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L'Occident face à Trump: Leçon de sa propre politique ?

par Salah Lakoues

  Le 28 février dernier, lors de la rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale, l'Europe a subi une humiliation retentissante. Fidèle à sa ligne dure, l'ancien président américain a rappelé aux dirigeants européens leur dépendance stratégique vis-à-vis des États-Unis, les mettant face à leur impuissance. Ce moment illustre un retournement ironique : les puissances européennes, qui ont longtemps imposé une relation néocoloniale aux pays africains en niant leur souveraineté, se retrouvent elles-mêmes dominées et méprisées par Washington.

Un Occident habitué à mépriser les autres

Depuis des décennies, les pays européens, et en particulier la France, ont adopté une approche néocoloniale vis-à-vis de l'Afrique, dictant leurs politiques aux États africains sous couvert de partenariats économiques et sécuritaires. Plutôt que de reconnaître leur responsabilité historique dans l'instabilité de nombreux pays africains, ils se positionnent en « donneurs de leçons », imposant des solutions qui ne prennent jamais en compte les réalités locales.

La France, en particulier, illustre parfaitement cette politique de mépris du droit international. Alors qu'elle se présente comme une défenseuse des principes de souveraineté et du respect des frontières, elle soutient activement la colonisation du Sahara occidental par le Maroc, en violation flagrante du droit international. Ce double standard est révélateur : ce que l'Occident reproche à Trump – le mépris du droit international, l'unilatéralisme et l'imposition de rapports de force – est exactement ce qu'il applique lui-même lorsqu'il s'agit de l'Afrique et du monde arabe.

Les résolutions de l'ONU reconnaissent clairement le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, mais la France continue d'empêcher toute solution juste en soutenant le Maroc.

Ce soutien n'est pas motivé par un quelconque respect des principes internationaux, mais par des intérêts stratégiques et économiques. De la même manière que Trump traite ses alliés européens comme des subordonnés, la France traite les nations africaines comme des États clients, devant obéir à ses orientations sous peine de représailles économiques ou politiques.

Trump : Un retour de bâton pour l'Europe

Mais voilà que cette même Europe, qui impose aux autres son mépris des règles, se retrouve aujourd'hui dominée par un dirigeant américain qui applique avec elle les mêmes méthodes. Trump n'a jamais considéré l'Europe comme un partenaire égal. Il impose des sanctions, dicte la politique étrangère et ridiculise les dirigeants européens qui tentent d'avoir une voix indépendante. Lors de sa rencontre avec Zelensky, il a donné un message clair : l'Europe ne compte pas dans les décisions stratégiques des États-Unis.

Cette humiliation rappelle la façon dont la France et d'autres pays européens traitent les nations africaines. Lorsqu'un pays africain cherche à s'affranchir de la tutelle occidentale, il est immédiatement confronté à des pressions diplomatiques, économiques, voire militaires.

L'Algérie, par exemple, qui mène une politique étrangère indépendante et plaide pour un monde multipolaire, est régulièrement ciblée par des campagnes médiatiques hostiles en France.

L'ironie du destin : On récolte ce que l'on sème

L'Europe récolte aujourd'hui ce qu'elle a semé. Après avoir méprisé les nations africaines, soutenu des régimes coloniaux et violé le droit international lorsque cela lui convenait, elle se retrouve à son tour méprisée et instrumentalisée par Washington.

Si l'Occident veut être respecté, il doit d'abord apprendre à respecter les autres. Cela passe par une remise en question profonde de ses politiques néocoloniales, par un respect sincère du droit international – y compris en cessant de soutenir la colonisation du Sahara occidental – et par une véritable coopération avec l'Afrique, basée sur l'égalité et non sur la domination.

Sans ce changement, l'Europe continuera à subir l'arrogance américaine, tout comme elle l'a fait sous Trump. Pendant ce temps, l'Afrique, elle, cherche de nouveaux partenaires et affirme progressivement son autonomie sur la scène internationale. L'histoire montre que l'on ne peut pas mépriser indéfiniment les autres sans finir par être soi-même méprisé.