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Capharnaüm

par Abdou BENABBOU

Il est fort douteux que Macron serait enclin d'emprunter la piste objective laissée ouverte par son homologue algérien pour se débarrasser du « capharnaüm » créé par le très agité ministre de l'Intérieur français. Le locataire de l'Elysée n'est pas dans une situation confortable lui permettant des coudées franches pour une émancipation décisionnelle.

L'otage de l'extrême droite qu'il est n'a pas la possibilité d'élever le niveau du débat à l'étage qui lui est dû, craignant qu'à la moindre incartade déplaisante pour ceux qui lui ont accordé un sursis, c'est le renversement de son gouvernement qui surviendrait.

N'ayant pas de ressort pour faire face à une situation économique et sociale tendant vers un sombre inconnu, il ne restait au gouvernement français mis à jour par césarienne et au pouvoir macronien très fragilisé qu'à trouver un leurre comme arme de disculpation. Il suffisait d'orienter la diversion vers les problèmes de l'immigration algérienne pour que le glas ne sonne pas au Parlement. La menace de démission du ministre de l'Intérieur français est en droite ligne avec cet axe. La menace d'un opportunisme aveuglant aura servi aussi de denrée pour le marché électoral. En d'autres temps, quand les chefs d'Etat disparus ne se retournaient pas dans leurs tombes, il aurait été aussitôt démis de ses fonctions.

L'extrême droite ne demande pas plus pour entretenir son électorat et préparer sa prise du pouvoir.

Il n'est pas écarté que le ministre des Affaires étrangères français se rende à Alger. Au vu de la situation politique française interne, une telle visite ne sera probablement qu'une manière de surfer sur un débat qui mérite d'être défraîchi avec sérieux, maturité et sérénité.

Paris ne pourra pas indéfiniment verser de l'huile sur le feu pour indisposer un Etat voisin avec lequel elle a déjà beaucoup perdu. Pour la France, perdurer dans une animosité contreproductive fait courir le risque certain de perdre le peu d'atouts qui lui restent encore en Algérie.