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Contre toute attente
algérienne, la non invitation de l'Algérie à adhérer aux
BRICS lors de la tenue de sa 15ème session entre le 22 et le 24 août
2023 à Johannesburg en Afrique du Sud constitue une énigme déconcertante ;
pourtant avant la tenue de cette session, tous les indices semblaient assurer
cette adhésion en tant que simple formalité procédurale.
En réaction à la demande introduite, à cette fin, par l'Algérie, beaucoup de sources d'information avaient déjà fait écho du soutien de la Chine à cette demande (algérienne). Le président chinois avait déjà invité, dans ce climat, le président algérien à prendre part à la dernière rencontre périodique des BRICS qui s'est tenue en visioconférence, au mois de juin 2022. L'ambassadeur de Russie à Alger, confirmant la demande d'adhésion aux BRICS introduite par l'Algérie, déclara, de son côté, le 8 septembre 2022, que la Russie ne s'opposait pas à l'adhésion de l'Algérie aux BRICS. Le président algérien, dans ses différentes sorties médiatiques où cette question a été abordée, tout en rappelant ces avis favorables, chinois et russe, confirma la non objection sud-africaine et brésilienne à l'admission de l'Algérie. Il exclut toute objection indienne sans, toutefois, se prévaloir, à cet égard, d'une position nette de ce pays. Mais il nous parait avoir relevé dans les différends propos du président algérien A.Tebboune à ce sujet un semblant d'incertitude comme s'il y avait absence d'unanimité entre les cinq membres des BRICS. C'est pour cela qu'il évoqua l'hypothèse admissible d'une adhésion transitoire du pays au Groupe BRICS en qualité de membre observateur. Quelles seraient alors les raisons de la non admission de l'Algérie à cet ensemble lors de sa quinzième session tenue à Johannesburg en Afrique du Sud du 22 au 24 août 2023 ? Par la présente contribution, nous essaierons de répondre à cette question dans l'espoir de rencontrer l'attente de l'opinion publique algérienne légitimement inquiète et soumise, depuis cette malencontreuse déconvenue, à de divergentes tentatives d'explication par lourds médias interposés, bien ou mal intentionnés et par réseaux sociaux animés de bonne ou mauvaise foi ou criardement fantaisistes et farfelues, voire bassement instrumentés. Nous tenterons, en premier lieu, d'en faire la synthèse des avantages théoriques de l'adhésion aux BRICS, mais nécessairement pondérés par ses effets destructeurs. Nous tenterons, en second lieu, d'en faire, en lecture critique, le rappel, le plus exhaustif possible, des réactions, tant douces qu'amères, qui furent suscitées par le non admission de l'Algérie aux BRICS pour, enfin, en tirer le bilan de l'adhésion ratée de notre pays à ce Groupe lors de sa 15ème session. En exclusion de toute naïveté géopolitique, nous tenterons de préfacer notre approche par l'évacuation du ?'non-dit'' géopolitique qui sous-tend tout positionnement décisionnel, servi subrepticement, de manière individuelle ou par groupe de pays à intérêts convergents au sein des BRICS, loin des critères économiques théoriquement mis en avant dans le discours des ?'quatre + un'', qui ont créé les BRICS. 1- Les avantages théoriques de l'adhésion au Groupe BRICS A sa création en 2006, l'Ensemble fut créé par les quatre pays : le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine (BRIC). Il fut créé sur une idée de Jim O'Nell, économiste de la banque d'investissement Goldman Sachs sur la base des initiales de ces quatre pays avant l'adhésion au Groupe en 2010, de l'Afrique du Sud qui donna au Groupe l'acronyme ?'BRICS.'' Il s'agit des quatre grands pays à revenu intermédiaire dont l'économie connaissait une croissance rapide à l'époque. Il a prédit qu'ils pourraient devenir les premières économies du monde en 2050. (1) 1.1- Les principaux objectifs du Groupe BRICS étaient de trouver des moyens de réformer les institutions financières internationales tels que le FMI et la Banque mondiale afin de permettre aux économies émergentes de mieux se faire entendre et d'être mieux représentées ; même si les droits de vote des BRICS au sein des conseils de décision (Conseil d'administration) du FMI et de la BM ne sont que de l'ordre de 15%. 