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Les spéculateurs dans le viseur: 800 tonnes de bananes saisies à Annaba

par M. Aziza

Les prix de la banane ont connu une hausse importante durant ce mois de Ramadan en Algérie, le kilo ayant franchi le cap des 700 DA. Et ce, en dépit des avertissements et des actions menées par les pouvoirs publics qui considèrent que cette augmentation n'est pas justifiée.

Hier encore, les services de sécurité et des douanes de la wilaya de Annaba ont pu saisir 800.000 kilogrammes de bananes, conditionnées dans 34 conteneurs. Une opération qui s'inscrit dans le cadre des efforts déployés pour lutter contre la spéculation et le monopole sur les marchés nationaux. Cité par l'APS, au sein même du port, le Directeur général des Douanes, le Général-major Abdelhafid Bakhouche a souligné que la quantité de bananes saisie, chargée dans 34 conteneurs, dépassait les 800.000 kg. La quantité saisie appartenait à un opérateur économique privé qui n'avait pas effectué les procédures de dédouanement nécessaires pour retirer la marchandise du port, en dépit des multiples relances et mises en demeure officielles qui lui ont été adressées, a souligné le Général-major Bakhouche. Le DG des Douanes a estimé que le refus de cet opérateur de répondre aux appels des services des Douanes témoigne d'un non-respect des conditions d'approvisionnement du marché, d'autant qu'il s'agit d'une marchandise périssable.

Le Général-major Bakhouche a ajouté que sa présence, en personne, sur le terrain pour assurer le suivi de l'opération de saisie au niveau du port d'Annaba «se veut un message clair aux spéculateurs quant à l'application rigoureuse de la loi», soulignant que les services des Douanes accordent toutes les facilités au profit des opérateurs pour le dédouanement de leurs importations en vue de garantir la disponibilité des produits sur le marché national.

De son côté, le Directeur général de la Sûreté nationale, Ali Badaoui, a affirmé que la saisie de cette quantité sera suivie de «l'ouverture d'une enquête judiciaire sous la supervision du parquet local, pour déterminer les circonstances de cette affaire qui s'inscrit dans le cadre de la spéculation, et qui constitue une atteinte aux droits des citoyens à un approvisionnent régulier du marché national». Et d'ajouter que tous les ports nationaux bénéficient des mêmes facilités en termes de dédouanement, ne laissant ainsi aucun prétexte aux opérateurs économiques pour laisser leurs marchandises pendant une longue période au niveau de ces ports. Le DGSN a fait savoir que la quantité de bananes saisie avait été importée en vertu d'une licence délivrée par le ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national, ce qui signifie que ladite marchandise faisait partie d'un plan visant à garantir la disponibilité de ce produit, et que sa non-distribution sur le marché constitue «un manquement aux engagements de l'opérateur économique envers l'Etat et les citoyens». La loi de lutte contre la spéculation promulguée depuis plus de quatre ans, prévoit de lourdes peines de prison pour les actes de spéculation. Si certains consommateurs ont à travers le réseau social appelé au boycott des bananes jusqu'à ce que leur prix baisse à 200 dinars, le secrétaire général de la Fédération algérienne des consommateurs, Mohamed Mimouni, a plaidé à l'ouverture en urgence de la filière banane à d'autres importateurs pour une régulation durable du marché de ce produit.

Dans une déclaration faite au « Le Quotidien d'Oran », le SG de la fédération a salué les dernières mesures prises par le gouvernement concernant la lutte contre les spéculateurs qui ont abouti à la saisie d'une grande quantité de bananes dissimulée à des fins de spéculation, à travers le pays. Estimant que ces opérations pourront faire baisser les prix. Mais, au-delà de ces mesures, la Fédération des consommateurs propose d'ouvrir l'importation de la banane à d'autres opérateurs et ce, pour éviter la spéculation et le monopole dans la filière. La fédération a également plaidé pour fixer un prix de référence dans un cadre visant ainsi une restructuration du marché de la banane. Et assurer de ce fait une traçabilité de la marchandise de l'importation jusqu'à son arrivée au détaillant. A noter que l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) avait déjà réagi par rapport à cette flambée des prix des bananes, en imputant la responsabilité à certains importateurs. En affirmant à travers un communiqué rendu public le 8 mars dernier, que « ni les grossistes, ni les détaillants, ni les intermédiaires ne sont responsables de cette situation ». Précisant que « le vrai problème, selon les grossistes de fruits et légumes sous notre enseigne, réside dans la politique de certains importateurs, qui vendent les bananes à un prix élevé ». Les membres de l'UGCAA soulignent que « les commerçants et les intermédiaires ne sont pas responsables de cette augmentation, car ils ne constituent qu'un maillon faible de la chaîne de distribution qui commence avec l'importation ». Par conséquent, ils appellent « au renforcement des contrôles, non pas pour tenir les commerçants responsables de ces augmentations ou saisir leurs marchandises, mais plutôt pour diriger la responsabilité vers les véritables coupables et intensifier une surveillance étroite sur eux ». Notamment, « ceux qui gonflent les prix de manière sournoise, imposent leur logique aux commerçants et fixent les prix par téléphone à leurs assistants chaque matin », lit-on dans ledit communiqué.