Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Nous avons plaqué sur notre société une division moderne du travail
qui fut financé par des ressources sur lesquelles elle ne pouvait durablement
compter. Cette division ne reprenait pas celles internes à la société, mais les
écrasait. Les ressources qui n'étaient pas produites par le travail de la
société servirent à son extension, mais leur emploi n'approfondissait pas les
divisions de celui-ci. En dessous de cette division moderne, un refoulement
maintenait la société dans une certaine indifférenciation et une certaine
déprise sur les innovations modernes. D'où la facticité de nos entreprises et
institutions, procédant d'une déconnection de la « tradition » et de la «
modernité », de l'atrophie de l'une et de l'hypertrophie de l'autre. Tels un
savoir avec des institutions pléthoriques déconnectées d'un savoir-faire
national et local atrophié, telles des industries déconnectées d'arts et métiers
maltraités. D'où un mimétisme social passif qui sera à la base du déséquilibre
entre besoins et capacités et à l'origine de l'échec de l'industrialisation.
L'extension et la domination de ce nouveau secteur moderne, qui ont écrasé ou
repoussé, jusqu'à les effacer, les anciennes frontières entre le secteur
moderne colonial et celui traditionnel indigène, a dissimulé sa facticité.
Aujourd'hui, alors que les besoins de la société dépassent les ressources
financières dont ce secteur dispose, se révèle la distance qui sépare ses
offres concrètes de la demande abstraite de modernité qu'il a contribué à
créer. L'aveuglement collectif dont la société faisait preuve quant à
l'ajustement de son horizon d'attente et de ses capacités ne peut plus être
entretenu : le caractère dissipatif du secteur moderne en révèle les coûts
insupportables.
CRISE ET OPPORTUNITE D'IMPLICATIONS SOCIALES Aujourd'hui la crise de ce secteur moderne nous met en présence de nouvelles opportunités[2]. La diminution des ressources publiques, le reflux du « secteur moderne » peuvent être l'occasion d'une libération et d'une mobilisation des ressources sociales, d'une revalorisation du travail local. Pour ce faire, il faut déclencher une dynamique d'auto organisation de la société dont elle a perdu le souvenir et dont elle doit regagner les moyens. Encore faut-il que les ressources du côté de l'offre puissent être disponibles et exploitées par ceux qui en ont les moyens. En effet, à l'image du système de propriété, les divisions actuelles du système d'exploitation[3] dominant ont isolé de nombreuses ressources l'une de l'autre quand il ne les a pas écrasées. Les systèmes d'exploitation et de propriété ont bloqué l'adaptation des exploitations et des espaces dans le monde rural, le développement organisé des espaces urbains. Encore faudrait-il que nous admettions qu'une certaine ère de l'aménagement du territoire touche à sa fin : « Nous ne sommes plus au temps de l'aménagement du territoire, où l'État distribuait les infrastructures et les localisations industrielles dans un souci d'équilibre. Passée aussi l'époque où la grande ambition des collectivités locales était d'être les plus accueillantes possible pour les entreprises, à coup de subventions plus ou moins déguisées. Il s'agit, écrit Pierre Veltz, de « faire des territoires, avec leurs spécificités, leurs atouts de différenciation, le moteur de la création d'activité ». La dimension régionale est la plus adaptée pour tout ce qui concerne, en particulier, la gestion du marché du travail, nombre d'« infrastructures de développement », notamment en matière d'enseignement supérieur, et la création d'une expertise sur la valorisation des ressources locales pour affronter la concurrence internationale[4].» Aussi faudrait-il une conversion des catégories sociales et de leurs capitaux en même temps qu'une refonte du système d'exploitation dans lequel ils puissent s'insérer. Il faut une dynamique de restructuration des marchés qui permette une revalorisation du travail et du capital locaux, de sorte à pouvoir substituer de nouvelles exportations aux anciennes et des productions aux importations. Encore faudrait-il que du côté de la demande, la base de telles opportunités soit étendue. La restructuration des marchés doit opérer autant du côté des demandes que de celui des offres. Car on a pris l'habitude de soumettre l'offre à la demande grâce aux importations. Il faut revoir nos demandes pour pouvoir produire les offres correspondantes. Prendre les demandes telles qu'elles se présentent aujourd'hui met les offres hors de portée. Une raison majeure à ce qu'il est convenu d'appeler la « rigidité de l'offre » en économie du développement tient à l'« abstraction » de nos demandes qui disloque le rapport de notre horizon