|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Il y a là
une question existentielle. Est-ce que c'est l'auteur qui donne de l'éclat à
une maison d'édition ou c'est elle qui le sort de l'anonymat pour le placer
dans la case de la notoriété ?
Tous les grands auteurs s'éditent chez les «grandes» marques d'édition. Et vice-versa. Ça reste un cercle fermé. Encore que chez nous, le paradoxe est substantiel. L'on tient à dire chez quelques boîtes ayant quand bien même une place dans l'univers de l'édition nationale, que l'on doit étudier le projet, qu'il faut attendre un peu, que ça nécessite un grand travail, pour finalement dire en silence que l'on n'édite pas n'importe qui. Alors que tous ces auteurs que l'on prend pour «grands» étaient-ils au début des «n'importe qui» ? Et c'est là où la cupidité se mêle à la rançon de la gloire. L'éditeur est dans son droit de chercher en priorité l'aspect commercial. Et il n'est en quête que de cela, en partie. Il ne prend que rarement le risque de publier un nom peu connu, oubliant que pour être connu il faudrait avoir été déjà publié. Un autre cercle vicieux interminable. Mais une maison qui n'a pas de machine médiatico-relationnelle à faire hisser ses publications, à provoquer l'engouement, à créer le buzz livresque, à faire du bruit, à jouir d'un réseau de distribution performant, c'est comme une équipe de football qui malgré la disponibilité de joueurs de talent n'arrive pas à gagner un match. C'est donc une question de coaching. Le SILA reste la vitrine exemplaire de cette complexité. Certaines maisons ont de grands stands superbement aménagés et dans le pavillon central, d'autres, juste un réduit, une étagère, une table et en extra centralité. Question de faux prestige pour les uns, une affaire de vraie incapacité locative pour les autres. Néanmoins, dans aucune d'elles on ne trouve des lecteurs déterminés et patients faire la chaîne pour une dédicace d'auteurs qui en fait ne font que croiser les bras. Le plus chanceux ne dépassera pas la douzaine, plus ou moins. Contrairement à cet auteur saoudien où un service d'ordre spécial devait être mis en place pour juguler la masse humaine qui déferle sur sa maison d'édition. Ce qui manque aux nôtres, tout statut confondu, c'est cette perspective d'accompagnement personnalisé, cette stratégie de faire émerger leurs auteurs bien avant de les mettre devant une table de signature et attendre que le hasard fasse le reste. Se contenir dans un post sur une page Facebook qui n'engrange que quelques likes et peu de followers n'est pas du professionnalisme. Autre chose, le prix de vente est devenu un empêchement majeur pour acquérir un livre. Exorbitant, il fait fuir les plus assidus des bibliophiles, qui ne font que lorgner les titres ou se rabattent sur la version en ligne, le cas échéant. A la décharge de ces «imprimo-vendeurs» de livres, le ministère de la Culture doit intervenir pour instituer un soutien de prix. Comme le pain, le lait et le café, le livre n'est-il pas la nourriture de l'esprit ? A leur charge d'assurer une égalité dans la publication, sans critères de région, de locution, ou de copinage, tant pour les éditions privées ou publiques. |