Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'unique hôpital anti-cancer de Ghaza bombardé: Des manœuvres pour ramener le Liban dans la spirale de la violence

par Mohamed Mehdi

Vendredi, 4e jour de la reprise des bombardements contre Ghaza, avec le soutien clair et sans limite accordé par l'administration américaine, l'armée génocidaire israélienne a bombardé l'unique hôpital anti-cancer de l'enclave.

Il s'agit de l'hôpital de l'Amitié Turco-Palestinienne, construit en 2017, la seule structure hospitalière dédiée au traitement des patients en oncologie dans la bande de Ghaza, a annoncé vendredi un communiqué du ministère de la Santé de l'enclave. Le ministère a également précisé que l'hôpital, «situé dans le corridor de Netzarim, près de la rue Salah al-Din, avait servi de centre de commandement aux forces d'occupation lors de leur précédente offensive militaire» dans le centre et le nord de Ghaza. «Ce comportement criminel de l'occupation s'inscrit dans la lignée de la destruction systématique du système de santé et de l'achèvement des étapes du génocide à Ghaza», a ajouté le ministère de la Santé.

Pour le Mouvement Hamas, cet « acte sadique reflète la barbarie de l'occupant, qui persiste dans sa campagne génocidaire contre le peuple palestinien ». « La destruction de l'hôpital, le seul à Ghaza à traiter des patients atteints de cancer, intervient après le feu vert accordé par l'administration américaine à l'occupation criminelle à poursuivre sa guerre d'extermination contre le peuple palestinien, au mépris total du droit international », ajoute le communiqué du Hamas publié sur Telegram.

Près de 50.000 martyrs depuis le 7 octobre 2023

Par ailleurs, dans son rapport statistique quotidien, le ministère de la Santé a publié ce samedi une mise à jour du bilan total des victimes du génocide israélien à Ghaza depuis le 7 octobre 2023 qui «s'élève à 49.747 martyrs et 113.213 blessés».

Ce bilan comprend les victimes des précédentes 48 heures, à savoir 130 martyrs, dont 2 corps retrouvés sous les décombres, et 263 blessés transférés vers les hôpitaux de l'enclave. Le document note également que depuis la reprise à large échelle des bombardements israéliens sur Ghaza, le mardi 18 mars 2025, le nombre de victimes a atteint 634 martyrs et 1 172 blessés.

Samedi, les bombardements sionistes sur Ghaza ont fait plusieurs martyrs et des blessés dans les régions centre et nord de l'enclave. Dans le centre de Ghaza, l'artillerie israélienne a bombardé le nord du camp de Nuseirat en début de matinée. Des hélicoptères ont par la suite ciblé le camp de Bureij. En fin de matinée, un correspondant d'Al Jazeera a rapporté le martyre de deux Palestiniens dans un bombardement israélien de la zone d'Al-Mughraqa, au nord du gouvernorat central de la bande de Ghaza. Dans le nord de Ghaza, les attaques d'hier ont visé plusieurs zones de la région de Beit Lahia. Les attaques ont commencé vers 8h (localement) par des tirs de l'artillerie sioniste. Toujours à Beit Lahia, les tirs d'artillerie ont repris à plusieurs reprises, en début d'après-midi. La première attaque qui a visé des tentes de personnes déplacées a fait au moins deux martyrs et un blessé, a indiqué un correspondant d'Al Jazeera. Le journaliste a rapporté une deuxième attaque sur la même zone, faisant un martyr et un blessé. Toujours dans le nord de Ghaza, un autre bombardement israélien sur la région de Shaima a fait trois martyrs, dont une fille, et cinq autres blessés, a indiqué un correspondant d'Al Jazeera.

Le Hezbollah nie tout lien avec les tirs de roquettes vers Israël

Samedi, en début de matinée, l'armée sioniste a annoncé avoir intercepté 3 missiles sur les 5 lancés depuis le Liban sur la région de Metulla, une zone frontalière dans le nord de la Palestine occupée, tandis que les 2 autres missiles ont atterri en territoire libanais. Le Hezbollah a nié tout lien avec les tirs de roquettes.

Il s'agit de la première attaque à partir du Liban depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu il y a plus de trois mois. Un cessez-le-feu qui n'a jamais été respecté par la partie sioniste qui continue, à ce jour, ses attaques sur différentes parties du sud Liban, sans que cela ne soit l'objet de critiques et de dénonciations de la part des Etats-Unis et des pays européens.

Immédiatement après l'interception des trois missiles, l'artillerie israélienne a bombardé les environs des villes de Yahmar et de Markaba au sud du Liban. Les attaques sionistes se sont poursuivies en début d'après-midi sur les villes de Toulin et Kafr Kila, toujours au sud du pays. Le ministère libanais de la Santé a déclaré que deux personnes avaient été blessées suite aux attaques israéliennes contre la ville de Kafr Kila.

Vers 14h (localement) la Protection civile libanaise a annoncé le martyr de deux personnes et dix autres blessées lors d'un raid israélien sur la ville de Toulin. Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a réagit en mettant en garde «contre les opérations militaires à la frontière sud car elles risquent d'entraîner le pays dans une nouvelle guerre», a-t-il déclaré, avant d'en appeler aux Nations Unies à «redoubler de pression internationale sur Israël pour qu'il se retire des territoires libanais occupés». En outre, dans un communiqué, la Présidence libanaise a estimé de son côté que «ce qui s'est produit dans le sud» constitue une «attaque prolongée contre le Liban», et a appelé l'armée libanaise «à contrôler toute violation ou négligence susceptible de menacer la nation» et a condamné les «tentatives visant à ramener le Liban dans la spirale de la violence». Le Hezbollah a nié toute implication dans le lancement de roquettes depuis le sud du Liban vers le nord de la Palestine occupée. Le parti a déclaré que les affirmations de l'ennemi israélien sont des prétextes pour poursuivre ses attaques contre le Liban, qui n'ont pas cessé depuis l'annonce du cessez-le-feu. Il a également affirmé son attachement à l'accord de cessez-le-feu et son soutien à l'État libanais face à la dangereuse escalade israélienne. De son côté, le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a déclaré que «Israël est l'unique bénéficiaire de l'entraînement du Liban et de la région dans la sphère de la grande explosion». Berri a appelé «l'armée libanaise, les autorités judiciaires et sécuritaires ainsi que le comité de surveillance du cessez-le-feu à révéler ce qui s'est passé dans le sud», avant de rappeler que l'entité sioniste «avait violé la résolution 1701 et l'accord de cessez-le-feu plus de 1500 fois».

Plus tard, l'armée libanaise a déclaré avoir trouvé trois plates-formes de missiles improvisées dans la zone située au nord du fleuve Litani, une région d'où les troupes du Hezbollah se sont totalement retirées depuis l'annonce de la trêve. Par ailleurs, une source militaire libanaise a déclaré à Al Jazeera qu'une «enquête préliminaire» a montré que «les missiles lancés vers les territoires occupés étaient d'un modèle ancien», et qu'il n'existe «aucune donnée concluantes sur l'identité de l'auteur des lancements de missiles».