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Ghaza: La CPI dénonce des menaces contre des responsables élus de la Cour

par Mohamed Mehdi

Dimanche, 422e jour de l'agression contre Ghaza, le nombre de victimes de la barbarie israélienne s'est élevé à 44.429 martyrs et 105.250 blessés, a indiqué, hier, le ministère de la Santé de l'enclave assiégée. La même source a fait état également d'un bilan de 47 martyrs et de 108 blessés dans les 6 massacres enregistrés lors des précédentes 24 heures.

Le nombre de journalistes assassinés par l'armée sioniste à Ghaza augmente à 191, depuis le début du génocide en octobre 2023, après le martyr de Mamdouh Ibrahim Quneita, a indiqué samedi le Bureau des médias du gouvernement. Le martyr Quneita était rédacteur en chef de la chaîne satellite Al-Aqsa, a indiqué le bureau des médias.

En Cisjordanie occupée, «les autorités de l'occupation ont libéré la journaliste palestinienne de l'Agence de presse palestinienne WAFA, Rasha Hirzallah», a annoncé hier l'agence.

«Le tribunal militaire d'occupation du camp de Salem a condamné la camarade Hirzallah, le 17 du mois dernier à six mois de prison, qui se termine aujourd'hui, en plus d'une amende de 5.000 shekels», ajoute Wafa.

Arrêtée le 2 juin dernier, «après avoir été convoquée pour enquête à la prison de Huwarra», Rasha Hirzallah est la sœur du martyr Mohammed Hirzallah, précise encore Wafa.

Dimanche, le Commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), Philippe Lazzarini, a annoncé la suspension de l'acheminement de l'aide via le point de passage de Kerem Shalom, principal point de passage de l'aide humanitaire vers la bande de Ghaza, après la saisie, samedi, de plusieurs camions d'aide alimentaire qui tentaient d'entrer par le passage à niveau.

Lazzarini a souligné que l'opération humanitaire à Ghaza est devenue impossible en raison du blocus, des obstacles israéliens et du manque de sécurité, ajoutant que la responsabilité de la protection des travailleurs humanitaires et des fournitures incombe à Israël en tant que puissance occupante. Il a regretté la prise de cette décision, qu'il a qualifiée de difficile, d'arrêter l'acheminement de l'aide via le passage de Kerem Shalom, qui intervient à un moment où la faim s'aggrave rapidement à Ghaza.

De son côté, Khalil al-Daqran, porte-parole de l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir el-Balah, a déclaré samedi sur Al Jazeera que la famine s'est désormais étendue à l'ensemble de Ghaza, appelant la communauté internationale à intervenir de toute urgence. «L'armée d'occupation israélienne empêche l'arrivée d'ambulances dans les gouvernorats du nord de la bande de Ghaza», a-t-il ajouté, alertant sur la «propagation de plusieurs maladies, notamment chez les enfants». La direction de l'hôpital Al-Awda a indiqué, samedi, qu'un enfant de 10 ans est décédé après la détérioration de son état de santé, en raison du manque d'oxygène et de fournitures médicales.

Après l'attaque qui a tué, samedi, trois de ses travailleurs, l'organisation caritative World Central Kitchen (WCK) a annoncé la suspension de ses opérations à Ghaza. Samedi, l'armée israélienne a attaqué une voiture dans le sud de Khan Younes, faisant 5 martyrs dont 3 travailleurs humanitaires de WCK et 2 secouristes. Par ailleurs, l'ONG Save the Children a condamné, samedi, le meurtre d'un de ses employés à Ghaza. «Nous condamnons dans les termes les plus fermes l'attaque qui a tué l'un de nos collaborateurs à Ghaza et exigeons une enquête», a ajouté l'organisation.

Une pluie de bombardements s'abat sur Khan Younes

Les bombardements sionistes continuent sur Ghaza n'épargnant aucune région. Hier, avant l'aube, les forces d'occupation ont fait exploser plusieurs immeubles résidentiels à proximité du tribunal de Jabaliya, dans le nord de la bande de Ghaza, ont indiqué des sources palestiniennes.

Les mêmes sources, reprises par Al Jazeera, ont rapporté également que des canonnières de l'occupation ont bombardé la zone ouest du camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Ghaza. Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté, de son côté, le martyr de deux Palestiniens dans un bombardement israélien sur la zone portuaire, à l'ouest de la ville de Ghaza.

Dans le sud de l'enclave, plusieurs zones de Khan Younes ont été soumises hier à des attaques de l'aviation militaire sioniste.

