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![]() ![]() ![]() ![]() Rappelons
aux plus jeunes que Poulidor, un ancien coureur cycliste, était connu comme
l'éternel second, derrière le grand champion Anquetil. Et de leur rappeler que
s'ils reviennent souvent sur cette page, il leur faut se persuader que toutes
les chroniques sont au second degré. Second degré, tiens, quelle belle
correspondance avec notre sujet d'aujourd'hui !
Depuis la petite école de Maraval, j'entendais systématiquement dire «Oran, la seconde ville la plus importante d'Algérie». Puis avec le temps «Oran une grande ville d'Algérie» pour finir par la disparition de l'adjectif et trouver des moyens détournés et très évasifs, «Une ville à l'Ouest», «Une ville côtière». Puis, on en est arrivé à l'étranger à entendre «Ce n'est pas cette contrée, cette ville, de Camus ?». Plus les gens s'instruisaient, plus le monde s'ouvrait à la communication, plus on s'acharnait à vouloir m'exaspérer. Nous sommes à leurs yeux, les éternels seconds, les Poulidor de la destinée. Eh bien non, insurgeons-nous ! (en le criant fort mais avec humour et tendresse pour les autres, ne le répétez pas !). Comment ça, la seconde ? Les autres villes ont-elles un volcan majestueux qui surplombe la ville avec cet œil de surveillant général qui semble dire «je suis-là». Bon, on m'a toujours dit que la montagne des lions était le vestige d'un cratère d'un volcan. Vrai ou faux, je ne vais pas contredire les gens sur ce point qui m'arrange pour ma chronique. Et tous les matins, deux sommités se font face pour encadrer les limites de cette ville majestueuse, le sommet de notre volcan adressant une salutation respectueuse et silencieuse à la dame au sommet de l'autre. Ils enveloppent la ville, la délimitent et la couvrent de leur protection. Et les autres, ont-ils deux ports ? Un qui s'annonce dès que l'autre disparaît sur le chemin côtier. Ont-ils cette particularité d'offrir deux chemins pour arriver à la place des Victoires ? Par la rue d'Arzew et un autre dont le nom m'échappe. Qui a déjà entendu dire dans une autre ville «aujourd'hui, on passe par ici ou par là» ? Tous les chemins mènent à Oran. Qui a inventé le concept du quartier Bobo avant tous les autres en ayant la vision futuriste de nommer «ville nouvelle» l'un des quartiers les plus anciens ? Eh, oh, où passe le méridien de Greenwich sinon par l'ancienne préfecture d'Oran ? Nous sommes la mesure du monde, la boussole de tous les grands navigateurs et l'horloge du temps qui passe pour l'humanité. Et puis, notre ville, lorsqu'on prononce son nom, on n'entend pas une question «Le pays ou la capitale ?». Ce nom de l'autre ville, celle qui a fait de nous des Poulidor, n'a pas la même certitude que nous avons du nom de la nôtre. Oran n'a pas besoin de se cacher derrière le patronyme générique du pays pour affirmer sa personnalité. On n'a pas qualifié notre belle ville de capitale, mais on n'a pas besoin de le clamer pour être un lieu capital pour la nation algérienne. (Et vlan ! C'est bien envoyé à l'autre). D'accord, d'accord, j'ai épousé une femme de la capitale. Oran sait s'ouvrir aux étrangers, elle a le cœur du partage et de l'amour pour les autres. Non ? Bon, c'est vrai, je l'accorde, depuis l'étranger je suis désespéré par certains scores au football. Il faudra moderniser le panneau d'affichage informatique qui inverse les chiffres. Il est temps de donner la retraite à ce brave oncle Hamza qui s'en occupait. Ils ont un aéroport portant le nom d'un Président, et alors Oran en a un autre sur le fronton du sien. Mais surtout, mes chers jeunes lecteurs avec qui je bavardais au début de cette chronique, Poulidor était le plus grand aux yeux du public. Son nom forçait la sympathie et l'admiration auprès du public. Il a fait du mot second la marque de la bravoure, de la sympathie et de l'extraordinaire bonté humble qu'avait cet homme, à l'accent bien trempé dans sa campagne de naissance où il a appris le sens du labeur et des valeurs. Oui, Oran est le Poulidor auquel on n'enlèvera jamais les lauriers de la gloire. |
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