La perfection n'est pas encore atteinte, mais un remarquable mieux est constaté dans les relations entre l'administration algérienne et les administrés. Une large bouffée d'oxygène baigne les offices et les représentations institutionnelles et mérite d'être signalée. Une satisfaction nouvelle vient depuis quelque temps effacer les vieilles tracasseries vécues par les citoyens dans leurs démarches administratives pour démontrer que l'enfer des guichets commence peu à peu à s'atténuer.

Le mérite est d'abord à attribuer au personnel féminin, présent en force derrière les bureaux qui fait preuve d'une douceur manifeste et d'une réception avenante à l'adresse des quêteurs de documents qui leur sont nécessaires. La formation et la qualité du personnel y est certainement un facteur inducteur dans une large mesure.

Le sens du droit et du respect est indéniablement anobli. Cette richesse nouvelle est une discrète participation à l'éducation à la citoyenneté et une heureuse initiation à la sérénité et à la concorde nationale. Elle n'est pas anodine et son importance dépasse de loin le renforcement de la civilité car elle réconcilie les citoyens avec leur État.

Les méfaits de la bureaucratie n'ont évidemment pas disparu. Mais son plafond de verre est sérieusement lézardé et fêlé. Les efforts des autorités pour normaliser et moderniser l'administration algérienne ont eu des résultats probants. Il est probable que l'idéal tarde encore à parachever la disparition d'un des principaux maux du pays duquel est née la petite et la grande bureaucratie. Sa lenteur, cependant, n'obéit pas seulement à l'indolence ou la perversité caractéristique d'acteurs bureaucratiques. Elle répond aussi à la représentation brouillée d'une partie de la population souvent ignorante, affaiblie par l'incapacité de s'adapter à la réglementation et aux outils récents de la communication. Elle est due aussi à la difficulté pour la vieille génération, parfois analphabète de suivre l'évolution et l'emprise des moyens techniques des échanges modernes.

Toutefois le sourire et la correction sont semés de mieux en mieux derrière et devant les bureaux pour se nourrir d'un peu de satisfaction.