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Sans pareil en Algérie et
bien au-delà, le village scientifique projeté au niveau du grand lac salé
d'Oran -portant le nom de « Dhayet Morsli » dans la toponymie locale des zones humides- est un
projet à la croisée des chemins entre musée-laboratoire grandeur nature et parc
de culture-loisir. Focus sur ce site assez futuriste, sa face non encore
dévoilée comprise.
Depuis son annonce fin 2023 à ce jour par le désormais ex-wali d'Oran Saïd Sayoud, on est resté plutôt dans la communication institutionnelle vague et au compte-gouttes à l'égard de ce dossier. Il y a deux explications possibles à cela. Le wali, qui ne manquait aucune tribune pour se revendiquer franchement ou à demi-mot les droits d'auteur de ce projet qu'il citait toujours parmi la liste des réalisations d'Oran 2021-2024 (comprendre par là : à mettre à son crédit, selon «sa» logique calendaire), n'en donnait que des flashs de temps à autre afin d'entretenir le suspense jusqu'à la levée du voile officielle dans un but d'en maximiser les effets d'image et de sensation au jour J. Mais peut-être, tout simplement, n'en avait-il pas lui-même tous les petits détails, mais seulement l'esquisse, l'ébauche, l'idée matrice, et attendait ce que lui allait proposer au final le maître d'œuvre désigné, à qui on avait donné a priori la plus grande marge de liberté d'initiative dans la conception et la mise en forme des orientations notifiées. Une chose est sûre néanmoins et en attendant d'en connaître un peu plus, on n'en avait jusque-là qu'un grand titre générique (village scientifique) avec quelques sous-titres en guise de pièces éparpillées du puzzle qui, à les prendre séparément, on a cette première impression de contraste ou de discordance, d'incohérence en tout cas. CAHIER DES CHARGES EN DERNIÈRES RETOUCHES Le dernier fait dans l'actualité liée à ce projet, qui en est encore au stade des procédures, une réunion de travail tenue le 15 novembre, présidée par le wali et à laquelle ont pris part le directeur des Travaux publics -en sa qualité de maître d'ouvrage délégué par la wilaya- et le groupement de bureaux d'études chargé pour cette mission. Une séance lors de laquelle le wali a mis l'accent sur la nécessité d'accélérer l'élaboration du cahier des charges afin de lancer les travaux prochainement, durant le premier trimestre 2025, en fait. D'après les informations communiquées par les services de la wilaya au lendemain de cette réunion, l'on saura qu'au titre de la première phase de ce projet, le lac Dhayet Morsli et son proche périmètre seront assainis et son plan d'eau sera désenvasé, ont précisé des services de la wilaya d'Oran. La deuxième phase portera, quant à elle, sur l'aménagement d'espaces verts, la réalisation de zones de repos et d'installations pour la pratique sportive, de parcours de promenade et d'infrastructures commerciales, en plus de cinq bâtiments. D'autre part et selon une source proche du dossier, lors de cette même réunion wali-DTP-BET, le premier responsable de la wilaya a instruit le directeur des Travaux publics de finaliser dans les plus brefs délais le cahier des charges, lequel document a pour but principal d'élaborer un état quantitatif des différents lots de travaux et d'en estimer les coûts financiers (devis détaillé). Il faut savoir que les travaux de dépollution des eaux de la Sebkha, confiés à la direction de l'Hydraulique, font partie de la même étude et sont donc concernés par le même cahier des charges. Il est question de stopper en priorité et en urgence le déversement des eaux usées dans ce lac par le déplacement des réseaux d'assainissement vers la STEP d'El-Kerma via la station de relevage d'El-Bahia. UNE BATTERIE DE TERRAINS ET DES CRITÈRES DE CHOIX Près d'un tiers de la superficie de la zone au niveau de la Sebkha d'Oran sera réservé à des investissements publics-privés en dehors du futur village scientifique, l'élément central et structurant du