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Ghaza: Les tractations pour un cessez-le-feu se poursuivent

par Mohamed Mehdi

Mercredi, 250e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, le nombre de victimes a atteint 37.202 martyrs et 84.932 blessés, a indiqué, hier, le ministère de la Santé de l'enclave. La même source a précisé que l'armée d'occupation a commis, mardi, 4 massacres faisant 40 martyrs et 120 blessés, dans différentes régions de Ghaza.

Mardi, les Mouvements Hamas et Jihad Islamique ont répondu à la proposition de cessez-le-feu (de trois phases) en y apportant des amendements. Présentée par Washington comme étant «israélienne», cette proposition n'a pas encore été formellement acceptée par les dirigeants sionistes qui continuent de dire, officiellement, que la «guerre va continuer». Hier, le front nord de la Palestine occupée s'est davantage embrasé entre l'armée sioniste et le Hezbollah libanais qui a lancé plusieurs salves de missiles sur des zones militaires de l'occupation (nous y reviendrons lors de notre prochaine édition). A Ghaza, l'armée sioniste a bombardé plusieurs régions, au nord comme au sud. Vers la mi-journée, le nombre de martyrs avait atteint au moins 14, selon Al Jazeera.

Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté que 6 Palestiniens sont tombés en martyrs dans un bombardement israélien qui a visé une maison dans le quartier de Shujaiya, à l'est de la ville de Ghaza. Six autres martyrs et plusieurs blessés ont été enregistrés dans un bombardement contre le quartier Al-Zaytoun au sud-est de la ville de Ghaza.A Rafah, l'armée sioniste a bombardé plusieurs carrés d'habitations. En Cisjordanie, le ministère de la Santé a annoncé mercredi que les tirs des forces d'occupations ont fait au moins 12 martyrs durant les précédentes 48 heures.

3.000 enfants malnutris alors que 2000 camions d'aides sont bloqués

«Plus de 2.000 camions transportant de l'aide humanitaire et des marchandises commerciales attendent en Égypte et sont prêts à entrer à Ghaza», a indiqué mardi la direction générale de la Protection civile et de l'aide humanitaire de l'Union européenne dans un communiqué publié sur X.

Ajoutant qu'en raison des «opérations militaires intenses», le Terminal de Rafah «reste fermé». «L'UE plaide pour un accès humanitaire durable, sans entrave et sûr», a-t-elle également déclaré. De son côté, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a également appelé, mardi depuis la Jordanie, toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. «Cela implique de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire à la fois vers et à l'intérieur de Ghaza, comme ils l'ont promis. Toutes les routes disponibles vers Ghaza doivent être opérationnelles et les routes terrestres sont absolument cruciales», a-t-il ajouté.

Guterres a aussi appelé à des itinéraires sûrs pour l'acheminement de l'aide humanitaire et à la protection des travailleurs de l'UNRWA qui «ont besoin d'un accès sans entrave». «Les civils doivent être autorisés à rechercher la sécurité et les infrastructures dont ils dépendent ne doivent jamais être militarisées ou prises pour cible», a-t-il déclaré. Par ailleurs, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) a sonné l'alarme en annonçant que «près de 3.000 enfants» en situation de malnutrition risquent de mourir. «Près de 3.000 enfants ont été privés de traitement contre la malnutrition aiguë, modérée et sévère dans le sud de Ghaza, les exposant à un risque de mort alors que les violences atroces et les déplacements continuent d'avoir un impact sur l'accès aux établissements et services de santé pour les familles désespérées», a déclaré l'agence dans un communiqué.

L'UNICEF a également indiqué que ce nombre équivaut à environ les trois quarts des 3.800 enfants qui reçoivent des soins vitaux dans le sud de la bande de Ghaza assiégée, alors que le conflit à Rafah s'intensifie. «Même si l'acheminement de l'aide alimentaire vers le nord s'est quelque peu amélioré, l'accès humanitaire au sud a considérablement diminué», a ajouté l'agence. «Des images horribles continuent d'émerger de Ghaza, montrant des enfants mourants sous les yeux de leurs familles en raison du manque persistant de nourriture, de fournitures nutritionnelles et de la destruction des services de santé», a déclaré Adele Khodr, directrice régionale de l'UNICEF pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

«L'UNICEF a pré-positionné davantage de fournitures nutritionnelles qui arriveront dans la bande de Gaza, si l'accès le permet», a-t-elle ajouté.

