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Le forcing diplomatique français a fini par payer et le Conseil de
sécurité de l'ONU d'adopter, ce vendredi, à l'unanimité de ses 15 membres, la
résolution 2071, la première sur le dossier malien, qui donne suite à la
demande des autorités maliennes, appuyée par Paris, pour qu'une force militaire
internationale apporte son soutien à l'armée régulière pour reconquérir le nord
du Mali aux mains des groupes armés islamistes, depuis maintenant un peu plus
de six mois.
Au-delà de cet accord, c'est l'impatience du Conseil de sécurité onusien qui a appelé derechef la Communauté économique des pays de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) à rendre une copie crédible d'un plan de bataille d'ici 45 jours. Si cette demande n'est pas nouvelle en elle-même, le Conseil avait déjà rejeté un plan présenté par Bamako, sous couvert des 3.300 hommes de la Cédéao, qualifié alors d'«irréaliste», la nouveauté réside, cette fois-ci, dans ce que le Conseil de sécurité associe le secrétaire général de l'ONU à la préparation de cette feuille de route, en mettant à disposition des forces à engager des spécialistes de la planification militaire et des questions de sécurité. Le Conseil demande tout bonnement à l'ONU de prêter sa matière grise aux militaires de la Cédéao pour planifier un plan qui permettrait à la force de frappe internationale demandée par les autorités de transition maliennes et exigée par Paris de voir enfin le jour. Cette issue au bras de fer qui s'est engagé entre Paris, Bamako et la Cédéao d'un côté, et ce qu'on a appelé le Front du refus représenté par Alger, Niamey et Nouakchott, était prévisible du moment que Washington a fini par se ranger derrière les velléités belliqueuses de la France. Dans l'interview qu'il a accordée, quelques heures avant la décision du Conseil de sécurité de l'ONU, à un groupe de chaînes de télévision et de radios françaises, à la veille de son départ pour Dakar et la RDP du Congo, François Hollande a clairement laissé entendre qu'un consensus se serait déjà dégagé au Conseil autour d'une intervention militaire au Mali. Pour le président français, cette première résolution sera suivie d'une autre sur les conditions de cette intervention qui visera non seulement les groupes armés, en l'occurrence Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), mais également le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) à l'origine du conflit avec le pouvoir central de Bamako. C'est dire que cette intervention militaire sous parapluie onusien voulue par le pouvoir putschiste en place est l'occasion de se débarrasser des mouvements indépendantistes touareg et de se prémunir contre une présence trop envahissante des troupes de la Cédéao dans la région. LE SATISFECIT D'ALGER Le rapport demandé par le Conseil de sécurité de l'ONU devra préciser les moyens et modalités du déploiement envisagé et, spécialement, le concept d'opérations, les capacités de constitution de la force, ses effectifs et son coût financier. Le Conseil de sécurité s'est dit également prêt, dès réception desdits détails, à donner suite à la demande de Bamako à la mise en place de la force militaire internationale. Dans sa résolution, le Conseil a souligné la nécessité de réagir rapidement pour préserver la stabilité dans le Sahel tout en appelant à une coopération régionale entre le Mali, les pays voisins, en collaboration avec les organisations onusiennes pour contrer la criminalité transnationale organisée, et notamment les activités liées au trafic de stupéfiants ou aux kidnappings. Le Conseil a également exprimé sa crainte de voir Aqmi prendre racine dans cette région du Sahel en invitant les groupes rebelles maliens à se désolidariser des organisations terroristes. La résolution a aussi préparé le terrain politique à l'après-intervention militaire, en exhortant Bamako, les groupes rebelles maliens et les représentants légitimes des touareg du nord du Mali à entamer, dès que possible, des négociations pour trouver une issue au conflit. L'adoption de cette résolution guerrière sonne comme un énième désaveu de la diplomatie algérienne qui s'était déployée, ces derniers mois, pour privilégier l'option politique au bruit des armes. En effet, la volonté manifeste d'Alger était d'éviter tout conflit armé à ses frontières de peur de voir un remake de la guerre en Libye et ses conséquences sur la sécurité intérieure du pays. Les arguments d'Alger auraient pu tenir la route n'était-ce le positionnement de Washington qui avait, dans un premier temps, épousé les vues d'Alger avant de se ranger derrière Paris. Quant à Moscou ou Pékin, le Nord-Mali reste loin de leurs sphères d'influence. Pourtant, et officiellement, cette résolution 2071 a été qualifiée, hier, par l'Algérie de «positive» puisque reprenant de nombreux aspects de la démarche algérienne. «Il s'agit d'une résolution qui cristallise la convergence entre les différentes approches qui étaient sur la table», a souligné M. Belani, le porte-parole du MAE algérien. Parmi ces convergences de vue, les Maliens eux-mêmes qui doivent être acteurs d'une sortie de crise à travers un dialogue politique crédible avec les groupes de la rébellion touarègue dans le cadre d'une solution globale qui préserve l'unité du Mali. La résolution reprend également les demandes algériennes de voir les groupes rebelles prendre leurs distances avec l'Aqmi et le Mujao. M. Belani a aussi souligné que la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU se base sur la lutte contre le terrorisme, ce qui, par conséquent, rejoint la position de l'Algérie. |