projet d'ingénierie écologique, d'aménagement et de mise en valeur de cette zone humide. Bien qu'il représente la structure principale du plan d'aménagement global du périmètre, le village scientifique en stade d'étude n'est pas le seul et unique compartiment du master-plan. Une bonne partie du sol attenant au lac salé sera exploitée en tant qu'une batterie de terrains à mettre en concession au profit des investisseurs porteurs de projets qui soient en concordance et en harmonie avec la thématique générale du site. D'où un ensemble de critères particulièrement exigeants et sélectifs dans le dispositif d'approbation des projets d'investissement convoitant ce site. Inscrit au titre de l'année 2024, le projet est en phase d'élaboration du cahier des charges après la finalisation de l'étude, et ce en vue de sa budgétisation et le lancement des procédures de marché. Le futur village scientifique sera mis à la disposition de l'Université d'Oran, dès son entrée en exploitation. Les travaux projetés porteront notamment sur la réalisation d'espaces verts, d'aires de détente et d'autres réservées à la pratique sportive, des structures commerciales, ainsi que 5 bâtiments devant être dédiés à diverses activités. Le futur village scientifique, dont la conception est inspirée du patrimoine architectural de la capitale de l'Ouest, sera le premier du genre à l'échelle nationale. Dès son entrée en matière, il constituera un espace supplémentaire de loisirs et de détente pour les familles oranaises et les visiteurs. LES PIÈCES DU PUZZLE QUI ÉTAIENT «CACHÉES» Le Quotidien d'Oran vient d'apprendre par ailleurs qu'une grande salle de cinéma de dernière génération de type Imax est également projetée sur le site. La technologie Imax est une expérience totalement immersive, qui fait oublier aux spectateurs les limites de l'écran pour les plonger au cœur du film. Image, son et confort exceptionnel : cette salle Imax du complexe de la Sebkha a été pensée pour offrir aux spectateurs une expérience spectaculaire. Un zoo fait également partie du master-plan de ce village scientifique. Lieu de détente et de divertissement destiné à un large public, ce parc zoologique aura aussi pour rôle de transmettre aux visiteurs un maximum de connaissances, en matière de sciences naturelles et de conservation de la nature. Des animaux originaires des cinq continents y seront disponibles pour susciter l'intérêt maximal du public. Dans le même ordre d'idées, un jardin botanique sera aménagé. Outre son rôle de lieu touristique axé sur la thématique végétale (les plantes, les paysages, les parcs, les jardins, les événements festifs, les salons professionnels et congrès sur le thème du végétal...), ce jardin aura à remplir une triple mission : la recherche fondamentale sur les plantes indépendamment de leur utilité, l'enseignement et l'éducation du public et la conservation du patrimoine végétal. Il faut signaler que dans le cadre du suivi des travaux d'aménagement de ce lac, une délégation du ministère de l'Intérieur s'est déplacée à plusieurs reprises pour un constat de visu de l'avancement des travaux. Selon nos sources, ces travaux sont en partie pris en charge par un investisseur privé. Outre l'apport financier accordé par le ministère de l'Environnement, la wilaya d'Oran a contribué à la réhabilitation de cette zone humide après le déblocage d'une enveloppe de 150 millions de DA par le ministère de l'Environnement. ENFIN UN TRUC SÉRIEUX !... ET ORIGINAL DE PLUS En moyenne tous les cinq ans les walis qui se sont succédé à Oran ont évoqué le site de la Sebkha et la nécessité de le prendre en charge de manière durable et efficace. Des projets ont été annoncés et même des opérations de connexions des déversements d'eau usées vers le réseau principal menant aux stations de traitement auraient été réalisées. C'est ce qui était en tout cas affirmé par d'anciens gestionnaires du secteur. Des discours le plus souvent démentis aujourd'hui par l'état