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Arrêt de l'aide humanitaire pour Ghaza: Des conséquences «dévastatrices» sur les enfants

par Mohamed Mehdi

  Vendredi, 47e jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, Ghaza continue de compter ses martyrs et en enregistre de nouveaux. Dans son bilan statistique publié jeudi, le ministère de la Santé a indiqué que le nombre de victimes du génocide israélien a atteint 48.446 martyrs et 111.852 blessés. Ce nouveau bilan comprend 6 corps de martyrs retrouvés sous les décombres et blessés enregistrés durant les précédentes 24 heures. A noter que lors de la journée de mercredi, 30 corps ont été retrouvés sous les décombres.

L'armée sioniste continue encore de tuer à Ghaza. Hier, vendredi, un correspondant d'Al Jazeera a rapporté qu'un bombardement de drone israélien, contre un groupe de Palestiniens dans le quartier d'Al-Shujaiya, à l'est de la ville de Ghaza, a fait au moins deux martyrs.

Jeudi, Al Jazeera a révélé qu'une étude basée sur des images satellites a montré que «44 cimetières ont été totalement ou partiellement détruits à Ghaza» durant l'agression sioniste. «Une analyse d'images satellites réalisée par l'agence de fact-checking Sanad d'Al Jazeera a révélé que 44 cimetières dans diverses zones de la bande de Ghaza ont subi des dommages totaux et partiels pendant la guerre d'Israël contre l'enclave», indique la même source.

L'analyse s'est appuyée sur des images satellites prises avant l'agression jusqu'au 14 février 2025, en plus des données officielles obtenues auprès du ministère palestinien des Affaires religieuses.

Les images montrent également des enterrements de masse (dans des fosses communes) et des cimetières temporaires ont également été mis en place pour enterrer des milliers de corps de victimes des bombardements sionistes.

Les mises en garde de l'UNICEF

L'UNICEF a affirmé, jeudi, que le blocus israélien «menace les services de santé vitaux pour les enfants, y compris les nouveau-nés, dans la bande de Ghaza». Rosalia Bollen, porte-parole de l'UNICEF, a déclaré que le blocage de l'aide humanitaire, notamment des vaccins et des respirateurs pour les bébés prématurés, « aura des conséquences dévastatrices dans la vie réelle » pour les enfants et leurs parents.

« Si nous ne parvenons pas à mettre cela en place, la vaccination de routine sera interrompue », a-t-elle déclaré. « Les unités néonatales ne pourront pas prendre en charge les bébés prématurés, c'est donc une conséquence réelle à laquelle nous devrons faire face très bientôt si nous ne sommes pas en mesure de reprendre l'acheminement de l'aide humanitaire », a-t-elle ajouté.

Actuellement à Ghaza, Mme Ballen a également déclaré que les fournitures existantes ont déjà été largement distribuées dans toute l'enclave. « Les besoins sont si élevés que nous n'avons pas pu stocker de produits. C'est pourquoi ces dernières restrictions sont si dévastatrices. » « La première phase du cessez-le-feu n'était pas seulement une pause dans les hostilités... c'était vraiment une bouée de sauvetage pour les familles ici », a-t-elle ajouté. « L'ambiance ici est très déprimée ; les familles avec lesquelles je parle sont profondément inquiètes de ce que l'avenir leur réserve », affirme encore la porte-parole de l'UNICEF.

Par ailleurs, les usines de dessalement qui fournissent de l'eau potable à Ghaza et de «nombreuses cuisines communautaires» vont cesser de fonctionner «dans quelques jours» en raison du blocus imposé par l'entité sioniste sur les aides humanitaires dont le carburant et le gaz de cuisson, a déclaré jeudi, le directeur du réseau des ONG palestiniennes, Amjad Shawa, à Al Jazeera.

Des dizaines de cuisines communautaires sont à court de provisions (de gaz de cuisson et de produits alimentaires) et «fermeront bientôt», ce qui fait craindre un «retour de la famine pour des centaines de milliers de Palestiniens à Ghaza», a ajouté Amjad Shawa.

« Ce n'est pas la première fois que nous sommes confrontés à la famine pendant la guerre. Les familles essaient de s'en sortir mais la situation empire», a déclaré Shawa à Al Jazeera depuis la ville de Ghaza. « Nous avons perdu tant d'enfants à cause de la malnutrition et nous espérons ne pas nous retrouver dans une telle situation à nouveau», poursuit l'intervenant.

