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L'opération du référendum
pour la Constitution s'est déroulée hier dans des conditions sanitaires
exceptionnelles et une situation politique des plus inédites.
Ce sont plus de 24 millions d'électeurs algériens y compris ceux à l'étranger qui devaient hier passer devant l'urne pour approuver ou rejeter le projet de révision de la Constitution. Dès son élection à la magistrature suprême le 12 décembre dernier, Abdelmadjid Tebboune a fait savoir qu'il plaçait la révision de la Constitution en tête de ses projets. Mais le chef de l'Etat se trouve depuis mercredi dernier en Allemagne pour, a dit un communiqué de la présidence, «subir des examens approfondis». A ce jour, les autorités officielles n'ont pas précisé de quoi est malade le président de la République et dans quel état a-t-il été transféré en Allemagne. Chronologie des communiqués officiels, le premier a été rendu public le samedi 24 octobre dernier où la présidence de la République a fait savoir que «sur recommandation de son staff médical, le président s'est mis en confinement volontaire pour 5 jours». La cause avancée officiellement était que des cas d'infection au Covid-19 se sont déclarés au sein des personnels du palais d'El Mouradia et aussi des membres du gouvernement. Tebboune avait twitté pour dire qu'il continuait son travail «à distance». Le mardi 27 octobre, un autre communiqué, celui-ci parvenu du 1er ministère, a informé les Algériens de l'hospitalisation du président «dans une unité de soins spécialisés» de l'hôpital militaire Mohamed Seghir Nekkache, à Aïn Naadja, une banlieue de la capitale. Les gestionnaires de ses liens électroniques avaient même écrit qu'il «poursuivait ses activités à partir du lieu de son hospitalisation». Le lendemain, un nouveau communiqué de la présidence de la République affirmait qu'«il a été procédé mercredi soir, 28 octobre 2020, au transfert du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en Allemagne, afin de subir des examens médicaux approfondis, et ce, sur recommandation du staff médical». Jeudi 29 octobre, la même institution rassurait qu' «après les examens médicaux approfondis qu'a subis le président de la République dans un grand hôpital spécialisé allemand, le staff médical affirme que les résultats de ces examens sont rassurants. Véritable imbroglio politico-juridique Le président reçoit actuellement le traitement adéquat et son état de santé est stable et n'est pas préoccupant. Un des responsables proches du président nous dit qu'en fait, le président de la République est absent de son bureau depuis le 17 octobre dernier, jour où devait se tenir le Conseil des ministres. Conseil qui a été reporté à cause, a dit un communiqué de la présidence, «de la charge de l'agenda du président, celui du gouvernement et aussi pour des raisons techniques»... Des hommes de loi relèvent que «dans une semaine, si le président est toujours absent, le Conseil constitutionnel se doit de constater l'empêchement pour cause de maladie (...)». Mais, font-ils remarquer, «au cas où la Constitution révisée est approuvée par les Algériens qui ont voté hier, son article 98 stipule que c'est «la Cour constitutionnelle qui doit se réunir de plein droit après avoir vérifié la réalité de cet empêchement (...)». N'étant pas encore transformé en Cour, le Conseil constitutionnel ne pourra donc pas agir. Avec en plus, un président du Conseil de la nation par intérim, c'est un véritable imbroglio politico-juridique que vit aujourd'hui l'Algérie. «Seul le retour de Tebboune guéri pourra lui permettre de s'en sortir sans trop de dégâts», soutient un responsable d'une importante institution. En attendant, le doute est entretenu par les services de la présidence sur les raisons de santé qui ont obligé à l'évacuation de Abdelmadjid Tebboune en urgence vers l'Allemagne. L'Algérie semble vivre ainsi des moments politiques très particuliers au niveau de ses institutions. Il est vrai que