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L'Algérie souveraine face à l'esprit néocolonial

par Mustapha Aggoun

L'Algérie, patiente mais inébranlable, fait face aux derniers soubresauts d'une France qui peine à tourner la page du colonialisme. Tandis que Paris continue de recycler les mêmes réflexes impérialistes, Alger avance avec une vision souveraine, fidèle à son histoire de lutte et de dignité. Aujourd'hui, la scène politique française est occupée par des figures qui, comme Bruno Retailleau, s'accrochent à l'illusion d'une Algérie soumise, alors que l'histoire leur a déjà donné la leçon inverse.

Ceux qui, en France, rêvent encore d'un rapport dominant avec l'Algérie se heurtent désormais à une réalité implacable : le pays n'est plus ce territoire sous tutelle que Paris manipulait à sa guise. La riposte cinglante de l'Algérie aux déclarations mensongères de Retailleau, via l'Agence de presse algérienne (APS), marque une étape clé dans le démantèlement des mécanismes néocoloniaux. C'est une réponse qui s'inscrit dans une dynamique plus large, celle d'une nation qui, contrairement au Maroc voisin, refuse de plier sous le poids des accords déséquilibrés et des alliances à sens unique.

Depuis son indépendance arrachée dans le sang, l'Algérie a mené un combat permanent pour préserver sa souveraineté face aux manœuvres françaises. De l'accord de décembre 1968 sur l'immigration, constamment remis en question par les élites françaises, aux tentatives d'influence économique et militaire, Paris n'a jamais cessé de chercher à maintenir un levier sur Alger.

Mais l'Algérie de 2025 n'est plus celle des premières décennies post-indépendance. Aujourd'hui, c'est une puissance régionale qui impose ses conditions. Alors que la France voit son influence économique reculer, perdant des marchés stratégiques dans les secteurs du blé, de l'énergie et des infrastructures, l'Algérie diversifie ses partenariats vers l'Asie, la Russie et l'Afrique, consolidant son indépendance.

Retailleau et ses semblables tentent de faire de l'Algérie un bouc émissaire, une diversion politique pour masquer l'effondrement social et économique de la France. Avec un chômage galopant, des entreprises en déroute et une politique étrangère erratique, Paris cherche un ennemi commode. Mais l'Algérie ne joue plus ce rôle. Au contraire, elle impose le débat sur de nouveaux termes : respect mutuel ou rupture.

Là où l'Algérie affirme sa souveraineté et dicte ses relations internationales, le Maroc reste enfermé dans un statut de protectorat déguisé. Depuis l'indépendance formelle de 1956, Rabat a fait le choix d'une soumission stratégique à la France, acceptant un rôle subalterne en échange d'une protection politique et économique. Cette dépendance se traduit dans tous les domaines : du contrôle des infrastructures aux orientations diplomatiques dictées par Paris.

L'exemple le plus frappant est celui du Sahara occidental. Alors qu'Alger défend avec constance le droit des peuples à l'autodétermination, Rabat s'aligne servilement sur les positions françaises, cherchant désespérément un soutien à son occupation du territoire sahraoui.

Sur le plan économique, le contraste est tout aussi criant. L'Algérie, forte de sa richesse énergétique et de ses alliances diversifiées, négocie ses contrats avec des puissances émergentes. Le Maroc, lui, reste dépendant des investissements français et européens, soumis aux diktats de la Banque mondiale et du FMI. Là où Alger impose ses conditions aux multinationales, Rabat ouvre grand ses portes à une privatisation incontrôlée, au détriment de sa population.

Les élites françaises, enfermées dans leur logique passéiste, peinent à accepter que l'Algérie ne soit plus un terrain de manœuvre facile. Bruno Retailleau et ses alliés tentent de raviver une rhétorique hostile, mais ils se heurtent à une Algérie qui, au lieu de réagir avec émotion, répond par des actions concrètes.

L'APS, en dénonçant les absurdités de Retailleau, ne fait pas que répliquer : elle inscrit la relation franco-algérienne dans un nouveau cadre, celui d'un rapport de force assumé. La France ne peut plus imposer ses volontés sans conséquences. Chaque provocation entraîne une riposte économique, diplomatique ou stratégique.

Désormais, l'Algérie exige que toutes les questions en suspens soient mises sur la table :

- Le ‘dossier mémoriel', que Paris tente de minimiser, alors que la France refuse encore de reconnaître ses crimes coloniaux.

- Le pillage économique, avec des accords déséquilibrés qui doivent être renégociés sur une base de respect mutuel.

- Les essais nucléaires français en Algérie, dont les séquelles environnementales et sanitaires continuent d'affecter la population.

- La question migratoire où l'Algérie refuse d'être traitée comme une variable d'ajustement pour la politique intérieure française.

Bruno Retailleau, en menant une croisade obsessionnelle contre l'Algérie, cherche, avant tout, à se positionner pour la présidentielle de 2027. En jouant la carte du nationalisme anti-algérien, il tente de capter l'électorat de la droite dure, de plus en plus fragilisé par ses contradictions. Mais cette stratégie, autrefois efficace, est aujourd'hui dépassée. Car l'Algérie n'est plus dans la position de subir : elle impose désormais ses réponses. En contrôlant ses ressources, en diversifiant ses alliances, en mettant la pression sur les entreprises françaises qui cherchent à opérer sur son territoire, elle montre que les leviers de la relation franco-algérienne sont désormais entre ses mains.

Pendant ce temps, la France s'enfonce dans ses propres crises. Ses services de renseignement se plaignent d'une coopération réduite avec Alger, les consulats français sont en difficulté face aux blocages administratifs, et les entreprises françaises accusent des pertes record après avoir été évincées du marché algérien

Loin des calculs politiciens de Paris, Alger avance avec une certitude : celle d'un avenir souverain, ancré dans le respect de son histoire et de ses intérêts nationaux. Contrairement au Maroc, qui demeure un satellite de la politique française en Afrique, l'Algérie impose ses choix et redéfinit ses alliances.

La riposte de l'APS du 16 mars n'est pas qu'une réponse médiatique : c'est un message clair à Paris. L'ère où l'Algérie devait composer avec une France arrogante est révolue. Désormais, c'est sur la base du respect et de la dignité que se construira – ou non – la relation franco-algérienne.