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La récente sortie de maître Mokrane Ait Larbi dans la presse ne devra pas passer sans
remous, car elle est révélatrice d'un état d'esprit qui prévaut chez une
poignée d'intellectuels qui veulent s'imposer comme une élite autoproclamée
représentant le peuple algérien et imposer surtout leur point de vue sur tout
ce qui a trait au projet de société auquel aspire la majorité des Algériens.
Me Mokrane Ait Larbi représente un courant idéologique qui a sa propre version de la démocratie où c'est la minorité médiatisée qui essaye de donner la fausse impression qu'elle est le porte-parole de la société algérienne dans sa globalité ; elle a toujours œuvré avec la complicité du système et de la machine médiatique inféodée à imposer ses choix à la majorité, quitte à redéfinir les fondements même de la démocratie qu'ils prétendent sans toutefois avoir le mérite d'être les dignes représentants exclusifs et attitrés. Toujours dans la même ligne de mire et profitant de l'absence d'une autorité légitime et profitant aussi du soulèvement pacifique populaire contre l'injustice ils tentent de surfer sur la vague en balisant à leur guise la voie que la majorité du peuple doit emprunter. Et comme solution à la crise actuelle il propose une période de transition avec une présidence collégiale et une assemblée constituante dont on se demande sans grande surprise comment et sur quels critères elle sera élue pour qu'elle puisse avoir la légitimité d'adopter ce qu'il désigne «une charte des libertés et des droits du citoyen qui aura force constitutionnelle opposable aux futures majorités présidentielles et parlementaires» et c'est là où le bât blesse et c'est là où commence la dérive. Sachant que la Constitution est le dernier rempart auquel tout le monde, peuple et Etat, doit se soumettre, il pose comme préalable de lui ôter un des plus importants attributs, celui de mettre en œuvre les bases d'un consensus national le plus large possible. Mais de crainte du résultat du scrutin et de la sentence populaire non acquise à leur thèse, il veut s'assurer l'octroi d'un droit extra-constitutionnel avant même que la Constitution ne soit débattue pour être enfin adoptée par le peuple, c'est-à-dire la majorité du peuple ! Autrement dit une Constitution biaisée au départ dont on aurait amputé, avant même son existence, ses prérogatives essentielles, à savoir la définition des fondements de la nouvelle république. Me Mokrane Ait Larbi, pour justifier ses choix idéologiques, veut bien qu'on revoit la définition de la démocratie au sens qui arrange comme d'habitude ses projets pour l'Algérie en nous faisant miroiter le spectre de la majorité qui écrase la minorité qui pour lui reste dédouanée d'accepter les résultats des urnes. Ce courant idéologique qui représente une minorité, comme vient de le reconnaître Me Mokrane Ait Larbi, croit en une démocratie adaptée et adaptable à la réalisation de leurs objectifs qu'ils savent bien être aux antipodes de ceux de la majorité des Algériens qu'ils n'hésitent pas d'ailleurs à considérer tantôt soit comme des rétrogrades tantôt comme des islamistes ou des ignorants à la marge de la modernité dont ils se préservent l'exclusivité ! Leur crainte maladive du résultat du scrutin populaire qui par avance ne saurait être en leur faveur du moment que les règles élémentaires d'un scrutin libre et transparent sont respectés les pousse à se jeter même dans la gueule du loup pourvu que leur pensée triomphe ! Leur responsabilité dans la situation catastrophique que vit l'Algérie ne peut être occultée, leur participation a été active au maintien de ce pouvoir au lendemain des élections de 1990 sous prétexte que le peuple s'est trompé de choix et qu'il fallait remédier à cela à n'importe quel prix ; hélas un prix chèrement payé par ce même peuple. Et maintenant a posteriori nous pouvons juger quelles ont été les réalisations de ce pouvoir qu'ils ont soutenu contre vents et marrées pour le garder contre le gré du peuple. Dans tous les domaines qu'il soient politiques, sociaux ou économiques ! rien qui puisse l'honorer ou nous faire enorgueillir, le résultat est là, visible, palpable malgré tous les subterfuges utilisés pour le rendre fréquentable et présentable, un système honnis et rejeté par tous sauf par une poignée de profiteurs économiques et politiques qui ont pu réaliser certains de leurs objectifs dont une bonne partie est à l'encontre de la volonté de la majorité du peuple en mettant à profit l'absence de légitimité d'un pouvoir aux aguets qui ne cherchait qu'à se maintenir en faisant toutes les concessions possibles et imaginables. Ce courant a pu réaliser beaucoup de ses desseins avec un régime qu'ils prétend combattre qu'il n'aurait jamais pu espérer le faire avec un régime représentant l'émanation de la volonté populaire ! Sentant que la roue pourrait tourner en leur défaveur ils n'hésitent pas à nous faire avaler des couleuvres tout en distillant sournoisement la menace pour les minorités ! La démocratie est une et indivisible. Soit on l'accepte soit on la rejette, et chacun pourra tirer les conséquences de ses choix. La règle du jeu est universelle et il n'y a pas à ce qu'en Algérie on fasse exception. La logique veut que ce soit à la majorité d'accepter et de tolérer que la minorité puisse vivre avec ses spécificités dans la paix et l'harmonie mais nos pseudo-démocrates veulent que ce soit le contraire, contre le bon sens. Une minorité qui n'accepte pas que la majorité puisse légitimement vivre ses choix sans qu'elle soit harcelée médiatiquement et politiquement ! Cette situation ne peut qu'augurer de conflits violents qui n'auront pour finalité que la destruction de l'espace vital commun et la désintégration d'un héritage millénaire du vivre ensemble dans le respect mutuel. Une attention et une vigilance particulière doivent être de mise pour barrer la route à ces chantres d'une démocratie à la carte ; et toute décision qui engagera l'avenir du pays ne devra être prise que par une assemblée élue selon les standards reconnus de la démocratie ; toute autre tentative d'imposer des choix non assumés par le peuple doit être combattue sans répit au risque de semer les graines d'une dislocation de la cohésion sociale du pays, le seul juge qui tranchera est l'urne. |