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Amnesty International: «Israël commet, avec intention, un génocide à Ghaza»

par Mohamed Mehdi

Vendredi, 427e jour de l'agression contre Ghaza, le nombre de victimes de la barbarie israélienne, soutenue par les Etats-Unis, s'est élevé à 44.612 martyrs et 105.834 blessés, a indiqué, hier, le ministère de la Santé de l'enclave assiégée. La même source a fait état également d'un bilan de 32 martyrs et de 95 blessés dans les 3 massacres enregistrés lors des précédentes 24 heures.

Important à souligner, le rapport statistique du ministère de la Santé a indiqué que le nombre de victimes des bombardements sionistes «ne prend pas en compte les martyrs et les blessés évacués vers les hôpitaux du nord de Ghaza, en raison de la difficulté d'obtenir des informations». Notant également qu'un «certain nombre de victimes se trouvent toujours sous les décombres et sur les routes», et que «les ambulances et les équipes de la protection civile ne peuvent pas les atteindre».

Jeudi, Amnesty International a rendu public un rapport d'enquête concluant «qu'Israël a commis et continue de commettre un génocide contre les Palestiniens et Palestiniennes dans la bande de Ghaza occupée».

Intitulé ««On a l'impression d'être des sous-humains». Le génocide des Palestiniens et Palestiniennes commis par Israël à Ghaza», le rapport d'Amnesty établit que, «dans le cadre de l'offensive militaire qu'il a lancée à la suite des attaques meurtrières du Hamas dans le sud de son territoire le 7 octobre 2023, Israël a fait impudemment subir aux Palestiniens de Ghaza un déchaînement de violence et de destruction permanent, en toute impunité». «Nos conclusions accablantes doivent sonner comme un signal d'alarme pour la communauté internationale : il s'agit d'un génocide, qui doit cesser immédiatement», ajoute Amnesty qui rappelle aux «États qui continuent à l'heure actuelle de transférer des armes à Israël» qu'ils «violent leur obligation d'empêcher le crime de génocide et qu'ils risquent de devenir complices de ce crime».

«Tous les États ayant une influence sur Israël, en particulier les principaux fournisseurs d'armes comme les États-Unis et l'Allemagne, mais aussi certains autres États membres de l'Union européenne, le Royaume-Uni et d'autres pays, doivent agir sans délai pour mettre immédiatement un terme aux atrocités commises par Israël contre les Palestiniens et Palestiniennes de Ghaza», lit-on dans le document de près de 300 pages.

Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International, a déclaré que les recherches de l'ONG révèlent que, «pendant des mois, Israël a persisté à commettre des actes génocidaires, en ayant pleinement conscience des préjudices irréparables qu'il infligeait aux Palestiniens de Ghaza», que l'entité sioniste «a continué de le faire malgré les innombrables alertes sur la situation humanitaire catastrophique et en dépit des décisions juridiquement contraignantes de la Cour internationale de justice (CIJ) lui ordonnant de prendre des mesures immédiates pour permettre la livraison d'aide humanitaire à la population civile».

Sur la démarche des enquêteurs, Amnesty affirme avoir «examiné avec soin» les actes israéliens à Ghaza, «prenant en compte leur récurrence et leur simultanéité, ainsi que leurs effets immédiats et leurs conséquences cumulées». «L'organisation a tenu compte de l'ampleur et de la gravité du bilan humain et des destructions au fil du temps. Elle a aussi analysé les déclarations publiques des autorités, ce qui l'a amenée à conclure que les actes interdits avaient souvent été annoncés ou réclamés en premier lieu par des responsables haut placés en charge de l'effort de guerre», note le document.

«Compte tenu du contexte préexistant de spoliation, d'apartheid et d'occupation militaire illégale dans lequel ces actes ont été commis, une seule conclusion raisonnable est possible : ce que vise Israël est la destruction physique des Palestiniens de Ghaza, que ce soit parallèlement à son objectif militaire d'élimination du Hamas ou comme moyen d'y parvenir», a déclaré Agnès Callamard.

Amnesty estime aussi que «les atrocités criminelles commises le 7 octobre 2023 par le Hamas et d'autres groupes armés contre des Israéliens et des victimes d'autres nationalités, telles que les massacres et les prises d'otages, ne sauraient en aucun cas justifier le génocide des Palestiniens et Palestiniennes commis par Israël à Ghaza». Le rapport montre «qu'Israël a délibérément imposé à la population palestinienne de Gaza des conditions de vie destinées à entraîner, à terme, sa destruction», par : «la dégradation et la destruction d'infrastructures vitales», «l'utilisation répétée d'ordres d'»évacuation» massive draconiens, arbitraires et trompeurs», «l'interdiction ou l'obstruction de l'acheminement de services essentiels, d'aide humanitaire et d'autres produits vitaux vers la bande de Ghaza et au sein de celle-ci».

