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Un timing pas fortuit

par Abdelkrim Zerzouri

Quelles sont les conséquences du retrait du Qatar du cercle de la médiation entre le Ha mas et Israël ? Aux côtés des Américains et des Egyptiens, les Qataris ont manœuvré durant plusieurs mois pour obtenir un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, avec d'autres objectifs qui en découleraient, notamment la libération des Israéliens détenus par le Hamas contre la libération de prisonniers palestiniens détenus dans les geôles israéliennes. Sans aucun résultat. Et, c'est ce résultat infructueux qui a poussé les Qataris à retirer leur médiation entre les parties en conflit. Une position attendue, car le Qatar a prévenu les concernés lors de récentes rencontres que s'ils ne parviennent pas à un accord sa médiation serait suspendue, et que le Qatar ne reviendra à la table des négociations qu'une fois les preuves de volonté et de sérieux assumés par les deux parties en vue de mettre fin aux hostilités, selon un communiqué du porte-parole des Affaires étrangères qatari, Majed Al Ansari.

Une décision qui lève une partie du voile qui couvrait ces négociations pour révéler le manque de sérieux et d'une volonté réelle pour aboutir à un cessez-le-feu à Ghaza. Le Qatar, faut-il le souligner, n'impute pas l'échec des négociations au Hamas ou aux Israéliens, qui se jettent la balle à propos des blocages qui caractérisent les négociations, mettant les deux parties ensemble devant leurs responsabilités. Est-ce que cela va influer sur le cours de ces négociations, et pousser les deux parties à s'engager sérieusement et d'une manière effective dans la voie du cessez-le-feu, ou enfoncer davantage le conflit dans les horreurs du génocide commis contre les Palestiniens ? Et quelle serait la réaction des deux autres médiateurs après le retrait des qataris ? Inévitablement, des changements sont attendus, vu le rôle de médiation important joué par le Qatar, où le Hamas possède un siège qui accueille ses représentants. Aussi, si le Qatar affirme que les négociations entre les deux parties ne sont pas empreintes de sérieux, les deux autres pays ne peuvent pas dire le contraire. Le seul fait nouveau dans cette équation reste l'élection de Donald Trump. Ce dernier a promis durant sa campagne électorale qu'en sus du règlement du conflit ukrainien, il apportera la paix dans la région du Moyen-Orient. Si les Etats-Unis peuvent amener le gouvernement Netanyahu à prendre au sérieux ces négociations et stopper les attaques contre Ghaza et le Liban, la mission ne sera que plus facile pour les deux autres médiateurs, en l'occurrence l'Egypte et le Qatar, qui peuvent de leur côté convaincre le Hamas de suivre la voie du cessez-le-feu et libérer les otages israéliens. Notons que cette question des Israéliens détenus par le Hamas focalise l'opinion et reste une source de colère des Israéliens contre le gouvernement Netanyahu et un poids très lourd à porter pour les Américains et les Européens qui subissent des pressions de leurs citoyens juifs et pro-juifs. Le timing de la décision du Qatar n'est certainement pas fortuit.