quelques années avant, la présidence de la République a aussi été émettrice de communiqués les uns plus douteux que les autres sur la santé de Abdelaziz Bouteflika alors président de la République. Un scrutin au nom de «la continuité de l'Etat» L'Histoire semble certes se répéter avec acharnement mais cette fois-ci, les institutions ne semblent pas avoir les mêmes réflexes qu'avant, peut-être parce que leurs personnels manquent de vigilance. L'on note qu'au niveau de la présidence de la République, le ministre conseiller et porte-parole est lui aussi malade et a été transféré en France pour des soins intensifs. Des conseillers et quelques membres du gouvernement sont eux atteints du Covid-19. L'on avance que les hautes autorités militaires et des responsables d'institutions civiles du pays ont eu à débattre à la fin de la semaine dernière du report ou pas du référendum d'hier. Le non l'a emporté pour, nous dit-on, «montrer que la continuité de l'Etat est assurée à tous les niveaux». Les responsables militaires et politiques ont d'ailleurs voulu le prouver hier en allant voter. Le chef d'état-major, le général major Saïd Chengriha l'a fait en milieu de matinée. Le conseiller du président, Abdelhafidh Allahoum, a lui assuré que «la santé du président est bonne». Il a souligné avant que «le peuple algérien n'est pas mineur et il connaît très bien son intérêt et sait très bien ce qui l'arrange et connaît son avenir». Le 1er ministre a estimé pour sa part, que «c'est un jour pour l'avenir de l'Algérie nouvelle qu'on souhaite pour nos enfants et petits-enfants, chacun a le droit de choisir l'orientation qu'il veut à son pays (...)». Le président par intérim du Conseil de la nation a déclaré que «c'est un projet important pour l'Algérie (...)». Le président de l'APN a mis en avant l'importance «des défis et des enjeux auxquels devra faire face l'Algérie». Une situation politique inédite Le MAE a lancé que «voter est un devoir citoyen, c'est un nouveau départ (...)» et a affirmé que «le président est en bonne santé». Bengrina dira que «ceux qui ont prédit la guerre civile en Algérie, aujourd'hui est un jour de printemps (...). On vit une lutte entre les bonnes et les mauvaises idées et non une lutte de générations, ce n'est pas une nouvelle Constitution mais son amendement, les bonnes idées existaient certes avant, aujourd'hui, les nouveautés concernent les libertés et l'équilibre entre les pouvoirs (...)». Il va sans dire que le référendum d'hier a été organisé dans des conditions exceptionnelles imposées par la pandémie du Covid-19. Les centres et bureaux de vote du pays ont tous appliqué les mesures barrières nécessaires pour recevoir les électeurs. La situation politique du pays est aussi des plus inédites. Le destin a voulu que le président de la République soit à l'extérieur du pays le jour d'un scrutin qu'il voulait un plébiscite par lequel il tenait à marquer son mandat présidentiel. Autre fait inédit, pour la première fois de l'histoire post-indépendance de l'Algérie, l'épouse d'un président présente une procuration pour voter à sa place. C'est ce qu'a fait hier Madame Tebboune au centre Ahmed Aaroua de Club des pins. L'on n'omet pas de rappeler que le gouvernement a placé 20 wilayas du Nord en confinement partiel. Les observateurs font remarquer que si les bureaux de vote ferment à 19h et le couvre-feu entre en vigueur à 23h, il est peu probable que les citoyens puissent assister aux opérations de dépouillement des bulletins de vote. Hier, à 11h du matin, le président de l'ANIE (Autorité nationale indépendante des élections) a annoncé que ce sont 1.298.639 électeurs qui ont voté, soit un taux de participation national de 5,88%. A 16h 40, Mohamed Charfi a annoncé qu'à 14h, ce taux s'est élevé à 13,03%. Il a fait savoir auparavant que c'est pour la première fois que des observateurs nationaux sont admis dans les bureaux de vote. Ce sont, a-t-il dit, «966 observateurs qui se trouvent au niveau de 811 bureaux (...)». |