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Bananes et remous portuaires

par Abdou BENABBOU

Certaines nouvelles tombantes abasourdissent par leur nature pour que l'on se demande par quoi elles sont guidées. La nouvelle affaire de 800 tonnes de bananes saisies au port de Annaba ne manque pas d'être terrifiante, non pas par sa quantité délirante, mais par le degré d'inconscience des mis en cause et l'illustration d'un profil d'acteurs économiques sans foi ni loi qu'il ne s'agit plus de définir comme des agents économiques mais de patentés mercenaires du diable.

Le drame est d'autant plus insoutenable qu'il s'agit dans cette affaire de bananes et s'il est le miroir fidèle de la démesure et que quelque part il a un lien avec les travers de la consommation. La banane à ce que l'on sache n'est ni un remède ni une potion magique pour que lui soit accordé un tel grand intérêt par les importateurs comme par les consommateurs. Elle est produit exotique dont la symbolique cadre très mal avec l'inflation pesante et la continuelle cherté de la vie.

D'aucuns invoqueront légitimement la liberté de consommation. Ce seront les mêmes qui ont fait la moue à l'annonce de la fin de l'importation du marbre italien.

800 tonnes de bananes, il y a là de quoi inonder tout le marché ! Mais c'est aussi la figure d'un couteau que l'on remue dans la plaie pour s'interroger sur un fruit effronté qui a su préserver ses distances dans les ports et dans les marchés.

On ne devrait pas seulement retenir des remous portuaires annabis que des présumés contrebandiers se sont fait attraper les mains dans les cageots. Bien que l'affaire n'a pas encore livré tous ses secrets, il s'agit d'abord de s'interroger sur le phénomène bananier pour enfin savoir pourquoi ce fruit a en permanence soigné et préservé sa royauté. Et qui du consommateur ou de l'importateur a été le guide de sa suprématie sur les autres fruits d'autant qu'il n'est pas importé des pays d'à côté.