des lieux de la zone humide toujours livrée à la pollution et au dépérissement. Ce n'est que depuis presque une année que le wali (sortant) Saïd Sayoud a ordonné une nouvelle prise en charge de ce dossier en annonçant en décembre 2023 le futur lancement (début 2025) sur le site de travaux de construction d'un village scientifique, axe central d'un vaste projet d'aménagement écologique, paysager, culturel et social permettant la mise en valeur et l'intégration de la vieille Sebkha au tissu urbain de la cité. Fin 2016, on s'en souvient, on levait un coin du voile sur un projet algéro-turc très ambitieux : un pôle touristique à hauteur de la zone humide appelée « Lac de Dhayat Morsli » plus connue sous l'appellation de Petit-Lac. Objet d'innombrables études, plus proches de l'académique que du rationaliste, ce périmètre périurbain, mis à mal par son surnom de Sebkha et l'exutoire d'eaux usées d'à-côté, était promis à un bel avenir, à en juger de la bande d'annonce présentée, à grand renfort médiatique, par un architecte libanais aux cheveux longs, lors d'un workshop en novembre 2016, à la salle de conférence de la Mosquée de Abdelhamid Ben Badis. Après les effets d'annonce, plus rien. Aujourd'hui, on reprend la même idée de fond, et on part sur une base solide, mais surtout un projet réalisable. Financièrement parlant, au premier chef. L'idée de fond ? ON REPREND LA MÊME IDÉE DE FOND ET ON REPART SUR UNE BASE SOLIDE Jusque-là, Oran tourne le dos à ce lac salé. C'est peu dire, en fait. Non seulement la ville tournait le dos, jusque-là, à ce bassin occupant le fond d'une dépression à forte salinité, mais elle était complexée, obnubilée, par son existence, par sa mitoyenneté avec son corps urbain. Comme si ce pan de la nature était un greffon indésirable dont se défendait l'organisme en le rejetant, le rendant du coup inapte à remplir sa fonction. Et il faut, dans le cas de Petit-Lac, prendre le mot rejet dans son sens «hydraulique»: déversement, écoulement, évacuation des eaux usées (ménagères comme industrielles). Bref, mal loti, victime de son existence à l'orée d'une cité en panne d'imagination, mordant sa propre queue, ne voyant pas plus loin que le bout de son nez, Petit-Lac -l'étendue d'eau et non le secteur urbain s'entend- était rejeté, banni, laissé pour compte. Un no man's land. La ville n'osait pas s'approcher d'un iota de ce terrain inconstructible, marécageux, bourbeux, sale et salé, d'air irrespirable. Tout comme la Mactaâ, le lac Télamine, les Salines d'Arzew et Oum Ghellaz, ce site n'avait droit de cité qu'un jour par an, le 2 février, à l'occasion de la célébration à très petite échelle de la Journée planétaire des zones humides, où l'on emmène rituellement des écoliers en excursion pédagogique, sous l'œil veillant des gardes forestiers, pour leur expliquer, sur pièce, la convention de Ramsar. Avec le mince espoir de repérer dans les parages quelques flamants roses, canards sauteurs et autres anatidés, histoire de sortir un peu du stéréotype des exposés à la Wikipédia. Rien que pour avoir osé déplacer la ligne des faux interdits, casser ce tabou vieux de 62 ans qui consiste à «sacraliser» le lieu dans les tribunes officielles et s'en servir de déversoir derrière le rideau, défaire cet ennuyeux complexe de zone intouchable sous prétexte, plutôt drôle, de zone humide classée Ramsar, lequel prenait en otage la ville et l'amputait de sa jambe saine, rien que pour cela, le projet conçu par les pouvoirs publics locaux mérite d'être salué. A la croisée des chemins, entre village scientifique, musée-labo grandeur nature et parc de loisirs, ce futur site aborde la science sous le prisme du divertissement, avec pour vocation de rechercher, d'instruire, d'étonner, de s'amuser, tout en se cultivant, au travers de moyens immersifs et innovants, comme la réalité virtuelle, le vidéo mapping ou de présentations multisensorielles et émotionnelles. |
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