d'attente à nos capacités. Il faut prendre l'ajustement des offres et des demandes comme l'ajustement d'un sujet social et non celui mécanique d'une puissance extérieure. Nous avons déconnecté nos demandes de nos offres et nous avons importé pour répondre à l'une et écraser l'autre. Nous n'avons pas importé pour accroître notre capacité de production et notre part dans la production mondiale, nous avons profité de notre situation privilégiée de producteur d'énergie pour conforter le consommateur et disqualifier le producteur dans le citoyen. Nous avons servi le marché mondial, accru notre dépendance à son égard et desservi nos marchés, notre accumulation et notre insertion dans le monde. Nous avons dérobé notre travail à notre évaluation et celle mondiale, et les hydrocarbures ne nous ont soustraits qu'en apparence du cercle vicieux du sous-développement[5]. Pour réajuster nos offres et nos demandes de sorte à établir un cercle vertueux de croissance ou de prospérité, il faut que nos marchés se recentrent sur les échanges locaux pour se donner consistance et transformer leur prise sur les échanges mondiaux. Il faut donner une autre vie, une autre épaisseur à nos marchés locaux pour construire des centres d'accumulation, des territoires actifs, dont les réseaux pourraient développer une insertion convenable dans le monde face aux puissants réseaux des centres d'accumulation mondiaux. Pour ce faire, il faut rendre aux marchés locaux leur épaisseur d'espace de délibération, de coopération et de compétition. Le système des marchés de l'économie mondiale ne met plus en rapport des marchés nationaux, mais des réseaux de marchés qui mettent en rapport, dans des relations transversales, des villes, des régions infranationales, des nations, des régions supranationales et le monde[6]. Il faut transformer la société de consommateurs que nous sommes en société de coéchangistes. La justice aujourd'hui, c'est de donner à chacun le pouvoir d'échanger, de contribuer au bien commun. Pour ce faire, les sociétés avancées vont jusqu'à projeter de libérer le travail d'un revenu de subsistance (revenu universel de base). Mais c'est sur cette liberté d'échanger, sa représentation, qui inspire tant de frayeurs et de convoitises, que nous butons aujourd'hui. À la liberté abstraite d'échanger, à la liberté des capitalistes et des multinationales, il faut opposer celles concrètes des collectivités et des individus[7]. IMPLICATION SOCIALE ET DIVISION FONDAMENTALE DU TRAVAIL Pour ce faire, il conviendrait tout d'abord de reprendre la division du travail à sa base : la population doit se réapproprier son territoire, les droits de propriété doivent être clairs et l'on doit sortir de l'alternative dépassée entre propriétés publique ou privée qui a précisément dépossédé les populations de leur territoire[8]. Force est de constater que la privatisation et l'étatisation des ressources collectives ne sont pas garantes de leur protection. Ensemble elles mènent à leur concentration et à leur dissipation. Une telle condition, en rétablissant la population comme partie prenante de la protection de son territoire, restaure le lien entre la population et son intérêt général. Le capital social doit être la base du développement économique afin que l'efficacité économique puisse se conjuguer avec l'équité sociale. Car ce n'est plus l'intensité du travail de transformation, à laquelle se substitue bien le travail des machines, qui fait la force d'une économie, mais la qualité des relations sociales et des échanges qu'elles peuvent supporter. « Le territoire tire sa spécificité des dispositifs formels et informels de coopération, de la création de relations sociales sur lesquelles s'appuient les relations économiques »[9]. Les flux d'informations, les connaissances tacites et non codifiées importent désormais davantage que les flux de matières. « Dans un monde plus incertain, les facteurs qui assurent la performance des territoires ne sont plus les mêmes qu'hier : on passe de variables « hard » comme les coûts de production et de transport à des variables « soft » comme « l'appariement des compétences, la pertinence des relations entre acteurs, la qualité des organisations et les potentiels de confiance. Or, ces atouts sont largement liés à la dimension géographique de ce qu'on pourrait appeler l'« unité de base » de la gouvernance économique : elle doit être suffisante pour éviter l'émiettement stérile des initiatives, mais assez limitée pour assurer la cohérence et la proximité des centres de décision, en même temps qu'une certaine solidarité»[10]. Le rapport de la population algérienne au territoire est celui d'une société qui n'a pas été soumise à une division de classe. La société ne fut ni divisée en guerriers et