1.2- Répondit également à ces préoccupations, la création, en 2014, de la Banque du groupe BRICS (la Nouvelle Banque de Développement - NBD) afin de prêter de l'argent aux pays émergents pour leur développement dans le but de les soustraire aux conditions fort contraignantes du FMI et de la Banque mondiale ; conditions toujours assorties de contraintes de politiques économiques et sociales voire de chantages de tous genres empiétant souvent sur la souveraineté des Etats bénéficiaires des prêts de ces deux institutions financières. Lors de la tenue de sa quinzième cession entre le 22 et le 24 août 2023, c'est de 40 milliards dollars de disponibilités de cette banque, qu'il s'agissait. La participation dans la banque n'est pas liée à l'adhésion au Groupe BRICS. L'Egypte et les Emirats arabes unis y participent avant leur adhésion au Groupe (RICS) acquise le 24 août 2023. L'Algérie, aussi, sans attendre son adhésion ou non aux BRICS, a annoncé sa participation à cette banque (NBD) à hauteur de 1,5 milliard de dollars. 1.3- La dédollarisation des échanges commerciaux entre les membres des BRICS au profit, dans une première phase, des monnaies nationales et au profit, dans une seconde phase, d'une monnaie commune, classique ou électronique d'échange et de réserves, constituent des avantages phares qu'offre théoriquement l'appartenance aux BRICS. Déjà des échanges, avant même la quinzième session des BRICS des 22-24 août 2023, se faisaient en monnaies nationales entre la Russie et la Chine, entre la Russie et l'Inde, entre la Chine et l'Arabie Saoudite et entre la Chine et l'Iran avec les effets pervers induits pour certains membres et dont nous discuterons sélectivement plus loin dans la présente contribution.. 1.4- S'y ajoutent les avantages de l'étendue du marché et du revenu (pouvoir d'achat). En effet, à la veille de leur dernière session (22-24 août 2023), les BRICS qui ne représentaient que quelques 43% de la population mondiale, sont passés à 46,5 % depuis le 24 août dernier. Leur PIB qui ne représentait que 29,8% du PIB mondial est passé à 32 % en 2023 au moment où le PIB du G7 tombe de 42% à 30% du PIB mondial. (2) 1.5- Leurs exportations passèrent, dans le même temps, de 19% à légèrement plus, des exportations mondiales alors que ce taux n'était que de 7,5% en 2000. 1.6- Egalement, plus de 16% du stock des Investissements directs étrangers (IDE) sont localisés dans les BRICS. Ils devraient connaitre une mue vers le haut après l'élargissement du groupe en août 2023 avec un stock d'investissements directs étrangers (IDE) de 3048,81 dollars chez les nouveaux membres hors Egypte à fin 2022 et un flux d'IDE vers les six membres de 122,58 milliards de dollars à la même date. (3) 1.7- Ces IDE que l'Algérie n'arrive pas encore à intéresser à la mesure de sa vision, en attendant les effets du nouveau code des investissements d'août 2022 conjugués aux effets espérés de la nouvelle loi monétaire et bancaire de juin 2023. (4) Ces IDE, en terme de flux, y sont descendus au dessous d'un milliard de dollars en 2022 et, en terme de stock ils se situeraient à 33,107 milliards de dollars. (5) Mais les IDE officiellement annoncés à partir de 2022, fruits des visites du président de la république en 2022 et 2023, s'élèvent à quelques dizaines de milliards de dollars (Chine, Italie, Russie, Portugal, Turquie), de quoi bouleverser dans le bon sens, toutes les données économiques de l'Algérie ; d'autant que ces investissements portent sur des secteurs industriels à hautes potentialités d'exportation et sur des infrastructures ferroviaires et portuaires à étroite liaison avec ces secteurs industriels. 1.8 - Les BRICS alignent, par ailleurs, les taux de croissance parmi les plus élevés même lors de la dernière période pandémique. Ces taux se situent entre 4,6% et 8,9% allant jusqu'à 10 % chez l'Ethiopie nouveau membre des BRICS et ce, au moment où, ailleurs, les taux s'effondrèrent, passant dans beaucoup de cas en dessous de zéro. L'Algérie, en 2023, se situe, quant à elle, dans la fourchette des BRICS avec 5,3% avec hydrocarbures et 4,9 % hors hydrocarbures, quoique insuffisant pour couvrir son taux d'accroissement naturel de la population, de ses amortissements et de la croissance de ses actifs qui exigent un taux de croissance économique global minimum de 7%. Mais pris isolément, ces taux de croissance pourraient ne rien signifier si leur base de référence est très basse donnant des taux arithmétiquement exponentiels de l'évolution de la croissance économique. Et vis versa quand les taux de base sont relativement élevés. 