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Depuis la
Déclaration Balfour de 1917, adressée par le ministre britannique des Affaires
étrangères à Lord Rothschild, la question palestinienne est marquée par une
série de manœuvres politiques et idéologiques orchestrées pour établir un foyer
national juif en Palestine. Cette lettre engageait le gouvernement britannique
à soutenir l'installation de ce foyer en terre palestinienne, tout en
négligeant délibérément les droits historiques et légitimes de la population
arabe palestinienne, autochtone de cette région depuis des millénaires. Cet
acte fut le point de départ d'une entreprise méthodique visant à redéfinir
l'histoire et à effacer les traces matérielles qui témoignent de l'ancienneté
de la présence palestinienne sur cette terre. Le 29 novembre 1947, le plan de
partage de la Palestine, élaboré par le Comité spécial des Nations unies, tenta
d'entériner cette vision, octroyant aux sionistes un droit de possession
légitimé par les instances internationales. Ce projet s'inscrivait dans une
logique de réécriture historique, appuyée par des stratégies visant à détruire
les vestiges palestiniens pour donner l'illusion que cette terre n'avait jamais
appartenu à ses habitants originels.
L'effacement de ces traces ne représente pas seulement une atteinte à la mémoire collective, mais aussi une tentative de priver le peuple palestinien de son identité historique, en rejetant l'idée qu'ils soient les descendants des Cananéens, premiers occupants de cette terre. Paradoxalement, certains intellectuels et politiques arabes semblent, aujourd'hui, prêter main-forte à cette entreprise de falsification, adoptant une posture qui crédibilise les thèses sionistes. Ils se retrouvent à légitimer les récits contraires aux intérêts et à la mémoire historique de la région, participant ainsi à une narrative qui affaiblit la cause palestinienne. L'exemple du livre *L'Algérie juive* de l'auteure Hedia Bensahli incarne tristement ce zèle de quelques intellectuels arabes pour redéfinir l'histoire nationale en faveur d'une thèse controversée. Dans cet ouvrage, Bensahli développe l'idée que la présence juive en Algérie remonterait à des milliers d'années, bien avant l'expansion islamique, suggérant ainsi une continuité historique qui semble en décalage avec la réalité culturelle et historique de l'Algérie. Ces affirmations, au-delà de la simple analyse historique, servent à légitimer indirectement une vision idéologique qui pourrait être exploitée pour alimenter des revendications territoriales. À l'heure où le régime marocain pousse cette logique jusqu'à l'absurde en expropriant des Marocains sous prétexte que leurs terres et biens immobiliers auraient appartenu autrefois à des familles juives, il est alarmant de constater que des voix arabes choisissent d'apporter un crédit à cette relecture historique. La coopération de certains intellectuels avec ces thèses témoigne d'une rupture profonde avec le devoir de défendre la vérité historique et les droits des peuples arabes sur leurs terres. Cette collaboration, volontaire ou inconsciente, pose la question de la responsabilité morale et intellectuelle de chacun face à une histoire si chargée de luttes et de souffrances. En apportant une légitimité à ces récits déviants, ces intellectuels trahissent non seulement l'histoire de leurs propres pays, mais contribuent également à une entreprise globale de fragmentation et de division au sein du monde arabe. Face à cette vague de réécriture de l'Histoire, il est plus que jamais nécessaire, pour les nations et les intellectuels arabes, de défendre la mémoire collective et de s'opposer aux manœuvres qui cherchent à effacer les traces d'une identité millénaire, ancrée dans la terre palestinienne comme dans l'ensemble du monde arabe. |