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Il n'y a
aucun doute que la politique actuelle d'Israël est d'une barbarie innommable
envers la population palestinienne. Une revendication du droit de se défendre
au nom d'un acte de propriété territorial colonial dénoncé par toutes les
résolutions internationales.
Il faut rappeler aux plus jeunes lecteurs que l'État d'Israël fut fondé à partir de deux doctrines opposées sur la revendication des juifs pour la colonisation d'un territoire. Elles sont depuis le début en contradiction l'une de l'autre mais les deux se rejoignent pour l'injustice envers le peuple palestinien. Reprenons l'histoire d'une manière très courte et simplifiée. La mauvaise conscience européenne s'était déjà manifestée par la déclaration de Balfour en 1917, ministre des Affaires étrangères britannique, sous forme d'une lettre adressée à Lord Rothschild. Elle lui communiquait l'accord du gouvernement en faveur de l'établissement du foyer national juif en Palestine revendiqué par le mouvement sioniste. On connaît la suite, la mauvaise conscience allait être considérablement renforcée après les conséquences de la seconde guerre mondiale, ce qui devait être un foyer national juif devint la création d'un État en 1947, celui d'Israël. La création d'Israël n'avait pourtant pas fait l'unanimité dans la communauté juive. Il y eut une opposition entre deux approches de colonisation des terres palestiniennes. Comme à mon habitude dans mes chroniques il ne s'agit pas de présenter un traité d'histoire mais juste rappeler ce que sont les deux doctrines opposées. Toutes les deux relèvent pourtant de la même origine, le souhait de la création d'un «Juif nouveau» qui serait définitivement libéré de l'image qu'il supportait depuis des temps anciens dans l'histoire. L'objectif du renouveau trouvait au départ un consensus qu'il devait en avoir la dimension du rêve bimillénaire du peuple juif, celui du retour de la diaspora sur le territoire de la Palestine. Mais comme nous venons de le préciser, la conception de la nature de ce territoire a, dès l'origine, engendré deux doctrines radicalement opposées. La doctrine sioniste estimait que ce territoire ne pouvait se concrétiser autrement que par la création d'un État juif. Celle des juifs orthodoxes (haredim en hébreu) est qu'un État juif ne pouvait exister selon leur interprétation biblique. Dans ce drame palestinien se cache donc une situation très étonnante. Si la chose n'était pas éminemment grave nous nous risquerions à la qualifier de burlesque. Les ultra-orthodoxes juifs farouchement opposés au sionisme, ce n'est pourtant pas une plaisanterie. Les haredim refusent de sacraliser l'État d'Israël en le liant à la destinée du peuple juif. Pour eux, il n'existera que lorsque le Messie viendra et sa gouvernance sera établie par les lois de la Torah. Nous savons que la communauté juive n'avait jamais reconnu Jésus, l'un des leurs, comme le Messie attendu. La revendication sioniste est pour eux un blasphème. Résumons cette histoire, des sionistes qui chassent les Palestiniens pour la création d'un État et des juifs extrémistes qui s'opposent à l'existence de cet État tout en refusant la présence des Palestiniens. Et dans cette situation, nous avons les ultra-orthodoxes qui font partie d'un gouvernement sioniste dont ils contestent la légitimité à exister. Mais plus cocasse, ils font faire le sale boulot aux enfants des blasphémateurs en ne se risquant surtout pas aux combats afin qu'ils puissent étudier la Torah. En fin de compte, ils refusent l'État en lui demandant de les maintenir dans leurs droits de colons. En définitive les deux doctrines opposées trouvent un accord très solide pour l'exclusion des Palestiniens de leur terre légitime et de leurs droits. Les juifs orthodoxes ne reconnaissent donc pas l'État mais estiment que le territoire palestinien est une attribution divine et qu'ils en sont les propriétaires historiques. Quelle que soit la vérité propre de l'une ou l'autre des doctrines, les Palestiniens souffrent d'une même réalité, la colonisation de leur territoire et de leur statut de peuple soumis. Qu'on appelle ce territoire un État ou une terre promise, il est celui des Palestiniens et finira par l'être un jour ou l'autre dans la plénitude de ses droits. Des accords ont été signés pour l'existence de deux États et n'ont jamais été respectés par Israël qui a toujours refusé d'évacuer les terres colonisées afin que les Palestiniens en retrouvent au moins un. Une injustice que ces derniers avaient pourtant acceptée pour le gain d'une paix et d'un État qui serait enfin le leur. Si le drame et l'horreur continuent, l'histoire en arrivera inéluctablement, comme elle l'a toujours fait, à imposer aux deux doctrines la contrainte d'un départ de la terre colonisée afin de régler leur conflit idéologique là où il est né, hors de la terre palestinienne. |
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