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Ghaza: Un carnage à Khan Younes fait plus de 100 martyrs et blessés

par Mohamed Mehdi

Mardi, 340e jour de l'agression contre Ghaza, le nombre de victimes de la barbarie israélienne s'est élevé à 41.020 martyrs et 94.925 blessés, a indiqué, hier, le ministère de la Santé de l'enclave dans son rapport statistique quotidien. La même autorité a ajouté que l'armée d'occupation a commis, durant les précédentes 24 heures, 3 massacres faisant 32 martyrs et 100 blessés.

L'armée génocidaire d'Israël a commis, hier, un énième massacre contre les civils en bombardant un camp de tentes abritant des milliers de personnes déplacées, situé à al-Mawassi à Khan Younes. Un bilan provisoire établi vers 14h GMT faisait état d'au moins 40 martyrs et de plus de 60 blessés. Dans cette attaque, survenue mardi après minuit, l'aviation sioniste a fait usage de bombes MK-84 d'environ une tonne, de fabrication américaine, considérées comme l'une des munitions les plus destructrices.

A propos des conditions du secteur sanitaire à Ghaza, en très forte dégradation après plus de 11 mois d'agression sioniste, les directeurs d'hôpitaux du nord de l'enclave ont tenu, mardi, une conférence de presse conjointe, au cours de laquelle ils ont alerté sur «l'intensification des bombardements qui affectent directement les services de santé» et «exposent davantage de civils à la mort», exprimant leur étonnement du silence international sur cette «guerre systématique» contre les hôpitaux.

«Les hôpitaux du nord ont besoin d'une aide urgente. Nous appelons les organisations internationales à leur fournir du matériel médical. L'intransigeance des forces d'occupation a empêché l'approvisionnement en carburant et en fournitures médicales», ont-ils déclaré, précisant que «l'hôpital indonésien arrêtera ses services au bout de 24 heures (ce mercredi, ndlr) s'il n'est pas approvisionné en carburant.» «Nous tenons l'occupation israélienne pour responsable du sort des enfants placés en soins intensifs», ont également dénoncé les mêmes responsables.

Par ailleurs, concernant le dossier des négociations, le Hamas a répondu, hier, aux propos de John Kirby, le conseiller à la communication de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, qui a accusé le Mouvement d'avoir modifié certaines de ses conditions concernant le cessez-le-feu.

Izzat al-Rishq, membre du Bureau politique du Hamas, via Telegram, a déclaré que «les affirmations de Kirby selon lesquelles le Hamas est le principal obstacle à un cessez-le-feu constituent une identification flagrante avec la position israélienne.»

Ajoutant que «l'administration Biden, incapable de faire pression sur Netanyahu, estime qu'il est moins coûteux de blâmer le Hamas à la lumière des élections américaines. Alors que tout le monde sait que c'est Netanyahu qui a ajouté de nouvelles conditions et exigences, et non le Hamas», a ajouté al-Rishq.

De son côté, Oussama Hamdan, un autre dirigeant du Hamas, a exprimé le vœu que «la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères permettra de rompre les relations politiques, diplomatiques et économiques avec l'entité sioniste».

«Nous appelons les ministres arabes des Affaires étrangères à assumer leurs responsabilités face à l'agression et à la guerre d'extermination à Ghaza. Nous attendons avec impatience la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères qui permettra de faire pression sur l'occupation et ses partisans pour mettre fin à l'agression et au génocide à Ghaza», a-t-il déclaré sur Al Jazeera. Ajoutant que «l'agression de l'occupation menace non seulement les Palestiniens, mais aussi la sécurité nationale des pays arabes».

Encore un massacre dans une «zone humanitaire»

L'armée génocidaire israélienne a bombardé un camp de toile de plusieurs dizaines de tentes abritant des personnes déplacées à Al-Mawassi, à Khan Younes, au sud de Ghaza.

Première arrivée sur les lieux du carnage, la Protection civile a déclaré que «l'attaque a été menée avec des bombes hautement explosives dans une zone contenant environ 30 tentes de personnes déplacées, causant la mort de 40 personnes et blessant 60 autres».

