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Si Valence devait se raconter

par Abdou BENABBOU

A voir un roi et une reine salis par des jets de boue et cibles de la colère de leurs sujets, il y a là presque un spectacle d'un détrônement. Mal leur en prit en voulant témoigner leur solidarité à une population terrassée par une catastrophe naturelle. Les remous actuels de la nature et les catastrophes qu'elle inflige abattent les rois et rabaissent l'intelligence et le savoir des hommes à leur basse expression.

La nature ne cesse pas de renforcer son dictat pour certifier son couronnement. Elle n'arrête pas d'élargir le terrain des drames pour que le tsunami multiplie ses faces et ne soit plus du ressort des mers et des océans. La belle ville espagnole de Valence, hier capitale touristique fortement captivante et sa région vivent un épisode terrifiant de science-fiction et se sont livrées corps et âme à de tragiques inondations, comme s'y sont soumises d'autres régions du monde. Il y a eu pire ailleurs pour dévoiler la nudité des âmes ramenant les êtres à leurs profils d'électrons, otages de la fatalité. Reine de la vie et de la survie, la fatalité réclame sans relâche qu'elle est éternelle.

Encore une fois on accuse les gouvernants pour ne pas s'être élevés au niveau d'un dramatique impondérable avec ses plus de 200 morts. On refuse d'admettre que la folie de la nature se moque de la prévention et que sa force rit au nez des précautions savantes. On se remet alors à formuler des sempiternelles recettes pour restructurer le monde en s'étalant sur les nécessités et les obligatoires règles urbanistiques et pour garder un bon œil sur la couche d'ozone. La maladresse est que l'on accuse le dérèglement de l'espèce humaine avant celui du climat avec la conviction que l'existence est un droit et non une faveur. On oublie que les ères géologiques se succèdent sans se ressembler pour que l'homme demeure dans une éternelle recherche dans l'immense puzzle de la nature.