1.9- Le BRICS pourrait, en outre, constituer pour ses membres et pour l'Algérie, tout particulièrement, un facteur d'entrainement rapide vers l'émergence économique du pays que celui-ci poursuit depuis longtemps, à l'image de l'Espagne tirée vers le haut après son adhésion à l'Union européenne ou de la Corée du Sud attelée aux investissements et à l'économie américains depuis la fin de la deuxième guerre mondiale ou du Mexique tiré à plus de 80 % par le marché des USA ou encore de la Turquie qui, tirant profit de la volonté stratégique de l'Union européenne de l'intégrer aux conditions laïques à son ensemble, émarge profondément à l'économie européenne sans rien céder sur son rejet de la laïcité. Ces références directrices, si sommaires soient-elles, renferment, malgré tout, l'essentiel des potentialités d'entrainement, et de diversification de l'économie algérienne et, partant, d'une rapide croissance de son PIB accompagnée impérativement d'une mutation profonde de sa structure afin de chasser tous les faire-valoir des jugements négatifs et des sentences conséquentes qui sont prononcées contre l'Algérie. Ainsi, à ce stade de notre approche voulue déductive, nous nous croyons en possession d'éléments suffisants pour faire une lecture critique des différentes tentatives d'explication, contre toute attente, de la non invitation de l'Algérie à adhérer aux BRICS. 2- Lecture critique des réactions à la non admission de l'Algérie aux BRICS. Nombreuses sont ces réactions. Certaines sont mieux structurées que d'autres. Fantaisistes sont certaines. D'autres sont passionnelles souffrant de manque de rationalité et d'assises solides voire naïves et puériles, au point d'ignorer la primauté pérenne des intérêts sur les amitiés réelles ou circonstancielles ou seulement hypocrites et de façade. Rares sont les réactions d'ordre géostratégiques à long terme et planétaires au profit de celles qui privilégient les visions à court terme. L'absence de règles transparentes et de critères formels d'adhésion aux BRICS, complique la formulation de jugements de valeurs quant à l'acceptation, le rejet ou le renvoi de l'admission de membres supplémentaires à cet ensemble. Les intérêts étroits de tout un chacun des membres des BRICS ?'quatre + un'' semblent fermement prévaloir dans la prise de décisions d'acceptation de nouveaux membres ; chacun des membres jouissant d'un droit de véto absolu pour le refus de nouvelles adhésions comme en jouissaient les BRICS lors de l'élargissent du 24 août 2023 où l'Algérie et d'autres pays ne furent pas invités à y adhérer. C'est parce que rien n'a filtré ni durant les délibérations ni dans le communiqué final de cette session au sujet des justifications des décisions qui y ont été prises, que sont nombreuses les versions données à la non invitation de l'Algérie à rejoindre les BRICS, ouvrant libre cours aux efforts de supputations. Sans être exhaustives, les plus remarquables supputations de justification de la non invitation de l'Algérie seraient les suivantes : L'Inde en premier lieu et le Brésil accessoirement auraient opposé leur ?'véto'' à l'adhésion de l'Algérie. Avant la tenue de cette session, ces deux pays n'ont exprimé que des positions de principe quant à leur avis favorable à l'élargissement des membres des BRICS. Mais les arrière-pensées et les réserves de ces deux pays à l'égard de la candidature algérienne étaient bien dans l'air. 2.1- Pour la position de l'Inde, Même si une certaine presse paraissant à Paris et réputée proche de la France officielle, annonça l'opposition de l'Inde à l'adhésion de l'Algérie, arguant l'insuffisance des indicateurs économiques de l'Algérie en les étalant ; sachant que ces indicateurs furent choisis pour les moments les plus dépressifs de l'économie algérienne occultant les avancées remarquables de 2022 et 2023 et ceux objectivement projetés pour les toutes prochaines années. Ces intox furent relayés par d'autres réseaux sociaux de pays hostiles à l'Algérie et même par ?'partages'' d'origine algérienne, naïve ou malsaine, nous pourrions évoquer quatre raisons possibles pour tenter d'expliquer cette opposition indienne : - La Chine qui soutient l'adhésion de l'Algérie s'oppose fermement à l'adhésion de l'Indonésie pour des règlements de comptes liés à un retournement de veste de l'Indonésie contre la Chine au profit de l'Inde en conflit frontalier avec la Chine, alors que la Chine aurait pris à son compte, en préfinancement, de grandes réalisations en infrastructures au profit de l'Indonésie quand celle-ci manquait de moyens financiers. La mise sur rail du train à très grande vitesse le 30 septembre 2023 en est l'un des fruits de cette assistance