
Le gouvernement français vient de passer
à l'acte en remettant à l'Algérie une liste de ressortissants algériens qu'il
veut voir quitter son territoire. Et ce, selon une procédure qu'il a décidée et
qu'il veut imposer à l'Algérie, sans aucun respect des accords liant les deux
pays en la matière. Ainsi, suite à une audience accordée au
Chargé d'affaires de l'ambassade d'Algérie en France le 14 mars courant, qui
s'est vu remettre, à cette occasion, une liste de ressortissants algériens faisant
l'objet de décisions d'éloignement du territoire français, le secrétaire
général du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à
l'étranger et des Affaires africaines, M. Lounès Magramane, a reçu, lundi au siège du ministère, le Chargé
d'affaires de l'ambassade de la République française en Algérie, a indiqué un
communiqué du ministère. Selon la même source, le secrétaire général du
ministère des Affaires étrangères a remis au Chargé d'affaires français une
note verbale contenant la réponse officielle des autorités algériennes. «Dans
cette réponse, l'Algérie réaffirme son rejet catégorique des menaces et des
velléités d'intimidation, ainsi que des injonctions, des ultimatums et de tout
langage comminatoire. En outre, l'Algérie désapprouve l'approche sélective de
la France vis-à-vis des accords bilatéraux et internationaux liant les deux
pays. Elle réaffirme qu'en ce qui la concerne, l'Algérie n'est animée que par
le souci de s'acquitter de son devoir de protection consulaire à l'égard de ses
ressortissants», affirme le texte. «S'agissant de la démarche de la partie
française, celle-ci a été rejetée par les autorités algériennes sur les plans
de la forme et du fond.
Sur la forme, l'Algérie a fait valoir que
la France ne pouvait, unilatéralement et à sa seule discrétion, décider de
remettre en cause le canal traditionnel de traitement des dossiers
d'éloignement», souligne le communiqué. La partie française a, par conséquent,
«été invitée à respecter la procédure établie en la matière, en suivant le
canal d'usage, celui entretenu entre les préfectures françaises et les
consulats algériens compétents, et en préservant la manière de traitement
habituelle, celle de procéder au cas par cas», a-t-on expliqué. «Sur le fond,
la réponse algérienne a souligné que le Protocole d'accord de 1994 ne peut être
dissocié de la Convention de 1974 sur les relations consulaires qui demeure le
cadre de référence principal en matière consulaire entre les deux pays. De ce
point de vue, la mise en œuvre de l'un ne doit pas se faire au détriment de
l'autre, notamment lorsqu'il s'agit de la nécessité de veiller au respect des
droits des personnes faisant l'objet de mesures d'éloignement», poursuit la
même source. Pour toutes ces raisons, conclut le communiqué, «les autorités
algériennes ont décidé de ne pas donner suite à la liste soumise par les
autorités françaises. Celles-ci ont été invitées à suivre le canal d'usage, en
l'occurrence celui établi entre les préfectures et les consulats».