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Le véritable enjeu

par Abdelkrim Zerzouri

Le président Donald Trump a eu le mérite d'avoir exprimé sans ambages son intérêt pour les terres rares en Ukraine (contre la paix), quand d'autres continuent de prôner la défense de la démocratie et du peuple ukrainien contre la Russie. Le riche sol ukrainien attise les convoitises des Etats-Unis, qui ne cachent pas leur volonté d'exploiter ses terres rares, et lève le voile sur le véritable enjeu que les Européens cachent derrière l'aspect sécuritaire, mis au premier plan dans leur soutien à l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie, alors que l'exploitation des ressources essentielles à la fabrication de technologies bas carbone fait courir pas mal de monde.

Par bribes d'informations, on apprend, selon les données du Bureau français de recherches géologiques et minières, que 20% des ressources mondiales estimées de graphite se trouveraient ainsi dans le sol ukrainien. Le pays possèderait 22 des 34 substances que l'Union européenne qualifie comme «matières premières critiques» et environ 5% des réserves mondiales. Des ressources qui représentent «un intérêt stratégique majeur pour les Européens», pouvant réduire leur dépendance vis-à-vis des importations chinoises et également sécuriser leur approvisionnement. Aussi, le fait que plusieurs gisements majeurs soient actuellement situés sur des territoires occupés par l'armée russe, dans la région de Donetsk par exemple, n'est pas le fruit du hasard ou d'un quelconque souci purement sécuritaire.

Selon les derniers développements stratégiques, les minerais constituent un enjeu stratégique dans les choix des politiques internationales à mettre en œuvre par les gouvernements des puissances mondiales. D'autant que l'ennemi numéro 1 des Occidentaux, en l'occurrence la Chine, contrôlerait 60 à 70% de la production de terres rares, et même 100% de l'offre raffinée de graphite naturel, selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (AIE). Le président Trump n'y est pas allé par quatre chemins pour jeter son dévolu sur les richesses naturelles que recèlent plusieurs régions du monde, dont le Groenland et le Canada, en sus de l'Ukraine. Et, un pays africain, ayant eu vent de cet intérêt américain pour les terres rares, s'est engagé dans des pourparlers avec les Etats-Unis à propos d'un accord qui donne à Washington l'accès à des métaux importants dans son sol.

Il s'agit, selon Le Financial Times, du Congo qui possède d'importantes réserves, notamment le cuivre, le cobalt, l'argent, l'uranium, le plomb, le zinc, le cadmium, le diamant, l'or, l'étain, le tungstène, le manganèse, en plus de minéraux rares tels que le coltan, abondant dans l'est du pays où il est extrait de manière essentiellement artisanale. Même la Russie s'ouvre à la coopération dans ce domaine des terres rares avec les Etats-Unis «quand viendra la volonté politique», selon des propos du Kremlin.