Des millions de Syriens peuvent rentrer chez eux» Principal acteur dans la chute de Bashar al-Assad, à travers le soutien militaire accordé à la «Coalition syrienne des forces de l'opposition et de la révolution», la Turquie se réjouit que des «millions de Syriens vont pouvoir rentrer chez eux». Lors d'une conférence de presse organisée hier à partir de Doha (Qatar), le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré que «la fin de la période d'instabilité qui a duré 14 ans» qu'a vécue la Syrie, «permettra à des millions de Syriens, obligés de fuir leur pays, de pouvoir y revenir». Fidan a appelé «toutes les parties» à éviter «toute vengeance» et à «œuvrer à l'unité et la stabilité de la Syrie, ainsi que la protection des institutions de l'Etat». Cependant, le MAE turc a exprimé des inquiétudes que «les organisations terroristes, Daech et le PKK» vont «utiliser cette situation pour créer le chaos». «Nous aurons des discussions avec la nouvelle Administration américaine élue, qui connaît notre sensibilité et notre position sur la question du PKK», a-t-il ajouté. Interrogé sur les «Forces démocratiques syriennes» (FDS ou QSD), Fidan affirme qu'il n'y aura «pas de discussions avec eux». «Il n'y a pas parmi eux des Syriens. Il y a des Iraniens et des Turcs (allusion aux séparatistes kurdes, ndlr). Ce sont des groupes terroristes». Interrogé aussi sur comment vont être organisées les relations entre toutes les factions de l'opposition syrienne, le MAE de la Turquie affirme qu'elles «ont des mécanismes de coordination, qu'elles vont améliorer, dans les jours à venir, afin d'inclure les autres parties (de l'opposition, ndlr)». A une question de CNN, sur la destination de Bashar al-Assad, Fidan répond : «Il est quelque part, mais je ne peux pas commenter à ce sujet». Couvre-feu à Damas : Israël bombarde une base aérienne à Soueïda Vers 12h (GMT), «deux grandes explosions» ont été entendues «dans le quartier région d'Al-Mazzeh», au sud de la capitale syrienne, a annoncé en direct le correspondant d'Al Jazeera. Au même moment, le Blog Live d'Al Jazeera Arabic (AJA) annonce, citant des médias israéliens, qu'il s'agissait de «frappes aériennes israéliennes». La même source a ajouté que «Reuters a cité des sources de sécurité libanaises et syriennes affirmant que des frappes aériennes israéliennes présumées avaient visé dimanche le quartier de Mazzeh», ainsi que «la base aérienne de Khalkhala, dans le sud de la Syrie, que l'armée avait évacuée dans la nuit». «Les deux sources sécuritaires régionales ont indiqué qu'au moins 6 frappes ont touché la principale base aérienne située au nord de la ville de Soueïda, qui contient un important stock de roquettes et de missiles abandonnés par les forces syriennes», ajoute AJA. Pour sa part, l'Autorité israélienne de radiodiffusion a rapporté que l'armée sioniste avait attaqué des dépôts d'armes dans le sud de la Syrie et dans la zone de l'aéroport de Damas, de peur qu'ils ne tombent entre les mains des insurgés. Vers 14h (localement), le commandement des opérations militaires de l'opposition a annoncé un couvre-feu dans la ville de Damas devant être en vigueur entre «4h de l'après-midi à 5h du matin». Plus tard, le correspondant d''Al Jazeera' a confirmé «qu'un important convoi des forces du commandement des opérations militaires de l'opposition entrait dans la capitale pour la sécuriser», précisant que ce convoi comprenait «des forces d'élite et des forces de l'ordre». |
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