Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Pourquoi
la surchauffe ? Si, dans un train ferroviaire réel, le conducteur de la
locomotive peut, en diminuant le charbon au foyer de la chaudière, baisser la
pression de la vapeur dans la chaudière, pour assurer un convoyage sans danger
pour la chaudière, il n'en va pas de même pour les « chauffeurs occidentaux ».
Ils ne peuvent commander « immédiatement » le foyer de la chaudière
occidentale. Le combustible utilisé pour son chauffage (à la place du charbon),
est la production occidentale. Or, dans la production occidentale, il y a deux
productions. La production américaine, européenne, japonaise, mais aussi la
production importée des pays émergents et exportateurs de pétrole, via les
déficits commerciaux avec le reste du monde. Ce qui signifie que la chaudière
occidentale est chauffée par sa propre production et par celle prélevée du
reste du monde. Une posture qui amène les chauffeurs occidentaux à injecter
plus d'eau dans la chaudière, i.e. plus de liquidités en dollars, en euros, en
yens, en livres sterling. Le yuan chinois, à cette époque, n'était pas, encore,
une monnaie internationale.
Mais cet excès de liquidités injectées par les Banquiers centraux vont-ils vers la chaudière occidentale ? Il est évident que non. Ces liquidités sont acheminées vers les chaudières des deux Trains économiques des Émergents et exportateurs de pétrole qui ont enregistré des excédents commerciaux. Et pour l'Occident, cela s'appelle de l'endettement extérieur. Et les problèmes qui se sont amoncelés pour les États-Unis et l'Europe ont commencé à se poser surtout, à partir de 2001. Il faut rappeler qu'après l'éclatement de la bulle technologique, en 2000, les chauffeurs de la chaudière américaine, i.e. la Fed, ont, dès janvier 2001, baissé le taux d'intérêt directeur de 6,5 % à 6 %. Les baisses du taux d'intérêt de la Fed se sont poursuivies, il faut le souligner, dans la précipitation. Pour la seule année 2001, onze baisses du taux d'intérêt ont été opérées par la Fed. Vinrent ensuite les attentats contre le World Trade Center, à New York, le 11 septembre 2001. La Fed finança massivement les banques américaines. La guerre est lancée contre l'Afghanistan, en 2001. En mars 2003, c'est le tour de l'Irak. Après l'occupation de l'Afghanistan et de l'Irak, et pour le soutien de la guerre, la Banque centrale américaine s'est lancée dans un financement tous azimuts. Son taux d'intérêt directeur est fixé, le 25 juin 2003, à 1%. La BCE suit la Fed, le 15 mai 2001, et fait passer son taux d'intérêt directeur de 4,75 % à 4,5 %. Le 9 juin 2003, après 7 baisses, il est à son plancher, à 2 %. Le différentiel de taux entre la Fed et la BCE n'est que de 1%. Que constate-on dans les chaudières américaine et européenne ? Que les baisses des taux d'intérêt directeur sont pratiquement synchronisées. Que ce desserrement monétaire, et donc augmenter l'eau dans les chaudières, a un but contracyclique, donc de relance économique. Cependant les fortes injections de liquidités, émises par la Fed, bien qu'elles fussent pondérées par la forte hausse des prix du pétrole et de l'or, n'ont pas empêché le dollar de se déprécier face à l'euro. En effet, pour contrer une forte appréciation de l'euro, le chauffeur de la chaudière européenne injecta, massivement des liquidités ex nihilo, comme l'a opéré la Fed. Sans ces injections d'eau dans la chaudière européenne, la monnaie européenne, l'euro, aurait explosé. On aurait eu un euro pour 1,6 dollar, comme au plus haut de la crise financière, à l'été 2008. La valeur de l'euro aurait, encore, augmenté à 1,8 dollar, à 1,9 dollar... L'Economie européenne se serait arrêtée, et son industrie se serait bloquée. Les exportations de biens et services seraient tellement chères qu'elles seraient inaccessibles au reste du monde. Plus grave encore, si la hausse du prix du pétrole et du métal-or n'avait pas joué comme contreparties physiques, donc absorbant une partie de la masse monétaire émise ex nihilo par la Fed, les États-Unis auraient subi un krach historique du dollar. Dit plus simplement, les autorités monétaires américaines n'auraient jamais couru ce risque, et, par conséquent, n'auraient pas injecté tant de liquidités. Le constat est là, trop d'eau dans la chaudière occidentale, trop de liquidités dans le système occidental, mais avec des garde-fous, à savoir une hausse du prix du pétrole et du métal-or qui a battu le record dans l'histoire économique. Le 1er juin 2006, le prix du baril de pétrole WTI atteint un sommet, à 73,94 dollars. Le 3 décembre 2007, il monte encore, il est à 95,03 dollars. (1) Quant à l'once d'or, il passe de 266,10 dollars, le 17 janvier 2001, à 625,63 dollars, le 18 avril 2006. Son ascension se poursuit, il passe à 807, 40 dollars, le 30 octobre 2007. (2) Le prix de l'once d'or a été multiplié par trois, par rapport à celui de 2001. Mais comme une partie de la production consommée par l'Occident provenait des pays émergents et exportateurs de pétrole, tout naturellement une partie de cette eau s'est acheminée vers ces pays. C'est ainsi que la Russie, la Chine, les pays d'OPEP (pays arabes en particulier) et non OPEP (Russie, Norvège,....) ont vu leurs réserves de change battre des records. Cet afflux de liquidités occidentales, alimentant les chaudières des Trains économiques des Émergents et des exportateurs de pétrole, ont fortement tiré leurs économies à la croissance. Mais, plus encore, une « boucle monétaire » s'est opérée entre le Train économique occidental et les Trains des Émergents et exportateurs de pétrole. Ces derniers qui ont accumulé des réserves de change considérables ont renvoyé leurs excédents commerciaux à la chaudière occidentale, augmentant ainsi l'eau, et via la création monétaire des banques commerciales, poussant plus la pression de la vapeur dans la machine thermique occidentale. La crise immobilière et financière 2007-2008, produit d'un «déchaînement de forces historiques incompressibles et inévitables», Que constate-on dans ce processus à Trois? Que les Trains économiques mondiaux se portent bien. En 2003, la reprise économique est là. La guerre se poursuit au Moyen-Orient, et les moyens financiers pour les dépenses de guerre sont assurés. La Chine, la Russie, et les autres pays émergents et exportateurs de pétrole enregistrent continuellement des excédents commerciaux au détriment de l'Occident. D'autant plus que les chauffeurs des chaudières occidentales sont tenus de soutenir l'effort de guerre en Afghanistan et en Irak. L'euphorie de la victoire des États-Unis en Irak, et l'occupation de ce pays a conforté les autorités monétaires occidentales à financer davantage leurs économies. Comme les crises en cascades des Bourses occidentales, entre 2000 et 2003, étaient encore présentes dans les esprits, et le marché des actions encore boudé par les investisseurs, il fallait trouver un autre créneau qui apporte la croissance et l'emploi. Surtout que les industries occidentales avaient perdu beaucoup de leur compétitivité face aux émergents, en particulier face à la Chine, de plus, elles ont été affectées par les délocalisations massives qui ont suivi. * Auteur et Chercheur indépendant en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective - www.sens-du-monde.com A suivre... Notes : 1. «Prix du baril - Le cours officiel du baril de pétrole» http://prixdubaril.com/ 2. Graphique historique de l'or https://www.goldbroker.fr/cours/or/usd |
|