chinoise. - L'adhésion de l'Algérie gênerait profondément les échanges commerciaux russo-indiens qui explosèrent depuis que les monnaies nationales indienne et russe sont admises comme monnaies d'échange entre les deux pays à l'avantage de l'Inde puisque les ventes russes à l'Inde sont supérieures à ses achats. L'excédent en roupies indiennes dans les caisses russes n'arrangent pas les affaires de la Russie qui vend, à très bas prix, beaucoup de gaz et de pétrole à l'Inde et ce, depuis leur boycott par les pays occidentaux et que l'Inde replace au prix du marché sur le marché mondial sous différends procédés. L'admission de l'Algérie aux BRICS dérangerait, aux yeux de l'Inde, cette aubaine indienne d'autant que l'Algérie a l'avantage de vendre son gaz et son pétrole en dollars qu'elle pourrait refiler à la Russie contre la monnaie algérienne que celle-ci (la Russie) aurait reçue en contrepartie des achats algériens en sa monnaie nationale, le dinar ; même si l'Inde se trompe totalement, puisque la Russie a admis une trentaine de monnaies nationales pour commercer avec elle dont la monnaie algérienne. - L'Inde ne manque pas, par ailleurs, de mettre sur la table pour la gêne que constitue l'adhésion de l'Algérie aux BRICS, la grande concurrence dans les livraisons à l'Algérie d'avions militaires et de technologies connexes d'armement et de radars en concurrence avec l'Inde. - L'on ne peut négliger la renationalisation en 2016 du complexe sidérurgique d'El Hadjar-Annaba, après l'échec de sa privatisation au profit du géant indien de sidérurgie Mittal Steel en 2001 après sa faillite dans le respect des conditions de privatisation ayant conduit à l'arrêt de production du complexe. L'affaire se serait restée au travers de la gorge de l'Inde. Le complexe ne s'est pas relevé de cette faillite que très récemment où les espoirs sont renés pour un retour en 2024 à une activité normalisée aux dires du ministre algérien de l'Industrie en date du 4 mai 2023 (6) et il n'y a aucune raison pour reprendre espoir dans la renaissance de ce fleuron de l'industrie algérien. (7) - Enfin, l'on ne peut sous-estimer la rumeur largement colportée d'une entrave française, par Inde interposée, à l'admission de l'Algérie aux BRICS en raison d'une certaine tension dans les relations franco-algériennes ; l'Algérie y exigeant un traitement d'égal à égal. Par réaction, la France aurait subordonné la poursuite du transfert des technologies nucléaires françaises à l'Inde, à son opposition à l'adhésion de l'Algérie aux BRICS en usant de son ?'droit de véto,'' c'est-à-dire en empêchant l'unanimité des 4 + 1 membres des BRICS de se réaliser tel que le prévoyait le règlement intérieur de ce Groupe. 2.2- Pour la position du Brésil, En dépit d'une certaine affinité politique d'origine du président brésilien avec l'Algérie, le pragmatisme acquis dans la pratique récente notamment son emprisonnement et le très mince avantage électoral qui l'a porté au pouvoir au Brésil le 30 octobre 2022 où il fut sérieusement malmené par le capital privé, notamment d'origine abraique, ce pragmatisme et ce réalisme le firent oublier l'histoire de la solidarité sociopolitique profondément battue en brèche sous les calculs politiques en prévision des prochaines échéances politiques. L'on n'exclut pas dans l'explication de la position brésilienne quant à l'adhésion de l'Algérie aux BRICS, l'historique opposition des techniciens algériens de l'aviation civile qui, historiquement, ont toujours techniquement préféré les avions ATR ( de la compagnie mixte entre le constructeur Airbus l'européen et le constructeur Leonardo l'italien) à l'aéronef brésilien Embraer qui ne résiste pas aux vents de sable du Sud algérien contrairement à l'ATR. (8) La réserve brésilienne à l'égard de l'adhésion de l'Algérie aux BRICS, sans être aussi hautement brandie que celle de l'Inde, aurait conforté l'opposition de cette dernière. A l'opposé de cette opposition du président actuel du Brésil, Dilma Rousseff, l'ancienne présidente du Brésil et l'actuelle présidente de la Nouvelle Banque de Développement des BRICS, a déclaré, quelques jours avant la tenue de la 15ème session des BRICS, que l'Algérie participante avec 1,5 milliard de dollars aux fonds de cette banque réunissait toutes les conditions pour adhérer aux BRICS. 