Le Hamas et le Jihad répondent à la proposition de cessez-le-feu

Le Qatar et l'Egypte ont annoncé, mardi soir, avoir reçu la réponse du Hamas et des factions palestiniennes dont le Jihad Islamique concernant la proposition de cessez-le-feu.

Dans une déclaration rapportée par Al Jazeera, le ministère qatari des Affaires étrangères a confirmé que «le Qatar et l'Égypte ont reçu la réponse du Hamas et des factions palestiniennes concernant le projet d'accord de cessez-le-feu et l'échange de prisonniers et de détenus».

Le communiqué ajoute que les deux pays Arabes confirment que leurs efforts conjoints de médiation avec les États-Unis se poursuivent jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé. Ajoutant que les médiateurs étudieront la réponse et se coordonneront avec les parties concernées concernant les prochaines étapes.

Des sources ont déclaré à Al Jazeera que la réponse des factions palestiniennes comprenait des «amendements à la proposition israélienne». Ces amendements concernent le cessez-le-feu permanent, ainsi que le retrait de l'armée sioniste de «l'ensemble de la bande de Ghaza, y compris du Terminal de Rafah et de l'axe Philadelphia».

La Maison Blanche a réagi à l'annonce de la remise de la réponse du Hamas, ajoutant qu'elle est «en train de l'évaluer». «Il est utile que nous ayons obtenu la réponse du Hamas à la proposition et nous réservons nos commentaires jusqu'à ce qu'elle soit examinée», rapporte Al Jazeera.

Commentant l'annonce, Marwan Bishara, analyste politique d'Al Jazeera English, a déclaré que «c'est certainement une bonne nouvelle pour la possibilité d'un véritable cessez-le-feu». «Au moins, le Hamas s'engage, en dépit du fait qu'il traite avec Israël, qui ne s'est pas vraiment manifesté ouvertement et n'a pas adopté la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU parrainée par les Etats-Unis».

«On ne peut donc pas reprocher au Hamas de ne pas faire confiance à l'administration Biden pour négocier un cessez-le-feu. Il est important que le Jihad islamique palestinien soit également de la partie, car cela signifie que les deux principaux groupes combattants à Ghaza sont désormais tous deux engagés aux côtés des différentes parties afin de faire avancer le processus», ajoute Bishara.

L'intervenant estime que «le besoin de clarifications sur le retrait total de Ghaza, y compris des points de passage de Ghaza, est essentiel pour le Hamas». «Autrement, on pourrait s'attendre à ce qu'Israël impose un siège d'un jour à l'autre en fermant simplement ces points de passage ou en redéployant ses troupes. Je pense donc que ces garanties sont essentielles et je pense que les États-Unis, en tant que sponsor de cette proposition, vont devoir les donner», a-t-il conclu.

Le Conseil œcuménique des Églises appelle à un cessez-le-feu permanent

Le Conseil œcuménique des Églises (COE) a appelé, mardi dans une déclaration de son comité exécutif, «toutes les parties concernées» à s'engager «immédiatement dans un cessez-le-feu permanent» à Ghaza, à «garantir un accès humanitaire sans entrave depuis toutes les frontières et la livraison de quantités suffisantes d'aide à tous ceux qui en ont besoin», et à lancer des «processus politiques significatifs qui permettent aux peuples de la région de vivre dans la paix et la dignité». Le communiqué note qu'en raison du «caractère aveugle des actions militaires israéliennes sur le territoire et au manque de respect des principes fondamentaux du Droit international humanitaire et de la morale», le nombre de morts à Ghaza dépasse désormais 36.000 personnes, «dont plus des deux tiers sont des enfants et des femmes», que «plus de 83% de la population est déplacée», et constate «la destruction complète des infrastructures médicales, éducatives et autres infrastructures civiles, avec plus de 50% des maisons détruites, laissant plus d'un million de personnes sans abri». L'organe directeur du COE a également appelé à «la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages détenus à Ghaza sans violence, ainsi que des personnes détenues à Ghaza et en Cisjordanie sans procédure légale régulière». La déclaration demande à tous les membres de la Communauté internationale de «redécouvrir leur engagement moral et juridique en faveur de l'égalité des droits humains pour tous».