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Algérie-France : Les vérités de Attaf

par El-Houari Dilmi

Au lendemain du retrait de l'ambassadeur d'Algérie en France avec «effet immédiat», le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, a déclaré, hier mercredi, que la décision de la France de reconnaître la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental est une «donation de celui qui ne possède pas à celui qui ne mérite pas».

Lors d'une conférence de presse tenue au siège du ministère, le chef de la diplomatie algérienne a précisé que la reconnaissance par la France de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental est une «étape qui peut être résumée par une simple expression, reflétant la valeur juridique de cette reconnaissance : «donation de celui qui ne possède pas à celui qui ne mérite pas ». Ahmed Attaf a également indiqué que «considérer le plan d'autonomie marocain comme la seule solution à la question du Sahara occidental est une exclusion de tout effort pour rechercher une solution alternative à ce conflit, conformément aux résolutions internationales, notamment celles du Conseil de sécurité dont la France a participé à la rédaction et à l'adoption ».

Le ministre des AE a confirmé que la réponse du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à la position française sur la question du Sahara était «stricte et sans appel ». Attaf a expliqué que le président de la République a été informé des indications de la démarche française et des tentatives de la justifier par son homologue Emmanuel Macron, lors d'une rencontre, le 13 juin dernier, en marge du G7 en Italie. Attaf a révélé que le président français, dans ses justifications et explications du changement qu'il préparait et ouvrait la voie à sa mise en œuvre, a mis en avant trois «arguments» : le premier, est que cette étape «n'est pas nouvelle, et qu'elle n'est qu'un rappel d'une position française que la France avait exprimée en 2007». Deuxièmement, «cette démarche vise à contribuer à relancer la piste politique en réglant le conflit du Sahara occidental», alors que le troisième «argument» est celui que la France «reste fidèle à ses engagements de soutenir les efforts du Secrétaire général des Nations unies». Le MAE algérien a révélé que la réponse du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, aux justifications de Macron quant à son soutien au plan marocain au Sahara occidental a été «stricte», estimant, premièrement, que la nouvelle position française «n'est pas une simple reproduction des positions précédentes, mais va bien au-delà de celles-ci, car il se concentre sur l'exclusivité du plan d'autonomie sur le Sahara occidental et sur la reconnaissance du soi-disant Sahara occidental marocain».

La visite de Tebboune en France compromise

«Le président Tebboune a également estimé que la démarche française ne pouvait soutenir les efforts du secrétaire général des Nations unies, parce que, tout simplement, l'accomplissement de sa mission ne va pas dans le même sens qu'annoncé par la France, autrement dit, il ne travaille pas à la mise en œuvre du plan d'autonomie et ne considère pas non plus le Sahara occidental comme marocain comme il ne vise pas non plus à établir la prétendue souveraineté marocaine sur le territoire sahraoui.», a souligné Ahmed Attaf. «La décision française ne peut pas non plus retirer la question du Sahara occidental de l'ordre du jour du Conseil de sécurité et mettre fin à la mission de la MINURSO», a encore affirmé Attaf.

Au sujet de la visite du président Tebboune en France prévue en automne prochain, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que «la démarche française ne peut pas contribuer positivement à la réalisation de cette visite, compte tenu de la gravité des développements résultant de cette décision française et ses retombées sur la sécurité et la stabilité de toute la région».

Revenant sur la décision de l'Algérie de retirer son ambassadeur en France, Attaf a déclaré que celle-ci constitue une première mesure. Ajoutant que plusieurs autres décisions ont été prises et sont en voie d'application en tirant les conclusions de la décision du gouvernement français. Une décision dangereuse pour toute la région et pour les efforts consentis particulièrement dans cette conjoncture propice à trouver une solution pacifique et politique à la question sahraouie.

Attaf a indiqué en outre que l'entité sioniste qui s'est infiltrée dans notre région ne peut pas ne pas prendre en considération les positions algériennes, selon ses intérêts et ses plans. Ajoutant que l'Algérie suit de près la situation en prenant toutes ses précautions sur la base des données géopolitiques et stratégiques prévalent.

Le MAE a, par ailleurs, réaffirmé «qu'il n'y a pas de solution militaire au conflit au Mali, c'est un conflit entre frères et la solution est politique et ne peut être que politique», a-t-il souligné. «L'un des avantages de l'Accord d'Alger est qu'il préserve l'intégrité territoriale du Mali et l'unité nationale du Mali», a déclaré Attaf, soulignant que l'abandon de l'accord «nuirait à tous ces acquis».