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Comment comprendre le
financement non-conventionnel que le gouvernement algérien vient d'adopter,
dans son plan d'action, pour redresser l'Economie ? Le recours à ce financement
interne non-conventionnel sera mis en œuvre, à titre exceptionnel, pour une
durée de cinq ans. Pour ce faire, il sera déposé un projet de loi portant
amendement de la loi sur la Monnaie et le Crédit.
Cet amendement autorisera la Banque d'Algérie d'accorder directement des crédits au Trésor public. Evidemment ce choix est motivé par la crise économique qui sévit, aujourd'hui, en Algérie. Dépendante du prix du pétrole, l'Economie algérienne a beaucoup pâti de la baisse drastique des cours du pétrole. Le prix du baril de pétrole Brent est passé de 115 dollars, en juin 2014, à 47 dollars, en janvier 2015. Aujourd'hui, il évolue entre 45 et 56 dollars. Il est clair que tout ce qui est dit sur les réformes structurelles à mener n'est guère rassurant. L'Algérie qui est un pays mono-exportateur de pétrole ne peut, en 5 ans, ni en 10 ans, se transformer en pays exportateur polyvalent, exportateur de biens et services comme la Turquie, et d'autres pays industrialisés. A voir des pays arabes bien plus avancés sur le plan de l'industrialisation et dépendant, partiellement, du pétrole ont beaucoup de difficultés pour équilibrer leurs balances des paiements. Il faut, donc, relativiser les réformes structurelles qui sont, certes, nécessaires mais n'apporteront qu'à très long terme les transformations de l'Economie algérienne. Ce constat, on ne peut l'occulter. Cependant, le fonctionnement non-conventionnel présente un intérêt, et si le gouvernement algérien a opté pour cette donne, c'est qu'elle est une voie à prospecter, combien même elle est réfutée par les économistes et les politiques qui y voient une source d'inflation, de hausse des prix, une dévaluation du dinar et un appauvrissement de la population. Les réactions très vives des partis de l'opposition ainsi que nombre d'économistes qui dénoncent le financement non-conventionnel et l'assimilent, ni plus ni moins, qu'un recours à la «planche à billets» ne sont pas propres à l'Algérie. Cette «fuite en avant» du gouvernement pour la «planche à billets» comme certains économistes l'assimilent et qui risque d'engendrer une hyper-inflation, nous pousse à voir ce qu'il en retourne du financement non-conventionnel mené par les Banques centrales occidentales. Peut-être qu'en comprenant mieux le «Financement non-conventionnel», on pourrait avoir une autre opinion, plus juste et plus rationnelle. Mais ne faut-il pas comprendre d'abord le «Financement» tout court d'un système bancaire par une Banque centrale, pour répondre, ensuite, pourquoi le financement non -conventionnel s'est imposé, avec la grande crise immobilière et financière de 2007-2008 ? Les «trois trains économiques mondiaux» L'approche que l'on préconise dans ce qui va suivre n'est pas d'utiliser les instruments de politique monétaire classique, à savoir le taux d'intérêt directeur, les réserves obligatoires et les opérations open-market. Nous leur substituons un autre processus plus parlant, qui expliquera mieux ce qui s'est passé en 2007 et 2008. Pourquoi le système bancaire américain s'est «bloqué» en septembre 2008. Plus de prêts entre les banques, la méfiance s'est généralisée. Pourquoi les autorités monétaires comme les gouvernements américains et européens eurent recours aux politiques monétaires non conventionnelles pour sauver leurs systèmes bancaires, mais aussi le système financier mondial. De plus, les politiques monétaires non-conventionnelles se sont imposées, dans le sens que cela n'a pas été un choix, mais une nécessité. Comme nous l'avons appliqué pour la crise de 1929, reprenons le raisonnement que nous avons développé dans la 2ème partie (II). Il servira de base dans l'explication des forces en cours dans le monde. Proposons-nous d'apporter une explication simple, imagée, qui rend compte des phénomènes qui ont engendré la crise. Comme nous l'avons écrit précédemment, «faisons appel au bon sens», et utilisons une autre approche, et peu importe le moyen utilisé, pourvu qu'il rende compte des problèmes économiques dans le monde. L'approche que nous nous proposons d'utiliser se rapporte aux phénomènes thermiques. Nous verrons qu'au fur et à mesure que nous avancerons dans le développement de cette théorie de substitution, nous constaterons qu'il existe une grande similitude entre les phénomènes économiques, financiers et monétaires en jeu dans le monde et les phénomènes thermiques dans la