En totale impunité : Israël continue de bombarder les hôpitaux

Jeudi, le jour même de la publication du rapport d'enquête d'Amnesty International, et vendredi, l'armée israélienne a bombardé les environs immédiats de l'hôpital Kamal Adwan, un établissement déjà ciblé 5 fois lors de la journée de mercredi, faisant des dizaines de martyrs et de blessés. Il s'agit là d'un comportement génocidaire d'Israël clairement en relation avec le feu vert que lui accordent les Etats-Unis dont le Département d'Etat a rejeté, jeudi, le rapport d'Amnesty International. «Nous avons déjà déclaré et continuons de constater que les allégations de génocide sont sans fondement», a déclaré jeudi le porte-parole du département d'État, Vedant Patel, aux journalistes, qualifiant d'«opinion» le rapport d'Amnesty. Jeudi, donc, le ministère de la Santé de Ghaza a rapporté que l'hôpital Kamal Adwan a été pris pour cible par des drones des forces d'occupation, entraînant la mort d'un enfant et blessant des membres du personnel médical et des patients. «Le martyr Mahmoud Abu Al-Eish, 16 ans, était un patient en fauteuil roulant et se rendait au service de radiologie», a ajouté le communiqué du ministère.

Vendredi, c'était au tour du directeur de l'hôpital Kamal Adwan, Dr. Hussam Abou Safiya, de décrire la situation à l'intérieur et autour de l'établissement. «Il y a un grand nombre de martyrs et de blessés, dont 4 martyrs du personnel médical de l'hôpital, et il n'y a plus de chirurgiens. La seule équipe médicale qui effectuait les opérations était la délégation médicale indonésienne, et elle a été la première à être contrainte de partir pour le checkpoint», a-t-il déclaré dans une publication du ministère de la Santé de Ghaza.

«Au début, il y a eu une série de frappes aériennes sur les côtés nord et ouest de l'hôpital, accompagnées de tirs intenses et directs, qui heureusement n'ont fait aucune victime à l'intérieur de l'hôpital. Ensuite, nous avons été surpris lorsque deux personnes sont entrées dans l'hôpital, portant un haut-parleur. Ils m'ont ordonné d'évacuer tous les patients, les personnes déplacées et les membres du personnel médical. Ils ont évacué tout le monde vers la cour de l'hôpital et les ont emmenés de force au point de contrôle. Après cela, ils sont revenus vers moi et ont demandé un accompagnateur pour chaque patient et des personnes déplacées pour aider à l'évacuation», affirme encore Abu Safiya.

«Le matin, nous avons été choqués de voir des centaines de corps et de blessés dans les rues autour de l'hôpital», a ajouté le Directeur de l'établissement.

Hier, vers 16h (localement), les bombardements sionistes sur Ghaza ont fait au moins 35 martyrs et des dizaines de blessés, ont indiqué des sources médicales à Al Jazeera.

Au nord de Ghaza, les bombardements incessants ont provoqué des incendies dans plusieurs maisons du projet Beit Lahia. Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté des appels au secours des habitants, au moment où l'armée sioniste empêche l'accès des ambulances et des équipes de la Protection civile. Dans le centre de l'enclave, un bombardement israélien contre une maison du quartier d'Al-Sabra, dans le sud de la ville de Ghaza, a fait plusieurs blessés, a indiqué un correspondant d'Al Jazeera.

Le journaliste a également confirmé le bilan d'un martyr et d'un blessé dans un bombardement sioniste visant l'est du camp de réfugiés d'al-Bureij.

Plus tard, la même source a rapporté qu'un bombardement israélien a fait deux martyrs et des blessés dans le camp d'al-Maghazi. Vers 16h (heure de Ghaza), des bombardements israéliens sur le quartier d'Al-Zaytoun, au sud de la ville de Ghaza, ont fait 2 martyrs et plusieurs blessés. Dans le sud de l'enclave, en moins d'une heure, deux bombardements sur la région de Khirbet Al-Adas, au nord de Rafah, ont fait 3 martyrs et 3 blessés, dans la matinée de vendredi. La région a également subi une troisième attaque menée par un drone, a fait un martyr et 3 blessés, en fin d'après-midi.