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Agriculture: La sécurité alimentaire passe par le Sahara

par A.Z.

L'autosuffisance alimentaire est un défi majeur dans le programme du président de la République, qu'il n'a pas manqué de réitérer, hier, lors de sa prestation de serment, révélant on ne peut mieux que le combat se poursuivra dans les prochaines années pour réaliser cet objectif, en accordant une place prépondérante à l'agriculture saharienne.

« La sécurité alimentaire est un pilier dans la feuille de route de la stratégie du président de la République Abdelmadjid Tebboune dont l'agriculture figure prioritairement dans ses engagements électoraux », a indiqué, ce mardi, à la Radio nationale, le coordinateur du comité de réflexion sur le développement des cultures des céréales et néanmoins directeur de l'Ecole nationale supérieure d'agronomie d'Alger (ENSA), Tarik Hartani.

Intervenant à l'émission « L'invité de la rédaction », de la chaîne 3 de la Radio algérienne, M. Tarik Hartani a rappelé que le chef de l'Etat accorde « une attention particulière dédiée aux cultures stratégiques au niveau national, dont l'extension se fait dans le grand sud du pays ». Pour régler cette question de sécurité alimentaire, M. Hartani indique que la feuille de route du président s'appuie sur la mise en place d'une stratégie graduelle, qui vise à prendre en charge certaines contraintes et obstacles ayant entravé le développement des filières stratégiques à savoir les céréales, les légumineuses, les oléagineux et toutes les cultures nécessaires qui permettent à l'Algérie d'«être autonome dans le domaine alimentaire».

Une stratégie, explique l'intervenant, qui s'étale sur plusieurs étapes subséquentes à la régionalisation des zones cultivables, compte tenu des différences géographique et climatique. Il s'agit, selon l'expert, de répertorier les contraintes qui entravent les cultures stratégiques par l'identification des zones hydro-géographiques, la mise en place du matériel adéquat pour chaque type de superficie cultivable, l'accompagnement par un consulting des agriculteurs, l'introduction de l'ingénierie et de la technicité, notamment pour la culture saharienne. A l'horizon 2030, le Sud va devenir le bouclier protecteur de la sécurité alimentaire, indique l'expert considérant toutefois que l'agriculture saharienne nécessite les grands et robustes moyens, sachant qu'elle repose particulièrement sur l'irrigation totale pour produire trois millions de tonnes de blé ainsi qu'une maîtrise de tout ce qui a trait à cette irrigation, dont la technicité, a relevé le même responsable. Soulignant dans ce sillage que la saison agricole 2023 est une année référence pleine, en terme quantitatif. « Elle nous a aidé à voir surtout que doit-on faire pour améliorer la production tout en étant vigilant envers les aléas climatiques spécifiques de la région tels que les vents et les crues, à l'image de celles s'étant abattues sur Bechar. L'année écoulée était riche en enseignements vu que les agriculteurs ont réalisé de bons résultats », a-t-il relevé. Il reste, selon son observation, à améliorer la qualité de la semence pour valoriser la productivité en ayant des semences saines. « L'Algérie est devenue autonome en la matière », fait-il savoir et ce, en facilitant l'exercice des fellahs au niveau de leurs exploitations en « les dotant à temps d'engrais et des semences ».

La stratégie du développement agricole passe aussi par l'augmentation de la superficie irriguée qui est, selon lui, l'une des voies permettant l'autosuffisance en céréales. « On est à 3 millions d'hectares de culture céréalière dont 300.000 hectares seulement, sur les 30 millions d'hectares cultivables, au sud du pays », rappelle le directeur de l'ENSA, ajoutant que « cette superficie est en plein essor ». Notant que l'actuelle saison sera davantage prometteuse par rapport à celle écoulée « à la condition d'épargner aux fellahs les coupures d'électricité et les pénuries des engrais ».

Ce qui promet, dit-il, d'atteindre l'autosuffisance en blé dur dans un premier temps (une autosuffisance sur ce plan que le pays atteindra fin 2025, selon le président de la République).

Et de conclure sur l'exigence de savoir gérer notre potentiel en eau souterraine pour une bonne irrigation. « Pour cela il faut avoir des données fiables et sortir de l'approximatif », a-t-il laissé entendre.