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![]() ![]() ![]() ![]() De retour
de voyage, toujours en période de vacances scolaires du fait d'une fonction
dans l'Education nationale de mon Algéroise, il faut s'attendre à un avion
assailli par des enfants. C'est l'âge le plus merveilleux et innocent dans une
vie mais pour ceux qui partagent le même avion, le sentiment n'est pas
forcément partagé (bien entendu, seulement à ce moment, puisque l'amour des
enfants est naturel et spontané). Derrière nos sièges, une maman et ses deux
enfants, le papa étant relégué dans l'autre rangée. Jusque-là, rien d'anormal,
la relégation d'un papa est un classique du genre humain.
L'avion décolle et les deux enfants crient leur frayeur, de celles qu'aiment les enfants lorsque le sentiment de peur est mêlé à celui de bonheur. C'était manifestement leur premier voyage, ils allaient à Paris. Les élèves espagnols ayant cinq jours de vacances pendant la période du Carnaval. Les minutes passent, une après l'autre, et rien ne se passe. Nous ne savions pas exactement ce qu'était cette sensation indéfinissable que nos regards croisés semblaient exprimer au même moment par les deux. Puis tout s'est brusquement éclairé ! Je n'ai entendu ni un bavardage bruyant et, surtout, aucun coup de pied sur le dos de mon siège. Vous connaissez, j'en suis certain, ce coup de pied d'un enfant sur le siège qui lui fait face sinon vous n'avez jamais pris l'avion, en tout cas avec des enfants derrière vous. Voilà la raison de notre sensation qui ne s'expliquait pas jusqu'à ce moment. Mais chose encore plus stupéfiante, l'un des enfants, celui du siège près du hublot, n'a cessé de poser des questions à sa maman qui sont d'une maturité d'esprit peu attendue de la part d'un garçon si peu âgé. Non, il ne parlait ni de Disneyland ni d'autres attraits qu'on pourrait deviner. Il n'a pas arrêté de poser des questions sur le sens énigmatique de ce monument d'acier qu'était la Tour Eiffel. Du pourquoi ce musée si connu s'appelait Le Louvre, quelle est l'histoire de France et le nom de son président, pourquoi le Français avait beaucoup de mots communs avec la langue espagnole ? Et ainsi de suite. Cela n'a pas arrêté et je suis resté collé à cette conversation. Pendant la longue descente, il faisait nuit et les premières lumières de la ville se dévoilaient à la sortie des nuages. Où est-elle, où est-elle ? demandait avec impatience ce jeune enfant. Puis subitement, je l'entends dire «la voilà maman, la voilà, la Tour Eiffel, là-bas!». J'aurais tellement aimé à ce moment voir ses yeux qui devaient pétiller de bonheur. «Dis maman, elle n'est pas aussi petite que ça ?» avec le ton de la déception après tant de visions extraordinaires qu'il avait eues en regardant les photos longtemps à l'avance (c'est ce que me dira plus tard la maman). Lorsque nous nous sommes levés, je lui ai confirmé qu'elle était très grande et que son rêve ne sera pas déçu. Comme tous les enfants éduqués, il a rougi et a dit merci en baissant la tête. Lorsque j'ai fait des compliments à la maman et qu'au cours de cette courte conversation, j'ai appris qu'elle était institutrice, je me suis dit quel bonheur d'avoir travaillé si rudement, à mon âge avancé, pour pouvoir baragouiner un peu en espagnol, en tout cas pour une compréhension et une conversation simples. Une maman exerçant la plus belle des professions et un petit garçon qui écoutait certainement tous les jours sa mère lui racontant les merveilles de la connaissance et de la culture. Nous sommes sortis et j'ai vu pour une dernière fois ce petit garçon dans le bus, il tenait sa maman par la main, prêt à vivre de merveilleuses vacances de la période du Carnaval. Ah, j'oubliais, ils ont récupéré le papa qui était submergé par les sacs à prendre. Il faut bien que les papas servent à quelque chose. (Une boutade bien amicale car il n'y a pas d'éducation de ce niveau sans l'amour et les efforts conjoints des deux). |
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