Le commandant Dali Yahia Mohamed Medjdoub est décédé à Oran le 11 août dernier, à l'âge de 91 ans. Il habitait au faubourg Agadir (Tlemcen). Moudjahid de l'ALN, il est considéré parmi les pionniers de l'armée de l'air, à l'instar de ses deux pairs pilotes décédés, en l'occurrence le général Yahia Rahal et le colonel Hocine Senouci, ex-technicien radio navigant, avec le grade de commandant au sein de l'armée de l'air de l'ANP.

Formé en Russie au sein d'une base aérienne militaire, il était fier de dire : «Quand j'ai été affecté à cette base, il y avait zéro accident d'avions», nous confiera son fils Kamel, professeur en pharmacie à la faculté de médecine de Tlemcen. Le Cdt Dali Yahia Mohamed Medjdoub fut pratiquement le premier président de l'Aéroclub de Tlemcen (ACT) créé en 1966 (durant deux mandats, soit de 2000 à 2008) puis vice-président sous le mandat de Me feu Tahar Sari.

Malgré l'âge, il avait une démarche alerte. Avenant, il ne se séparait pas de son sens de l'humour. Avec ses yeux pers et son regard de lynx, il laissait transparaître un caractère perspicace et une personnalité vivace. L'ACT était pour Medjdoub Dali Yahia ce que l'ASPEWIT était pour Morsli Bouayed. Une passion. Plus, une mission qu'il accomplissait avec un esprit bénévole tenace, un dévouement sans pareil, une conviction forte.

Selon cet ex-officier de l'armée de l'air, le brevet de pilotage sera délivré en principe après 100 heures de vol, c'est-à-dire à l'issue d'une formation de 5 à 6 mois (à raison de 5h/par semaine). Le stagiaire pourra voler en solo au terme de 20 ou 25 heures d'entraînement. Le tarif appliqué est de 4.000 DA l'heure, soit au prix coûtant, car les statuts du club excluent tout but lucratif. Dans le cadre de la célébration de Youm el ilm, l'ACT organisa une exposition photos d'avions et esquisses (depuis 1495 à nos jours) à la maison de la culture Abdelkader Alloula de Tlemcen (MCT) où le Cdt Medjdoub Dali donna à cette occasion des cours d'initiation à la dynamique et d'aérodynamique. «Nous avons une confiance totale en la compétence de M. Dali», a tenu à souligner le représentant de la DJS, Mustapha Lokbani, lors de la cérémonie de sortie de la 2e promotion de PPL en 2004.

«Tous nos espoirs se portent sur le projet de réalisation d'un aéroclub au niveau de l'aéroport de Zenata Messali Hadj», nous confiera de son vivant non sans optimisme le défunt président de l'ACT.

Invité à l'époque par le recteur de l'Université Abou Bekr Belkaïd de Tlemcen, le Pr Noureddine Ghouali, le Cdt Medjdoub Dali Yahia donna trois conférences sur le thème «La médecine aéronautique» à l'intention des étudiants de la faculté de médecine Dr Benzerdjeb de Tlemcen.

Il faut savoir que la formation pédagogique à l'intention de stagiaires pour l'obtention du brevet ou la licence de pilotes privés avion (PPL) était assurée par une équipe de 5 encadreurs, dont M. Arif Mohamed pour le module GMP, M. Azzaz Noureddine pour les instruments de bord, la navigation et la circulation aérienne, Mlle Kaddour Wassila pour les modules techniques de vol, aérodynamisme et météorologie, M. Benhalilem Mohamed Merouane pour le triangle de vitesses alors que le Cdt Dali Yahia Mohamed Medjdoub (président de l'ACT), était chargé du stage de la qualification radio, téléphonie et instruments de radionavigation. Aux côtés d'autres encadreurs, membres également du bureau de l'ACT, qui sont pilotes instructeurs, à savoir Benyounes Nekkache, Abdelmadjid Mehyaoui et Abdel Fodil Negadi.

Le président de l'ACT avait beaucoup d'ambition; à ce titre, sur son agenda figuraient des «Portes ouvertes sur les aéroclubs d'Algérie» (l'annulation du rallye aérien national baptisé «Le rallye des Zianides» faute de prise en charge, ne l'avait pas découragé, ndlr); rallye international Alger-Le Cap organisé par la FASA, vols en deltaplane, ULM ou Montgolfière, sauts en parachute à partir de Lalla Setti ou depuis le pont des cascades d'El Ourit, l'acquisition d'avions monoplaces pour plusieurs usages (entraînement, évacuation sanitaire, épandage, lutte anti-incendie), l'achat d'un lot de matériels (instruments, tableaux, schémas de systèmes) auprès de l'ECAT (Oran) indispensables à l'enseignement.

Le défunt Cdt Dali Yahia Mohamed Medjdoub est décédé sans avoir réalisé son rêve le plus cher, à savoir acquérir un ou plusieurs avions para moteurs et obtenir la réservation d'une aire d'activité au niveau de l'aérodrome de Zenata (et dire que c'est lui qui a réactivé après l'indépendance la base aérienne militaire de Zenata-Tlemcen, selon son fils Kamel)...