2.3- La passivité énigmatique de la Russie, de la Chine et de l'Afrique du Sud. Alors que toutes les rassurances avaient été données publiquement par la Chine et la Russie quant à son adhésion aux BRICS comme nous l'avons rappelé ci-haut, la non utilisation de leur poids spécifique contre les oppositions à cette adhésion demeure troublante. Leur silence observé pendant la session et après intrigue davantage les observateurs. La déclaration du président russe Poutine du 6 octobre 2023 à la télévision ?'Russia Today (RT) précisant que ?' l'Algérie est un pays ami, son adhésion aux BRICS profitera au Groupe et il faut traiter calmement cette question avec les amis dans le Groupe,'' (9) complique davantage toute lecture lisible de la position de la Russie et de la Chine observée à Johannesburg. Car l'une des lectures va jusqu'à prétendre que ces deux pays ont privilégié les impératifs stratégiques de dimensions planétaires à servir par un BRICS maintenu soudé avec la présence de l'Inde et accessoirement celle du Brésil que de courir le risque de le voir disloqué pour la question de l'adhésion de l'Algérie qui, elle, pourra trouver sa solution plus tard. Ainsi, l'Algérie fut-elle sacrifiée à la session de Johannesburg, soutient cette lecture. La dernière déclaration de Poutine s'y inscrirait parfaitement et, peu de temps avant lui, celle de son ministre des Affaires étrangères Serguei Lavrov pour rattraper son énigmatique déclaration du 31 août 2023 traitant des conditions d'admission aux BRICS. D'autre lectures vont jusqu'à expliquer la passivité russe et chinoise comme une manifestation de soupçons à l'égard de la visite effectuée par le ministre algérien des Affaires étrangères aux USA à compter du 8 août 2023 sur invitation de son homologue américain Antony Blinken. Laquelle visite, en plus du climat très amical qui l'a caractérisée, a consacré un réchauffement exceptionnel des relations entre les deux pays, notamment par la relance du dialogue stratégique entre les deux pays à partir du mois d'octobre 2023 ; d'autant que l'administration américaine semblerait, tactiquement à leurs yeux, ménager l'Algérie dans ses rapports avec la Russie et la Chine partenaires par excellence de l'Algérie, respectivement dans les importants achats d'armes et dans la densité des relations commerciales. Aussi, auraient été intrigants pour les russes et pour les chinois : (a) la masse des IDE américains en Algérie qui se situent au premier rang des IDE en Algérie à compter de 2020 ; (b) les perspectives annoncées en juin 2023 pour le développement agricole en Algérie par les Américains, particulièrement dans le domaine de l'élevage bovin pour la production de la viande rouge et les laits frais et leurs dérivés ; (c) les investissements en hydrocarbures avec la délocalisation, pour infructuosité de leurs recherches, du Brésil vers l'Algérie, de deux des plus importantes firmes américaines spécialisées dans le domaine (Scell et Exxon Mobil) disposant de quelques quatorze (14) milliards de dollars à investir ; (10)(d) la visite du ministre algérien des Affaires étrangères aux USA, ci-haut rappelée, à une date située après les historiques visites effectuées par le président algérien en Russie et en Chine respectivement en juin et en juillet 2023 et avant la tenue de la quinzième session des BRICS ; (e) la déclarations solennelle des Américains de leur volonté de coopérer avec l'Algérie dans les domaines sécuritaires et économique et, enfin, (f) la coordination en matière sécuritaire dans la méditerranée, en Afrique du Nord, au Sahel et Sahara et dans le traitement politique de la crise nigérienne selon le point de vue algérien. Ce qui aurait sérieusement dérangé les visées géostratégiques, politiques et économiques des Russes et des Chinois en Afrique principalement. Par hypothèse, il s'agirait là de trop de sources de soupçons qu'alimenteraient des calculs géostratégiques plus planétaires que ne le sont les calculs de dimensions régionales relatifs à un pays ou un groupe de pays. Lors de la conférence de presse consacrée au dossier nigérien tenue en date du 29 septembre 2023 par le ministre algérien des affaires étrangères et en dépit des belles paroles diplomatiques qu'il a choisies, des signes détrompeurs ont été lus dans les expressions de son visage dans sa réponse au sujet de la non adhésion de l'Algérie au Groupe BRICS. L'encaissement par l'Algérie des faits semble avoir été d'une sagesse exceptionnelle et d'un sang froid extraordinaire. Une fois le mal fait, russes et chinois semblent chercher des réparations transitoires en attendant une adhésion hypothétique de l'Algérie au BRICS à l'avenir mais dont l'échéance ne fut pas