paysans, ni en propriétaires et non-propriétaires. C'est la propriété collective qui régna là où dans les sociétés de classe, tout au long de leur histoire, se différenciait la propriété privée. L'histoire de la propriété privée remonte au-delà de l'histoire bourgeoise, au-delà du moment où elle sort des mains de la monarchie et de l'aristocratie. Elle sort de cette division du travail entre guerriers et paysans qui se double d'une division en propriétaires et non-propriétaires. La compétition sociale dans nos sociétés ne s'est pas construite en déployant une architecture de classe. Nomades, montagnards et semi-nomades peuvent se distinguer certes par une plus ou moins grande disposition à la guerre, mais sans renoncer à une indifférenciation globale. La société algérienne n'a de ce fait pas le même rapport à la guerre : la défaite des élites n'entraîne pas la reddition de la société. La guerre menée et remportée contre les élites guerrières ne mène pas à la soumission de la société. De ce fait anthropologique, l'identification de la société aux élites est toujours problématique. Celle à l'intérêt général beaucoup moins. La compétition se transforme en guerre dès lors que celle-là ne permet pas à la population, à sa jeunesse, de respirer[11]. La propriété privée à laquelle certaines puissances de l'heure pourraient aspirer et qui pourrait être construite autrement que sur la base de la propriété collective, le consentement collectif, ne pourra sortir de son informalité. Avec le lot de destruction du capital naturel que cela suppose et dont l'histoire peut témoigner. Faut-il attendre que le tribalisme que l'on a réussi à combattre devienne plus vif, ressuscite, pour le comprendre ? La disparition du surplus financier et les exemples étrangers doivent nous rappeler que l'État, ses appareils bureaucratiques et militaires, ont un coût que toutes les sociétés n'ont pas ou ne peuvent supporter. Les sociétés africaines post-coloniales sont nombreuses dans cette situation. De ce point de vue, le premier obstacle à la rationalisation de nos dépenses réside certainement dans notre modernisme d'emprunt. Il faut confier à chacun ce qu'il peut bien faire. Contrôler un territoire quitte à le soumettre à la destruction ou à la dissipation est une solution par défaut dont le coût deviendra insupportable. La restructuration du secteur de la sécurité en même temps qu'il vise à une autre architecture africaine en externe[12], doit en interne s'approfondir en transformant le rapport de la population à la justice, à la gendarmerie et à la police. Comme les anciens moudjahidine, les hommes de la sécurité doivent être dans la société comme des poissons dans l'eau et non comme des officines, mieux connus des services étrangers par leur technologie empruntée que de leur société. C'est par la qualité de nos relations sociales que nous pourrons être à la hauteur des défis technologiques. C'est grâce aux ressources sociales que le secteur de la sécurité sera à la hauteur, aura les moyens de sa tâche. Une remise en cause globale de l'ancienne division rentière du travail s'accompagnant d'un réajustement des offres et des demandes, comme il est craint, s'avérerait intolérable et déstructurant si la confiance de la population en elle-même et en son avenir n'était pas suffisamment forte. Un puissant capital social, une vision claire de l'avenir, un programme en mesure de la concrétiser et de réunir les différentes parties prenantes du développement du territoire (État, collectivités locales et société civile), par le moyen d'une gouvernance économique appropriée, sont les termes de la seule alternative à la décomposition sociale à venir. La transformation du rapport entre la société et les institutions du secteur de la sécurité devra ensuite concerner les autres secteurs. La division sociale du travail pourra envisager et effectuer l'ajustement des demandes et des offres sociales pour rétablir les équilibres macroéconomiques. Une autre vie des marchés pourra être engagée. Une société ne peut envisager de vivre indéfiniment au-dessus de ses moyens d'autant que le monde s'oriente de plus en plus, étant donné la crise écologique et le nouveau pouvoir d'achat des pays émergents, vers un modèle de consommation de moins en moins consumériste. Quoique la découverte des hydrocarbures non conventionnels puisse retarder l'échéance. Un tel retard sera l'occasion pour certains de creuser l'écart avec le reste du monde. Convenons donc que la demande de modernité qui trouvait son offre grâce aux importations et une dissipation du capital naturel ne peut plus être soutenue et que l'ajustement des offres et des demandes exigera des marchés une certaine performance. Il devient de plus en plus net sur les marchés mondiaux[13], que