Abou Obeida: «ce que l'ennemi n'a pas pris par la guerre, il ne le prendra pas par la menace»

Dans une déclaration vidéo diffusée jeudi, le porte-parole des Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Mouvement Hamas, Abou Obeida, a rappelé les principes de la résistance palestinienne sur la question de l'échange des détenus avec l'entité sioniste, soulignant le respect total par le côté palestinien des termes de l'accord de cessez-le-feu, contrairement à l'occupation. «La résistance s'est engagée devant le monde et devant les médiateurs à respecter les termes de l'accord de cessez-le-feu et d'échange de prisonniers à Ghaza», a déclaré Abou Obeida, rappelant que «l'ennemi s'est soustrait à bon nombre de ses obligations, qui constituent des droits fondamentaux pour notre peuple». «Les dirigeants ennemis tentent toujours d'échapper à l'accord dans le but d'obtenir la couverture américaine pour mener une agression contre notre peuple», a-t-il ajouté en évoquant les menaces de Netanyahu de revenir aux bombardements contre Ghaza.

«Les menaces de guerre de l'ennemi ne conduiront pas à la libération de ses prisonniers. Ce que l'ennemi n'a pas pris par la guerre, il ne le prendra pas par la menace et la ruse», indique le porte-parole, confirmant la position déjà annoncée par Al Qassam.

«Nous avertissons les familles des prisonniers de l'occupation que nous disposons à ce jour de preuves de vie pour les détenus encore en vie. Et que toute escalade contre notre peuple entraînera la mort d'un certain nombre de prisonniers ennemis», affirme encore Abou Obeida. «Nous sommes prêts à faire face à toutes les éventualités», a-t-il ajouté. Il rappelle que c'est l'armée sioniste qui est à l'origine de «la mort de ses prisonniers, en plus de leurs souffrances» en raison du «renoncement à l'accord» dans le but «de faire passer les intérêts partisans du premier ministre avant celle des prisonniers».

Cisjordanie occupée : Israël a attaqué 8 mosquées à Naplouse

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a publié, hier, une déclaration condamnant l'assaut contre huit mosquées dans la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

L'armée israélienne a incendié la mosquée Al-Nasr dans la vieille ville, l'un de ses monuments historiques les plus importants, et a empêché les pompiers d'éteindre l'incendie, a rapporté l'agence de presse Wafa.

«Le ministère appelle à une véritable intervention internationale pour protéger notre peuple, sa terre, ses biens et ses lieux saints», a-t-il déclaré.

Les forces d'occupation israéliennes ont attaqué plusieurs mosquées de la vieille ville de Naplouse à l'aube aujourd'hui, empêchant la tenue de la prière de l'aube, et ont arrêté trois Palestiniens lors de leur incursion dans la ville, selon des sources de sécurité palestiniennes et locales.

L'agence Wafa a rapporté que «des véhicules militaires israéliens ont pris d'assaut plusieurs quartiers de la ville de Naplouse, tirant à balles réelles, des grenades assourdissantes et des bombes de gaz toxiques». «Au cours de l'incursion, les soldats d'occupation ont pris d'assaut et fouillé plusieurs mosquées, dont la mosquée Al-Satoon, la mosquée Ajaj, la grande mosquée Salah Al-Din, la mosquée Al-Tina, la mosquée Al-Nasr et la mosquée Al-Beik. Ces mosquées, toutes situées dans la vieille ville, ont été saccagées lors des raids», ajoute Wafa.

Cité par Wafa, le ministère palestinien des waqf et des Affaires religieuses a fermement condamné ces incursions, les qualifiant «d'escalade sans précédent», en particulier en cette période de Ramadhan.

« Cette invasion dangereuse, tant par son ampleur que par son calendrier, est une mesure systématique de l'occupation visant à profaner nos lieux saints », a déclaré le ministère dans un communiqué. « C'est un mépris flagrant des droits de l'homme, en particulier du droit à la liberté de culte, et une provocation envers les sentiments des musulmans du monde entier », a ajouté le ministère tout en appelant «la communauté internationale et les organisations de défense des droits de l'homme à intervenir pour mettre un terme à ces violations, soulignant qu'en plus d'être des lieux de culte, ces mosquées sont des monuments historiques et culturels menacés par l'agression israélienne en cours».