précisée dans la dernière déclaration de Poutine qui paraissait moins ferme que d'habitude, ni les chinois, non plus, sans justification aucune de leurs contradictions par rapport à toutes leurs rassurances d'avant la tenue de la quinzième session des BRICS. L'absence de critères formels, rigoureux et préalablement affichés pour l'adhésion au Groupe BRICS, a ouvert la voie à des critères politiques voire politiciens, imprécis, insaisissables, élastiques et adaptables à souhait. Si ces (4 + 1) membres de départ présentaient des incohérences admissibles, même si les différences étaient criardes, les six membres invités à rejoindre le Groupe BRICS à partir du premier janvier 2024, obéissent plutôt, pour cinq d'entre eux, à une norme géopolitique commune visant à les arracher au bloc OUEST et, pour le sixième, de le protéger économiquement contre la multitude de sanctions américaines que lui appliquent aussi les européens, en le préservant pour servir les intérêts de certains membres des BRICS plus que d'autres ; l'Algérie étant, selon leurs calculs, déjà acquise à leur cause rappelant que indicateurs de l'Algérie les plus fédérateurs des facteurs de développement économique et social à savoir l'Indice de développement humain ( IDH) et l'espérance de vie à la naissance, sont situés parmi les meilleurs des onze pays composant désormais le Groupe BRICS. Le programme de développement économique, humain et d'infrastructures en cours de réalisation à court et moyen termes sur le terrain propulsera ces indices loin devant au terme des toutes prochaines années. Ses potentialités dans son ensoleillement, en surface, en sous sol et en profondeurs exploitables la préserveront de les retournements de situation auxquels sont exposés beaucoup de ses compétiteurs. Le Groupe BRICS est ainsi devenu plutôt un outil à soubassement et portée à dominance politique, totalement à l'opposé de ses objectifs affichés à sa création et durant son évolution jusqu'à la veille de sa 15ème session. Alors que je bouclais la présente contribution dont j'ai ouvert le chantier dès le lendemain du 24 août 2023, date de la clôture de la quinzième session des BRICS, tomba la décision prise par le président de la République Abdelmadjid Tebboune annonçant que le dossier BRICS était définitivement clos. L'Algérie devra poursuivre l'exécution de ses plans et programmes de développement qui avaient été conçus et adoptés en dehors du Groupe BRICS et de tout autre bloc ou ensemble de pays. Ses grands projets industriels civiles et militaires, nouveaux ou à rénover, ses grands projets d'infrastructures portuaires, ferroviaires et routières à terminer ou à lancer, ses grandes ambitions à assurer sa sécurité alimentaire et sa sécurité en matière d'eau à moyenne échéance, sa capitale économique intelligente en technologies de l'information et de la communication de Boughézoul et d'autres, etc. maintenant que les outils juridiques pour attirer les IDE et pour assainir son marché financier et monétaire, Elle devra le faire directement avec les Etats et en dehors de la logique des Ensembles et des Blocs, fidèle à ses convictions, en tant que possible, et en respect de l'esprit du non alignement qui a toujours guidé ses relations internationales. Mais un non alignement par le haut pour réaliser plus vite son émergence économique dont elle doit fixer rigoureusement les impératives échéances. Les grands partenariats stratégiques conclus et approfondis avec des pays de l'Est devraient avoir leurs répondants avec les pays de l'Ouest qui sont en cours de réalisation ou en gestations avancées. *Economiste, (Politiques économiques et sociales comparées), Ancien ministre Notes (1) Amar Tou. Acronyme ou instrument d'émergence économique. Le Quotidien d'Oran et Echourouk respectivement de septembre 2022.. (2) https//fr.statista.com22 août 2023 Atalayar. Com..pro (3) Loi no 23-09 du 21 juin 2023 (4) CNUCED - Agence algérienne de promotion de l'investissement. Investissement en Al... (5) APS http// wwaps.com, du 4 mai 2023 (6) APS http//Waps.dz Visite du Premier ministre au complexe d'El Hadjar publié le 12 août 2023 (7) Expérience personnelle de l'auteur de la présente contribution (des années 2008-2013). (8)TV RT Russia Today ArabicTV du 5 octobre 2023 (9) Scell et Exxon Mobil qui délocalisent leurs activités de recherche du Brésil vers l'Algérie pour infructuosité de leurs recherche au Brésil. (10) AL 24 news - Algérie international. |
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