sur la plus grande partie du marché national du travail, la spécialisation réservée à la production mondialisée, devra de plus en plus céder la place, sur le reste de la production, à la pluriactivité et à la formation tout au long de la vie. L'individu doit pouvoir passer d'une activité à une autre, d'une formation à une autre ou d'un marché à un autre. Avec la révolution numérique, les relations de travail se transforment, les marchés aussi. La pluriactivité peut être un autre avantage comparatif de l'économie territoriale. À condition que les coûts marchands de reproduction (secteurs de la sécurité, de la santé et de l'éducation) puissent être réduits considérablement (grâce au nouveau capital social et à la pluriactivité) en faveur de l'investissement de productivité (nouvelles technologies, ingénierie, formation permanente). IMPLICATION SOCIALE ET REFONTE DE LA DEMANDE SOCIALE Dans le contexte d'une production standardisée et globalisée qui domine notre modèle de consommation, la part de notre pouvoir d'achat dépend pour une grande part de notre participation à cette production. Nous ne l'avons obtenu jusqu'ici que grâce à nos exportations en hydrocarbures. Nous sommes confrontés à présent, du fait d'une hausse de la demande interne et une baisse de la demande externe, à une nécessaire substitution d'exportations pour avoir accès à un tel pouvoir d'achat. Dans des contextes économiques mondiaux de récession marqués par une offre excédentaire et national marqué par une préférence pour les importations, la difficulté d'inverser le cours des choses apparaît considérable. Ces contextes semblent ne pouvoir conduire que vers un endettement extérieur, qui lui-même pourrait aboutir à une manière forcée et catastrophique de privatiser le pays ! Confier le soin à la Chine de nous prêter et de récupérer ses prêts peut paraître la solution idoine pour certaines positions de pouvoir. Mais une telle issue est mauvaise, car elle laisse de côté la demande sociale qui doit être considérée comme la variable principale étant donné son ampleur. Il faut une autre politique de la demande qui transforme les préférences sociales et donc qui accompagne un travail de la société sur elle-même. Investir signifie préférer une consommation différée à une consommation présente, une préférence pour la production par soi que pour soi. Quand nous parlons de politique de la demande, nous ne pouvons partir des mêmes présuppositions que Keynes, à savoir une offre excédentaire (et donc une demande insuffisante) et les préférences temporelles d'une société riche (préférence du futur sur le présent). En effet, on ne peut supposer ni l'excès de l'offre, ni des préférences temporelles identiques dans un pays riche et un pays pauvre. Keynes raisonnait dans le cadre d'une société riche. DEVELOPPEMENT LOCAL ET INSERTION MONDIALE Nous ferons l'hypothèse que la participation à la production globalisée ne peut s'effectuer que sur la base d'une production nationale rationalisée comprise dans une juste vision de la place que le monde peut offrir à son insertion. On ne peut participer aux marchés mondiaux sans avoir de marchés nationaux structurés qui pourraient gérer avec profit leurs échanges avec eux. Il faut raisonner dans le cadre d'un jeu à somme non nulle et d'un transfert intensif de savoir-faire. L'Europe a des coûts que nous pouvons lui épargner : au lieu d'exporter notre jeunesse, nous pourrions accueillir sa vieillesse. Celle-ci apporterait une partie de ses revenus et de ses capitaux sans qu'elle se sente victime d'une partie étrangère. Au lieu d'exporter des marchandises ou de la main-d'œuvre, on importerait des consommateurs et du capital. Dans l'industrie mondiale globalisée, on peut soutenir qu'il n'y a pas de place ou très peu, pour les pays d'Afrique à brève et moyenne échéance étant donné l'offre et le savoir-faire mondiaux. À titre spéculatif, on peut soutenir que le tourisme (dont le tourisme médical) peut constituer le secteur stratégique étant donné le vieillissement de la population européenne et l'état de l'offre industrielle mondiale. Autour de lui se développerait une industrie des services et une agriculture de qualité. Une telle hypothèse est déjà inscrite dans la réalité à notre désavantage, car une certaine division du travail s'impose déjà à la jeunesse qui s'expatrie. Il nous faut prendre les besoins des autres si nous voulons qu'ils puissent répondre aux nôtres. L'Afrique ne peut prétendre devenir l'atelier du monde et se substituer à l'Asie parce que les coûts de main-d'œuvre de celle-ci se seraient accrus. L'histoire du travail et des arts, dont les dispositions sociales et la généalogie remontent à la période préindustrielle, lui fait défaut. Son histoire est à venir, elle