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La banane flambée, le pain et les humbles commodités

par Abdou BENABBOU

Une forte touche vient d'être portée dans la lutte pour la moralisation du commerce. La publication de la liste des importateurs de la sacrée banane contrevenant aux règles de la légalité est un acte de clarification et un conséquent avertissement pour d'abord confirmer que l'esprit du formel et de la duplicité n'a plus un droit de cité.

Il est quand même étonnant qu'un tel fruit venu des contrées lointaines fasse autant de bruit pour se présenter avec insistance dans les étalages pour narguer la vue non sans interroger les esprits. Une curieuse dichotomie se présente quand les urgentes nécessités se bousculent entre la banane qui barre les rues à plus de 700 dinars le kilo et la grande discrétion de la pièce détachée ou des médicaments dans les pharmacies.

La rigidité utilisée dans ce domaine, par les autorités, comme dans d'autres, est le témoignage d'une volonté d'assainir un secteur névralgique qui n'avait pas fini de faire jaser les consommateurs. Le silence complice d'hier, souvent organisé, n'a pas seulement dérangé et perverti le commerce. Il a été une donnée politique nourricière des colères et des démobilisations contraires au patriotisme.

Puis n'est-il pas incommodant que la banane occupe ainsi le devant d'une scène et d'un marché, alors qu'elle n'a jamais été le fruit principal dans la consommation nationale basée essentiellement sur la figue, la pastèque, le melon et les primeurs. Elle doit sûrement sa verve et sa parade à une longue bouderie dans le passé quand les pénuries dans un marché cerné faisaient office de loi. On a ensuite pensé que les Algériens ne devaient manquer de rien, même pas du superflu quitte à s'introduire dans une économie de bazar.

La réalité veut qu'elle ne soit ni sérum ni sève de vie. Si l'on s'aventurait à aller discourir sur la banane flambée comme dessert dans un quartier populaire on s'atrophierait la langue devant une population n'ayant les yeux et les soucis braqués que sur le pain et sur les très humbles commodités.