La première attaque a été enregistrée avant l'aube à al-Mawassi, à l'ouest de Khan Younes, lorsque des tirs d'hélicoptères ont visé une zone habitée faisant plusieurs martyrs et des blessés. La même zone a été soumise, quasiment au même moment, à des bombardements aériens sur des tentes abritant des personnes déplacées, au sud-ouest d'al-Mawasi, faisant deux enfants martyrs et des blessés.

Les bombardements israéliens sur Khan Younes ont repris en milieu d'après-midi faisant 4 martyrs, dont 2 enfants, dans la région de Jourat al-Lot, à l'est de la ville, et un martyr et plusieurs blessés dans le ciblage d'une moto, à l'est de la ville également.

Toujours au sud de Ghaza, un correspondant d'Al Jazeera a rapporté le martyr de 4 Palestiniens dans un bombardement israélien contre le camp de Shaboura, dans le centre de Rafah.

Martyre de deux détenus de Ghaza dans les prisons de l'occupation

Les organisations palestiniennes de défense des prisonniers (la Commission des affaires des détenus et des ex-détenus, le Club des prisonniers palestiniens et l'Association Addameer de soutien aux prisonniers et des droits de l'homme) ont annoncé dimanche, dans une déclaration commune, le martyre de deux détenus de la bande de Ghaza : Mohammed Abdel Rahman Huwaishel Idrees (35 ans) et Moad Khaled Mohammed Rayan (31 ans).

Les trois institutions précisent qu'elles ont été «informées du martyre du détenu Mohammed Idrees par l'intermédiaire de la Commission des affaires civiles avant-hier, le 29/11/2024, dans la prison d'Ofer» et qu'elles ont reçu, entre-temps, «la nouvelle du martyre du détenu Moad Rayan», dans un échange de correspondances avec l'armée d'occupation «pour s'enquérir de son sort». Dans sa réponse, l'armée d'occupation a révélé que Moad Rayan «est mort le 2/11/2024, sans divulguer le lieu de son martyre», ajoute le communiqué.

Le document précise, citant la famille du martyr Mohammed Idrees, que ce dernier «ne souffrait d'aucun problème de santé avant sa disparition le 25 août 2024». «Quant au détenu Moad Rayan, il souffrait d'une paralysie totale avant son arrestation le 21 octobre 2024». Le communiqué rappelle qu'en novembre dernier, «il a été annoncé qu'un père et son fils étaient tombés en martyrs dans les prisons de l'occupation après que l'organisation HaMoked (israélienne, ndlr) ait réussi à obtenir une réponse de la Haute Cour de l'occupation concernant leur sort». «Il s'agit de Mounir Abdullah Mahmoud Al-Fuqawi (42 ans) et de son fils Yassin Munir Al-Fuqawi (18 ans)». Les trois organisations affirment que ces décès «portent à 47 le nombre de martyrs du mouvement des prisonniers» depuis le début de l'agression contre Ghaza, notant que ce chiffre ne représente que les cas détenus martyrs dont elles ont obtenu les informations. «Pendant ce temps, l'occupation continue de dissimuler le sort de dizaines de détenus de Ghaza qui sont tombés en martyrs dans les prisons et les camps de l'occupation».

Dans un communiqué publié sur son site Web, daté du 28 novembre, la Cour pénale internationale (CPI), a alerté sur des «menaces à l'encontre de responsables élus» de l'institution.

«La Présidence de la Cour constate avec une grande préoccupation la récente émission de mandats d'arrêt visant à menacer la liberté et l'intégrité de deux juges pour le simple fait d'avoir exercé les fonctions dont les investit le Statut. Ces mandats s'ajoutent à des mesures similaires prises contre d'autres responsables élus de la Cour», lit-on dans le communiqué.

La Présidence de la Cour, qui ne cite pas l'origine d'émission de ces mandats d'arrêt, «condamne fermement toute action visant à menacer ou punir des responsables élus de la Cour et à porter atteinte à leur indépendance et à la mission de la Cour».

«Nous appelons les États parties et les autres parties prenantes à protéger l'indépendance, l'intégrité personnelle et la sécurité des responsables élus et des membres du personnel de la Cour pénale internationale, ainsi que leur capacité à réaliser le mandat de la Cour, en utilisant tous les moyens dont ils disposent», ajoute la Présidence de la Cour.

A noter que du 2 au 7 décembre 2024 se tient, à La Haye (Pays-Bas), la 23e session de l'Assemblée des États parties au statut de Rome de la Cour pénale internationale.