production du travail, i.e. la transformation de l'énergie en travail, à l'instar de la transformation de l'énergie humaine (calorifique, intellectuelle...) utilisant les richesses terrestres en production de biens et services. Le principe de base que nous retenons est que si la machine doit consommer de l'énergie pour produire du travail, l'homme fait aussi la même chose. Il consomme de l'énergie pour qu'il la transforme ensuite en énergie mécanique, laquelle lui permet de produire des biens de consommation et des biens d'équipements. Il y a, donc, une certaine analogie entre l'homme et la machine. La seule différence est que l'homme est pensant, et c'est lui qui a conçu et produit cette machine dont il s'en sert. Comme lui est «conçu et produit» par l'«Intelligence suprême, absolue», en vue d'une fin prescrite par Elle-même.» Substituons le système mondial dans toutes ses composantes par un système utilisant des forces thermodynamiques. Postulons que l'Humanité est constituée de trois Trains économiques mondiaux. Qui sont-ils ? Pour les définir, la meilleure approche est de les regrouper par aire géopolitique. Aussi nommons le «Premier Train économique occidental» qui regroupe toutes les puissances occidentales et, à leur tête, les États-Unis, le «Deuxième Train économique des Émergents» qui regroupe les pays du BRICS. Le Brésil avec le réal brésilien, la Russie avec le rouble, l'Inde avec la roupie indienne, la Chine avec le yuan, l'Afrique du Sud avec le rand sud-africain, le «Troisième Train économique des pétroliers» qui regroupent les pays d'OPEP et certains pays non-OPEP. Le monde est donc compartimenté en trois Trains économiques mondiaux. Les autres pays du monde d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine relèvent, indifféremment, des tenants de cette configuration, en fonction des rapports politiques et économiques qu'ils nouent avec les puissances. Faisons abstraction du politique et admettons que le politique est implicitement intégré dans l'économique. Postulons que les trois trains économiques mondiaux sont constitués de locomotives et de voitures de voyageurs. Assimilons les locomotives aux machines économiques qui les meuvent. Assimilons les voitures de voyageurs tractées, aux populations de chaque aire géographique. Postulons que les locomotives qui tractent les voitures de voyageurs respectives sont, par substitution, l'Economie mondiale qui tracte la population mondiale, dans le sens qu'elles assurent à celle-ci les biens dont elle a besoin pour exister. I.e. la consommation mondiale, les investissements publics et privés et les dépenses des États. L'Humanité a besoin de se pourvoir en toutes sortes de biens de consommation et de biens durables, pour exister. Postulons que les locomotives mondiales sont toutes dotées de machine à vapeur. Par leur puissance, de niveau mondial, puisque ce sont elles qui tractent les locomotives et, par substitution, elles sont les lieux centraux où se déploient et interagissent les forces économiques mondiales. Ces trois machines mondiales sont dotées de chaudières qui chauffent l'eau et celle-ci, après avoir été portée à ébullition, se transforme en partie en vapeur. La pression générée par la vapeur d'eau est utilisée dans un système cylindre-piston alternatif avec lumières (entrées de vapeur) et, par l'intermédiaire d'un embiellage bielle-vilebrequin, permet de transformer le mouvement de translation en mouvement de rotation, et donc à faire tourner les roues des locomotives, qui tractent les voitures de voyageurs respectives. Postulons que l'eau contenue dans les chaudières, c'est de la monnaie centrale émise par les grandes Banques centrales du monde, et la vapeur produite par ébullition de la monnaie créée par les banques commerciales. Postulons que les chauffeurs et les mécaniciens qui conduisent chaque locomotive et dont leur rôle est principalement la gestion du foyer de la chaudière et de l'eau, pour la production de la vapeur pour le premier, et la maintenance pour le second, sont les Banquiers centraux du monde. Postulons que chaque chaudière est protégée par des soupapes de sûreté dont la fonction est de dégager l'excès de vapeur en cas de surchauffe. La libération de vapeur à l'extérieur, en diminuant la pression, évite une détérioration de la chaudière, et le risque d'explosion. Postulons que la surchauffe de la vapeur, au sein de chaque chaudière constitue la spéculation opérée par les banques et les agents économiques dans le monde. La spéculation contribue peu au rendement de l'Economie mondiale, elle masque, surtout, le ralentissement de