Le porte-parole de la Protection civile a expliqué que «le bombardement a laissé 3 cratères d'environ 10 mètres de profondeur et que des familles entières avaient disparu dans le sable en raison de la forte explosion, précisant que la zone ciblée contenait entre 20 et 40 tentes de personnes déplacées.»Nous sommes face à l'un des massacres les plus horribles de cette agression», a-t-il ajouté.

L'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme (Euro-Med Monitor) a déclaré que l'occupation «a largué 3 bombes américaines MK-84» sur le camp de toile d'Al-Mawassi. «L'utilisation de plusieurs bombes dotées d'un grand pouvoir destructeur et leur largage dans les zones les plus peuplées de personnes déplacées ne peuvent en aucun cas être justifiées», a ajouté Euro-Med Monitor.

L'armée israélienne a, quant à elle, utilisé les mêmes «arguments» pour justifier ces massacres, à savoir que «l'attaque ciblait des militants affiliés au Mouvement de résistance islamique (Hamas), qui travaillaient à l'intérieur d'un complexe de commandement et de contrôle dans une zone humanitaire à Khan Younes», affirme un communiqué de l'armée génocidaire.

Le Mouvement de résistance islamique (Hamas) a, dans un communiqué, nié «les allégations de l'occupation» concernant la présence de ses militants. «Le massacre commis par l'armée d'occupation à Khan Younes a fait des dizaines de martyrs civils, pour la plupart des femmes et des enfants. Les affirmations de l'armée d'occupation fasciste selon lesquelles il y avait des résistants sur le lieu de l'attaque sont un mensonge flagrant».

«Ce ciblage brutal de civils sans défense, notamment de femmes, d'enfants et de personnes âgées, est une confirmation de la guerre d'extermination du gouvernement d'occupation nazi continue. La communauté internationale, les Nations Unies et toutes les institutions doivent sortir de leur silence et assumer leur responsabilité pour mettre fin à cet holocauste», affirme encore le Hamas.

De son côté, le mouvement du Jihad islamique a qualifié le massacre commis par l'armée israélienne de «nouveau crime de guerre» et que «l'administration américaine, qui fournit des armes à Israël et lui assure une protection pour poursuivre ses crimes, en porte la responsabilité».

Le mouvement du Jihad islamique estime que «l'incapacité des institutions internationales, notamment la Cour internationale de Justice (CJ) et la Cour pénale internationale (CPI), à accélérer leurs procédures et à émettre des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Galant, fait payer un prix fort à notre peuple du sang de ses femmes et de ses enfants».

Le Jihad a également dénoncé l'attitude des pays (arabes et musulmans, ndlr), «qui ont normalisé leurs relations et continuent à recevoir des représentants d'Israël», «est un coup de poignard dans le dos du peuple palestinien et un encouragement à l'occupation à poursuivre ses crimes».

«A Ghaza les «zones humanitaires» n'ont d'humanitaire que le nom»

Réagissant à ce massacre, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a déclaré que «le bombardement contre Al-Mawassi montre qu'à Ghaza les «zones humanitaires» n'ont d'humanitaire que le nom».

«Les frappes répétées contre des zones densément peuplées de Ghaza démontrent que les «directives illégales de relocalisation d'Israël n'ont pas réussi à protéger ou à offrir des garanties de sécurité aux Palestiniens», ajoute l'organisation humanitaire qui explique qu'à Al-Mawasi la «densité de population est de plus de 30.000 personnes par kilomètre carré en raison des multiples ordres d'évacuation israéliens».

«Depuis 11 mois, Israël force les Palestiniens de Ghaza à fuir d'un endroit à l'autre sans leur offrir de véritables assurances de sécurité, d'hébergement convenable ou de retour une fois les hostilités terminées», a déclaré Jan Egeland, secrétaire général du NRC, dans un communiqué.

«Les images de cratères de plusieurs mètres de profondeur ensevelissant des dizaines de tentes où des enfants et leurs familles dormaient quelques instants plus tôt sont horribles», a-t-il ajouté. «Les événements de la nuit dernière fournissent une preuve supplémentaire qu'il n'y a pas d'endroit sûr à Ghaza et que seul un cessez-le-feu empêchera de nouvelles pertes en vies humaines», conclut Egeland.