pourra remonter celle des autres en s'appropriant les nouvelles technologies. Autrement elle ne pourra le faire. Encore que pour cela il faille que notre jeunesse soit autrement disposée, préparée à un autre combat que celui qui la tente aujourd'hui. Cette question de dispositions n'est insurmontable que pour les prolétaires que nous fabriquons, ces jeunes sans prises sur le monde. Afin que la « sainte ignorance » (Olivier Roy) ne soit pas la seule alternative, il faut donner à la jeunesse une prise sur le monde qui lui redonne espoir. Donnons-lui les marchés qui la rendront capable. * Enseignant chercheur, faculté des sciences économiques, Université Ferhat Abbas - Sétif député du Front des Forces socialistes, Bejaia. Note : [1] «La notion de territoire correspond à différents niveaux de réalité, désignant à la fois : un ensemble de facteurs matériels et immatériels proches géographiquement qui permettent par exemple des économies d'agglomération (effet externes positifs) ; un réseau économique et social qui favorise l'émergence d'un capital social localisé ; une gouvernance locale qui rassemble les acteurs privés et les administrations publiques». Benoit Ladouceur Claude Courlet, L'Économie territoriale, Presses universitaires de Grenoble, coll. «l'économie en plus», 2008. https://lectures.revues.org/737 [2] Nous retiendrons de la notion de crise, la notion d'opportunité que rend la définition chinoise qui est signifiée par l'association des deux idéogrammes Wei (danger) et Ji (opportunité). La connaissance qui conduit à la sortie de la « crise » doit être simultanément celle des dangers (ou menaces) et celle des opportunités. L'investissement des opportunités contenant et résorbant progressivement les dangers. [3] Je me hasarde ici à parler d'un système national d'exploitation des ressources comme on parle de système d'exploitation d'un ordinateur. Si un tel système existe bel et bien, à la différence de ce dernier qui est explicite et produit a priori, l'autre est implicite et produit ex post. [4] Gérard Moatti « Pour une révolution régionale », Les Échos, le 27/03/2008. L'auteur présente ici l'ouvrage « La grande transition. La France dans le monde qui vient » de Pierre Veltz, éd. du Seuil, 2008. [5] Ragnar Nurske 1953 : la pauvreté se traduit par un faible revenu, ce qui ne permet pas d'épargner ou d'épargner peu. L'accumulation du capital qui en résulte est donc faible, ce qui ne permet pas d'accroître la productivité et donc les revenus. [6] L'économie mondiale se présente de moins en moins comme un système d'échange entre nations (une économie «internationale»), en raison des tissages transnationaux opérés par les grandes firmes et leurs réseaux, et en raison de la montée et de l'autonomisation relative des deux niveaux d'organisation territoriale que sont les grandes villes, ou villes-régions, et les ensembles «régionaux» supra-nationaux (Europe, NAFTA, Mercosur, etc.). L'ensemble mondial se présente donc plutôt comme une structure à quatre niveaux (le mondial proprement dit, le régional supra-national, les espaces nationaux, les métropoles ou les régions). Mais les relations entre ces niveaux ne sont pas des relations d'emboîtement hiérarchiques, au sens où, par exemple, l'espace national français institutionnel emboîte les régions, les départements, les villes. Car de nombreuses relations horizontales se tissent entre les unités, qui «shuntent» largement les niveaux «supérieurs». Pierre Veltz cité ci-dessous. [7] Amartya Sen et sa philosophie du développement et de la justice sont ici pour nous la référence majeure. [8] Je rappelle la référence majeure que constituent les travaux d'Elinor Ostrom (Prix Nobel d'économie en 2009) qui est à l'origine de l'essor du nouveau champ de réflexion que constitue l'économie des communs et dont les références aujourd'hui se multiplient. Voir par exemple http://blog.mondediplo.net/2012-06-15-Elinor-Ostrom-ou-la-reinvention-des-biens-communs. [9] Claude Courlet cité par Benoit Ladouceur cit. op. [10] Gérard Moatti « Pour une révolution régionale », cit. op.. http://www.lesechos.fr/27/03/2008/LesEchos/20139-072-ECH_pour-une-revolution-regionale.htm [11] Aujourd'hui on pourrait dire, de ce point de vue, que la compétition sociale est contenue comme elle le fut au cours de la guerre de libération nationale. Elle l'est en faveur d'une certaine compétition internationale. [12] Voir le rapport de l'ICG, l'Algérie et ses voisins. http://www.crisisgroup.org/fr/regions/moyen-orient-afrique-du-nord/afrique-du-nord/algerie/164-algeria-and-its-neighbours.aspx [13] Voir l'article « Éduquer et former, sous la dictature du marché du travail » et ses références, octobre 2013 par Nico Hirtt. http://www.skolo.org/spip.php? article1631&lang=fr |
|