l'Economie. Le fort dégagement de l'excès de la vapeur dans l'air par le système des soupapes de sécurité, s'assimile à l'artificialité du dopage spéculatif par l'excès de création monétaire qui contribue peu au mouvement du Train économique mondial. Le fonctionnement répété des soupapes constitue des signaux de surchauffe aux chauffeurs des trois locomotives, i.e. des trois Banquiers centraux. Postulons que la source thermique qui chauffe les chaudières, c'est la production de chaque aire géographique, i. e. les Occidentaux, les Émergents et les Exportateurs de pétrole. Une question se pose : «pourquoi avoir choisi la production de chaque aire géographique pour la source thermique ?» Si on regarde la machine à vapeur qui, partant d'une source thermique, produit du travail, i.e. la traction ferroviaire, il apparaît évident que les trois machines économiques mondiales ont, aussi, besoin d'une source d'énergie pour produire du travail. Or, c'est ce travail que chaque machine économique mondiale produise, i.e. en biens et services, et via la consommation par leurs populations respectives, leur permet de produire de nouveau des biens et services, et donc un nouveau travail, et de nouveau consommé, et ainsi de suite. Il se produit, donc, un cycle économique mondial récurrent, à l'instar du cycle thermodynamique d'une machine à vapeur. Donc, pour les trois Trains économiques mondiaux, le travail produit par chaque population ne peut l'être que par la satisfaction de ses besoins en biens et services qui leur permettent d'assurer leur existence, et par celle-ci, produire de nouveau du travail. Postulons, maintenant, que l'eau qui circule dans les chaudières des trois locomotives est essentiellement occidentale. Et ce point est très important à souligner. Il signifie que «les Trains occidentaux, des émergents et des exportateurs de pétrole fonctionnent tous avec les mêmes monnaies. Et ces monnaies (dollar, euro, livre sterling, yen) sont émises principalement par le Train économique occidental. Et les monnaies utilisées en dehors de ces monnaies, en interne, (non convertible) ou en interne-externe (convertible) sont, toutes, adossées à des paniers de ces quatre monnaies, à laquelle il faut ajouter une cinquième monnaie, le yuan chinois.» Les autres monnaies, bien qu'elles soient utilisées nationalement ou internationalement, et jouent un rôle essentiel, dans chaque Economie nationale, ne sont en fait que des «images-monnaies» représentatives des données macroéconomiques nationales, à savoir le solde des balances commerciales et des paiements, le niveau des réserves de change, et, par conséquent, agissent sur la valeur du taux de change externe. Un fort déficit commercial et des paiements et une baisse des réserves de change peuvent avoir des incidences graves pour ces pays. A noter aussi que le yuan chinois n'a commencé son entrée dans les Banques centrales du monde, en tant que monnaie internationale, qu'en septembre 2016, depuis que le FMI l'a intégré dans le panier des DTS. Il est devenu la cinquième monnaie du panier de devises du FMI. Une précision cependant, le yuan ne flotte pas sur les marchés monétaires, il est administré par la Banque de Chine. Ces points définis, comment comprendre la crise immobilière en 2007, suivie par la crise financière en 2008 ? Quelles sont les forces économiques, financières et monétaires qui ont joué pour les provoquer ? Ou, par substitution, comment ont opéré les forces thermodynamiques pour les provoquer ? Une «boucle monétaire» s'est opérée entre le Train économique occidental et les Trains des Émergents et exportateurs de pétrole Pour représenter la dynamique qui a prévalu avant la crise immobilière, postulons que le Train économique occidental avait déjà été touché par une crise financière, entre 2000 et 2002. Ce qui signifie que les excès de spéculation financière sur les valeurs technologiques, en gonflant une bulle financière, ont fini par provoquer une détérioration de la chaudière du Train économique occidental. Et par spéculation, on entend un excès de liquidités injectées par les Banquiers centraux, i.e. les chauffeurs occidentaux, qui ont fortement alimenté en eau les chaudières. Que les banques commerciales ont, à leur tour, transformé fortement l'eau, i.e. la monnaie centrale, par la création monétaire, en vapeur. Une production de vapeur plus que nécessaire pour tirer le Train économique occidental. * Auteur et Chercheur indépendant en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective - www.sens-du-monde.com A suivre... |
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