On s'est un peu précipité pour voir dans les dernières déclarations d'Emmanuel Macron sur les relations algéro-françaises des signes de pondération. On est allé même jusqu'à conclure que le président français s'est totalement démarqué de son ministre de l'Intérieur en le plaçant en porte à faux avec la nécessité de revenir à la raison.

La conclusion est sans doute trop rapide pour apporter un jugement sur une France à la croisée des chemins, tenaillée par la hantise de perdre ce qui l'a construite et faite. Il fallait bien que Macron tente d'arrondir les ongles car l'histoire du quidam que l'Algérie a refusé de recevoir est devenue une blague de mauvais goût dont le gouvernement français s'est servi avec une malencontreuse outrance.

D'autres autrement plus sérieux remous diplomatiques dans le passé n'avaient pas autant provoqué des comportements aussi teigneux de la part des autorités françaises.

Paris fait avec ce qu'elle a à portée de main. Macron dit qu'il ne plaisante pas avec la sécurité de ses concitoyens. Nul ne peut le lui reprocher. Mais il en parle en rétrécissant le sujet comme s'il reposait uniquement sur les relations franco-algériennes. Curieusement et malheureusement quand ce problème est abordé par les autorités françaises, la focalisation sur les migrants algériens est seule de mise alors que les faits sont en contradiction avec les déductions rapides intentionnellement étalées.

L'état-major du Rassemblement National avec Marine Le Pen à sa tête a fait de cet amalgame son cheval de bataille en dénonçant à cors et à cris les accords de 1968 et en réétalant la mauvaise samba des visas.

De plus, en reconduisant l'actuel ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Bayrou, Macron savait très bien à quoi s'en tenir et il n'est pas dit qu'à ce niveau-là, il est permis de badiner avec les profils. Le deal avec l'extrême droite a été à ce prix. Sauf qu'entre-temps, Retailleau s'est convaincu d'un destin national et dans ce cas de figure tous les coups dans le dos sont permis.