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Blocage total de l'aide humanitaire: De nouveau la menace de famine à Ghaza

par Mohamed Mehdi

Mardi, 44e jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu et 3e jour du blocage total de l'entrée des aides humanitaires, l'armée génocidaire d'Israël continue de violer le cessez-le-feu en ciblant des habitants de Ghaza.

Hier, au moins un martyr et un blessé ont été recensés par des correspondants de différents médias à Ghaza. Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté le martyr d'un Palestinien après avoir été visé par des tirs de l'armée d'occupation à l'est de la ville de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Ghaza.

A l'est de la ville de Rafah, au sud de Ghaza, une jeune fille a été blessée par les balles des forces d'occupation israéliennes dans le quartier d'Al-Jeneina. La chaîne satellitaire Al-Aqsa a rapporté de son côté que des «véhicules de l'occupation tiraient avec des mitrailleuses lourdes sur la frontière nord-est de la ville de Khan Younes, au sud de la bande de Ghaza ».

En outre, le Centre palestinien de l'information (Palinfo) a rapporté que les restes de 40 martyrs ont été déterrés dans un charnier dans la région du projet de Beit Lahia, dans le nord de Ghaza.

Aggravation de la situation humanitaire

Au 3e jour de la fermeture par l'occupation sioniste du terminal de Karam Abu-Salem et le recours continu à la famine comme arme de guerre, la situation humanitaire s'aggrave à Ghaza en ce mois de Ramadan.

L'interdiction d'entrée des aides qui touche également les médicaments et autres fournitures médicales, l'eau potable et le carburant «expose des milliers de malades et de blessés à une mort certaine», a déclaré hier le Bureau des médias du gouvernement de Ghaza.

De son côté, le ministère du Développement social de Ghaza a mis en garde contre le risque d'une nouvelle propagation de la famine du fait que «plus de 2,4 millions de citoyens dépendent de l'aide humanitaire (extérieure) comme unique source», et que «les boulangeries risquent également de s'arrêter en raison du manque de farine et du carburant pour faire fonctionner les fours».

«Plus de 289.824 enfants et 139.764 personnes âgées risquent de mourir de faim et de froid en raison du manque de couvertures, de moyens de chauffage et d'abris».

UNRWA : l'aide humanitaire doit continuer à entrer

Hier, Philippe Lazzarini, Commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a déclaré, sur la plateforme X, que «la décision d'Israël de bloquer l'entrée de l'aide à Ghaza menace la vie des civils épuisés par 16 mois de guerre brutale».

«L'aide humanitaire doit continuer à circuler à une échelle similaire à celle que nous avons vue au cours des six dernières semaines depuis le début du cessez-le-feu, ce qui avait apporté un répit et un soulagement aux personnes dans le besoin», ajoute Lazzarini dans sa publication.

Pour le patron de l'UNRWA, «l'aide humanitaire et les services de base ne sont pas négociables» et «ne doivent jamais être utilisés comme des armes de guerre». Il rappelle que «la grande majorité des habitants de Ghaza dépendent de l'aide pour leur simple survie» et que «l'eau, les hôpitaux, les centres de santé et l'électricité sont essentiels pour compléter l'aide alimentaire de base».

Le porte-parole du SG de l'ONU rejette l'affirmation de Netanyahu sur le vol des aides par le Hamas

Le porte-parole du SG de l'ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré, lundi, que les agences travaillant sur le terrain à Ghaza n'ont pas signalé de vols d'aide humanitaire entrant dans le territoire par le Hamas, comme l'a affirmé Netanyahu, ajoutant que l'aide parvenait effectivement aux gens.

Interrogé sur les déclarations de Netanyahu, Dujarric a déclaré : « Rien de tout cela n'a été rapporté ici par nos collègues sur le terrain. Nous avons vu, depuis le cessez-le-feu, que l'aide circule beaucoup plus librement et plus directement, et nous n'avons pas vu les pillages que nous avions vu avant le cessez-le-feu ».

Pour la nième fois depuis le début du génocide, le criminel Premier ministre israélien a déclaré, lundi, qu'il a pris la décision de bloquer les aides à Ghaza « parce que le Hamas vole les fournitures et empêche les habitants de les obtenir ».

En outre, le porte-parole du SG de l'ONU a mis en garde les « conséquences catastrophiques» d'une reprise des combats à Ghaza pour les civils ainsi que pour les prisonniers israéliens dans l'enclave.

« Nous voulons voir les otages libérés. Nous voulons voir la reprise de l'aide humanitaire », a-t-il déclaré aux journalistes, ajoutant que «deux jours de blocage par Israël de l'aide à Ghaza ont déjà conduit à une énorme flambée des prix des produits de base».

Hamas : la communauté internationale doit demander des comptes aux dirigeants de l'occupation

«En fermant les points de passage de la bande de Ghaza pour le troisième jour consécutif et en empêchant l'entrée de l'aide et des marchandises, l'occupation terroriste persiste à violer l'accord de cessez-le-feu» a déclaré hier le Mouvement Hamas dans un communiqué qui rappelle la qualification de «crime de guerre» la décision sioniste qui «cible des civils innocents et aggrave leurs souffrances humaines pour atteindre des objectifs politiques». «La communauté internationale, les Nations Unies et les organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme doivent prendre des mesures immédiates pour mettre fin à ces violations systématiques et sans précédent du droit international et humanitaire», lit-on dans le communiqué qui appelle à ce que les «dirigeants de l'occupation soient tenus pour responsables en tant que criminels de guerre» et à «imposer l'entrée de l'aide humanitaire et médicale à Ghaza», ainsi que «les équipements de secours et de déblaiement, et les abris».

Concernant le Sommet extraordinaire de la Ligue des Etats arabes, le Hamas affirme «attendre avec impatience un rôle arabe actif qui mettra fin à la tragédie humanitaire causée par l'occupation dans la bande de Ghaza, obligera son gouvernement fasciste à mettre un terme à ses crimes contre les civils sans défense, et fera pression pour ouvrir les points de passage pour acheminer l'aide nécessaire dont notre peuple a besoin pour renforcer sa détermination contrecarrer les plans de l'occupation visant à le déplacer de ses terres».