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![]() ![]() ![]() ![]() Le monde assiste avec stupéfaction au retour du plus
détestable salut du fascisme qui avait dévasté l'Europe dans la première partie
du vingtième siècle. Cela devient une épidémie chez les Trumpistes
qui le font dorénavant sans aucune retenue.
Ce geste est apparu depuis la descente en enfer de ce pays géant qui avait pourtant été l'un des phares de la démocratie dans le monde. Parmi les plus connus des adeptes du trumpisme qui ont fait ce salut, deux se sont particulièrement illustrés. Elon Musk fut le premier, le 20 janvier, jour de la célébration de l'investiture de Donald Trump. Voilà que le 21 février, Steve Bannon, l'ancien fantasque conseiller de Donald Trump, une grande figure de l'extrême droite radicale (le pléonasme s'impose) fait le même geste lors de la convention d'ultra droite, la Conservative Political Action Conference (CPAC). Ce geste est si connu que les opinions fascistes qui l'ont fait naître et les circonstances ne laissent aucun doute sur son caractère volontaire malgré les dénégations des proches d'Elon Musk et de Steve Bannon. D'autant plus que, nous l'avons dit, ce ne sont pas les premiers dans le camp trumpiste à l'avoir fait. Sinon comment expliquer que tout d'un coup, ils se seraient tous mis à la même gestuelle sans que cela puisse être sans rapprochement avec le salut des fascistes italiens et des nazis ? Je dois avouer que je ne connaissais pas cette discipline qu'est la sémiologie du geste, je veux dire d'une manière approfondie. Elle m'avait été expliquée par mon collègue, professeur de sémiologie dans une école supérieure d'arts appliqués. La sémiologie du geste est une approche qui englobe les fonctionnements des signes verbaux au cours d'un acte de communication, en quelque sorte qui en renforce le sens. Effectivement, ce professeur m'avait rappelé ce que nous savons tous, que l'être humain accompagnait toujours son propos par une gestuelle adaptée lorsqu'il voulait ajouter de la profondeur à ses paroles. Nous connaissons ceux de la colère, de l'amour, de la passion, de la joie, de la stupeur et ainsi de suite. Ces gestes ne portent pas toujours la signification qui leur est attribuée mais avec la victoire du trumpisme, il n'y a aucun doute sur celui de la main tendue du fascisme si reconnaissable. Même si nous constatons le retour progressif des idées de la peste noire dans le monde, l'épidémie aux États-Unis confirme et renforce le mouvement d'une manière si forte qu'il bouleverse l'ordre du monde et détruit la longue et difficile construction des démocraties. Nous savons que le geste de la main droite sur le cœur puis le bras qui se tend brusquement avec la paume tournée vers le bas n'est pas une pratique née du nazisme mais héritée du mouvement fasciste de Mussolini. Comme toute doctrine d'ultra droite, le discours populiste consiste à galvaniser les foules par une promesse d'un retour à la gloire passée supposée d'une nation. Pour Mussolini, le rappel de la grande civilisation romaine, pour Trump, le Make America Great Again. Ce geste aurait été, selon la légende, d'abord celui des hommages faits aux armées romaines avant de se transformer en un signe de respect et de soumission au pouvoir. Hitler n'a fait que reprendre ce geste lors de son alliance avec le fascisme de Mussolini. Les mythes sont par définition construits sur une fausse réalité du passé qui est fantasmée. Une foule endoctrinée peut même croire en une origine extraterrestre de la nation si le leader populiste essaie de le leur faire croire. Ce mensonge historique de l'origine du salut, comme bien d'autres, vient du détournement de l'histoire romaine car le geste fasciste, puis nazi, n'a jamais existé comme nous le rappelle l'historien allemand Martin M. Winkler. Il est un mythe reproduit dans beaucoup de représentations culturelles, ce qui en a fait une réalité dans les esprits crédules. Et l'une des œuvres les plus marquantes de cette fantasmagorie est le chef-d'œuvre du peintre David à la fin du XVIIIème siècle, Le serment des Horaces. Trois frères, les Horace, ont été désignés pour vaincre les Curiaces. Tous les trois jurent d'honorer ce serment en levant les épées, avec ce fameux geste devenu celui des fascistes, des armes que leur avait données le père. Pour rajouter à l'intensité de la scène, les femmes pleurent devant cet engagement héroïque pour le bien de la nation. C'est dramatique que ce retour en arrière vers la pire période contemporaine de l'histoire des populismes (ils n'ont jamais disparu mais jusque-là ils n'avaient pas encore une intensité si dangereuse depuis la période trouble). C'est une épidémie mortelle car elle mène toujours au désastre et au néant. Ce populisme prend souvent accroche avec des mouvements inattendus comme ceux négationnistes qui vont jusqu'à dénier la rondeur de la terre, elle serait plate, ou prétendre que le vaccin est un complot pour manipuler les populations au profit des forces occultes des grands intérêts financiers et de pouvoir. On m'a toujours posé la question sur mon entêtement à fustiger les élucubrations des adeptes du complot. Ma réponse est de leur montrer encore une fois où cela mène avec l'exemple du dangereux populisme de Donald Trump qui harangue les foules de ses supporters pour les avertir du danger des ennemis « occultes » (le deep state) de la nation et du monde qui veulent menacer l'Amérique. L'Amérique devient folle, les partisans de Trump partagent cette responsabilité car un fou ne peut créer seul un empire sans être porté par l'adhésion des foules. |
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