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Vers une nouvelle ère politique

par Mustapha AGGOUN

La révision de la loi sur les partis politiques, annoncée par le président Abdelmadjid Tebboune, constitue un tournant décisif dans l'évolution du paysage politique algérien. Réaffirmée en août 2023 et peu après son investiture pour un second mandat, cette initiative ambitieuse cherche non seulement à moderniser le cadre législatif des partis, mais surtout à le rendre plus adapté aux défis actuels. En mettant au centre de cette réforme une large consultation des acteurs concernés, le président Tebboune montre une volonté ferme de bâtir une vie politique plus ouverte et plus dynamique.

Toutefois, cette liberté de définir des programmes politiques ne saurait se faire sans deux fondements essentiels : l'unité nationale, pilier de notre cohésion, et le respect indéfectible des principes de la Proclamation du 1er Novembre 1954, qui incarne l'aspiration profonde à un État démocratique et social. Cette réforme est, sans conteste, un appel à un renouveau politique, ancré dans les valeurs historiques et tourné vers l'avenir.

La révision de cette loi intervient dans un contexte où une partie des partis politiques est accusée de se concentrer sur des cercles restreints, souvent éloignés des préoccupations réelles des citoyens. Certains sièges de partis sont critiqués pour leur proximité avec les ambassades et les salons diplomatiques, plutôt que pour leur ancrage sur le terrain, où l'action militante est cruciale pour revitaliser la vie politique. Cette inertie a généré un fossé entre la classe politique et les électeurs, affaiblissant la confiance dans les institutions. Le président Tebboune appelle ainsi à un renouvellement des méthodes de travail partisanes, visant une plus grande mobilisation populaire et une efficacité accrue dans l'action politique.

Cette révision est accueillie favorablement par les acteurs politiques, qui reconnaissent que la loi de 2011, bien que novatrice à son époque, contient désormais des lacunes qui limitent le plein essor du pluralisme et de la démocratie en Algérie. La nécessité d'une refonte législative s'impose pour corriger ces manques et proposer une loi «générale et complète», comme le souhaitent de nombreux responsables politiques. Cette nouvelle législation devrait contribuer à garantir une meilleure indépendance des partis, tout en les outillant pour assumer leur rôle constitutionnel.

L'une des priorités évoquées par les partis est de renforcer le pluralisme et d'assurer une liberté politique authentique. La révision de la loi devrait favoriser une compétition politique plus transparente et loyale, en veillant à organiser un véritable débat d'idées, essentiel pour la recherche de solutions aux préoccupations du citoyen. Dans une démocratie fonctionnelle, les partis politiques jouent un rôle fondamental en structurant la vie publique. Ils permettent aux citoyens d'exprimer leurs choix en toute liberté, contribuant à la représentation de la diversité d'opinions au sein de la société. Pour que cette dynamique se développe pleinement, il est nécessaire que ces organisations jouissent d'une autonomie réelle, loin de toute subordination ou instrumentalisation.

Un assainissement du paysage politique est crucial. L'existence de partis microscopiques ou de formations qui n'existent que lors des périodes électorales témoigne d'un dysfonctionnement. De nombreux responsables politiques pointent du doigt ces «coquilles vides», dépourvues de base militante, qui surgissent uniquement pour profiter des échéances électorales. La nouvelle loi devra se pencher sur cette réalité, en clarifiant les conditions d'existence et de fonctionnement des partis afin d'éviter ces dérives. L'objectif est de favoriser un environnement politique où seules les organisations capables de structurer un véritable projet politique, avec un ancrage dans la société, pourront prospérer.

En somme, cette réforme de la loi sur les partis doit aller au-delà d'une simple mise à jour technique. Elle doit permettre de repenser en profondeur le rôle des partis dans la vie politique algérienne, de garantir une meilleure représentativité des citoyens, et de restaurer la confiance dans le multipartisme. Si la loi aboutit à la levée des contraintes pesant sur l'exercice politique et qu'elle assure un pluralisme effectif, elle pourrait marquer un tournant dans la consolidation de la démocratie en Algérie.